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[Musique] Rock et agroécologie avec The Inspector Cluzo


Mathieu Jourdain et Laurent Lacrouts ont acheté la ferme Lou Casse en 2013. Depuis, ils créent des ponts entre leurs deux activités, agricole et musicale. (Photo : philippe salvat)

Rockeurs français à l’aura internationale, des États-Unis au Japon, les deux membres du groupe The Inspector Cluzo luttent aussi pour l’agroécologie, depuis leur ferme des Landes.

Applaudissez les agriculteurs, ils vous nourrissent» : voici ce qu’on entend sur scène entre les chansons de The Inspector Cluzo, artisans d’un rock fiévreux et fermiers professionnels, partisans de l’agroécologie. En concert, il y a donc Laurent Lacrouts (guitare et chant) et Mathieu Jourdain à la batterie, instrument qu’il cède parfois le temps d’une date exceptionnelle à Philippe Etchebest, célèbre chef cuisinier et batteur amateur, comme ce fut le cas, il y a deux ans, aux Eurockéennes de Belfort. Dans sa formation habituelle, la paire a fait plus de 1 200 dates dans plus de 65 pays depuis sa formation, en 2008, année de sortie d’un album homonyme désormais culte.

Les deux hommes, bientôt quinquagénaires, ont une belle aura aux États-Unis, où ils ont notamment assuré la première partie des icônes du punk hardcore Suicidal Tendencies. La paire a même ses entrées dans des studios d’enregistrement à Nashville, Tennessee. Et, depuis dix ans, ils sont également agriculteurs et paysans dans la ferme Lou Casse («le chêne», en gascon), près de Mont-de-Marsan, dans les Landes. À la fin de leurs concerts, le public peut acheter un vinyle ou un confit d’oie.

«Heureusement qu’il y a l’agriculture, on adore la scène, faire des disques, mais pas l’industrialisation actuelle de la musique», expose Laurent Lacrouts, en marge du passage du duo au festival Paris Paradis, qui s’est tenu ce week-end dans la capitale française. «Et la ferme est prioritaire à cause du réchauffement climatique», ajoute celui qui a rencontré son comparse au lycée, avant de suivre tous deux des études de physique fondamentale. Grand fan de rugby (comme son compère batteur), Laurent Lacrouts ose la métaphore sportive : «Par rapport à l’environnement, quand t’es agriculteur, t’es dans le ruck, alors que le milieu de la musique regarde ça des tribunes», cingle-t-il.

On a une façon de résister qui est différente de celle d’autres militants

«On est passés récemment dans un festival qu’on aime bien, qui représentait 3 500 tonnes de carbone, alors que nous, on se fixe entre 15 et 30 tonnes par an pour nos activités.» «On croit beaucoup à la compensation, plus qu’à la culpabilisation. Un aller-retour en avion à New York, c’est une tonne par personne. On peut se le permettre à deux : dans notre ferme, on utilise des engrais verts», déroule-t-il, intarissable. Sans oublier de saluer sa femme, Nathalie, et les anciens agriculteurs qui font tourner la ferme quand le duo est sur les routes.

Le neuvième album studio de The Inspector Cluzo, Horizon, paru en janvier, met en riffs leur vie et leur philosophie. Les titres parlent d’eux-mêmes, comme Act Local Think Global, ou encore Running a Family Farm Is More Rock Than Playing Rock’n’Roll Music. Wolves at the Door («les loups à la porte») raconte un épisode marquant. Les fermiers de Lou Casse ont refusé que leur élevage d’oies soit abattu lors d’un épisode de grippe aviaire affectant un bâtiment agro-industriel installé près de chez eux et contre lequel ils avaient mis en garde les autorités sanitaires. L’équipe de Lou Casse a eu gain de cause.

Jean-Luc Guérin, professeur de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, a établi que leurs oies grises des Landes, en voie de disparition, étaient saines. Le groupe cite son nom en concert. «Attention, on n’est pas en guerre contre l’agro-industrie, on a une façon de résister qui est différente de celle d’autres militants, on est dans le « faire ». Dans l’agroindustrie, eux aussi bossent et ce sont des victimes d’un système qu’il faut plutôt aider», insiste le chanteur. La première partie de leur série de quatre concerts à Paris, à La Maroquinerie, prévus pour février et mars 2024, sera une courte présentation de l’agroécologie par l’agronome Marc Dufumier… Ça ne s’invente pas.

 

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