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[Musique] Emiliana Torrini tout en couleurs


(Photo : DR)

Rincée sur le plan créatif, la chanteuse Emiliana Torrini a retrouvé de l’élan en compagnie de The Colorist Orchestra. Une collaboration salvatrice marquée par un album live et une tournée. Oui, l’Islandaise a retrouvé des couleurs.

Emiliana Torrini, d’origine islandaise, a souvent été comparée à Björk, ne serait-ce que pour la pureté de sa voix. Aujourd’hui allant sur la quarantaine, et après deux dernières années pour le moins compliquées, la chanteuse s’est remise en salle grâce au duo Jespers-Proesmans, têtes pensantes de The Colorist Orchestra, spécialiste de la réorchestration. En décembre de l’année dernière, un live de grande classe est né de cette subite alchimie musicale. Aujourd’hui en tournée, qui passe la semaine prochaine par la Kulturfabrik, la joyeuse bande semble inséparable.

Quand on commence à penser qu’il faut laver sa voiture alors qu’on est en train de chanter sur scène, c’est qu’il faut tout arrêter…» Pour Emiliana Torrini, les dernières années ont été tumultueuses, surtout durant la tournée qui a suivi la sortie de Tookah (2013). Rincée sur le plan créatif, elle a vu son groupe se disloquer et son envie de chanter s’envoler. Heureusement, le hasard fait bien les choses et son salut est venu de la rencontre d’un drôle de duo : Kobe Proesmans et Aarich Jespers, dont le collectif excelle dans la relecture musicale.

D’un côté, une chanteuse à la sensibilité pop. De l’autre, des créateurs belges qui, depuis 2013, retravaillent le répertoire des autres en utilisant des instruments classiques combinés à une large variété d’autres créés par leurs soins. Une association originale qui, après «un énorme travail», dixit Aarich Jespers, et une «alchimie rare», selon Kobe Proesmans, a abouti à un album live, sorti fin 2016 – avec notamment deux titres inédits.

Sur la route, depuis, pour une tournée au long cours, Emiliana Torrini, enceinte et heureuse, apprécie cette renaissance «spontanée» et ses nouveaux compagnons. Confidences de Londres avant un passage attendu mardi prochain à Esch-sur-Alzette.

Vous jouez souvent avec d’autres musiciens. Dernièrement, à Berlin, avec un groupe de jazz, ou encore en Andalousie avec un collectif gypsy. Avez-vous besoin de vous remettre en question?

Emiliana Torrini : Oui, c’est quelque chose qui m’anime. Il faut dire que ma carrière commence à être longue, et après plus de 20 ans dans le milieu, il faut savoir vivre avec son temps. Il y a une nouvelle génération qui propose de nouvelles approches. S’y confronter, c’est une réelle opportunité de grandir, de changer les règles. Je comprends ceux qui, du jour au lendemain, partent sur d’autres horizons musicaux, car se mettre en danger, et apprendre, c’est tellement excitant! Dans un sens, ça permet d’engranger de la confiance, ce qui, pour moi qui suis timide et parfois effrayée, n’est pas à négliger. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut savoir quitter sa zone de confort, son « vieux » monde et s’ouvrir à la nouveauté.

Qu’avez-vous justement appris de The Colorist Orchestra?

Notre rencontre a été spontanée. Je ne me suis jamais projetée avec eux. J’avais un sentiment de tranquillité. Je me disais : « The Colorist Orchestra connaît sa qualité, son style… » et il n’y avait aucune raison que ça se passe mal. Et je ne me suis pas trompée (elle rit). La connexion s’est faite naturellement, j’ai tout aimé chez eux : leur son, superbe, leur équipe… Une telle occasion, ça n’arrive pas tous les jours! Et puis, quand on reprend votre musique, elle vous revient différemment. On la redécouvre, on l’apprécie de nouveau. C’est comme si on avait de nouvelles oreilles!

Au départ, aviez-vous l’idée de faire un album live?

Difficile, pour moi, d’en parler, car à mes yeux, faire un live, ou pire un best of, n’a pas de sens ou alors à une seule condition : faire quelque chose de totalement nouveau, de décalé, de plus puissant. Finalement, ici, ce qui est important, c’est la collaboration, pas ma personne.

Que pensez-vous, aujourd’hui, de cet enregistrement?

Il est fantastique! Si on l’avait enregistré plus tard, il aurait sonné différemment. Il faut se remettre dans le contexte : ça ne faisait pas longtemps qu’on se connaissait. Personnellement, j’étais sur les dents. Au début, je me disais : « Mais je ne peux pas faire ça! » Mais finalement, tout s’est bien passé. Tant mieux, d’ailleurs…

Est-il vrai que vous n’avez eu aucune influence sur les chansons qu’ils ont retravaillées?

Tout à fait. Je ne voulais rien écouter! Déjà, parce que je ne suis pas du genre à me mêler de tout. Je ne suis pas tyrannique! Quand des musiciens comme eux fabriquent leurs propres instruments, on se dit rapidement qu’ils savent ce qu’ils font. Alors pourquoi être une emmerdeuse? Ensuite, parce que quand quelqu’un me propose ce genre de projet, je suis plutôt du genre à dire : « Faites ce que vous voulez, soyez fous! » La musique doit être vue comme une aventure.

Dans ce sens, avez-vous été surprise par leurs choix?

Laissant pas mal de place à l’aléatoire, j’ai été étonnée par leur professionnalisme. Aarich et Kobe ne sont pas du genre à monter sur scène et à se lancer à l’aveugle. Non, là, tout était écrit, à la moindre note près. Et je n’avais pas réalisé à quel point ça allait être puissant, intense. Oui, j’ai été surprise… et très contente!

Sur l’album, il y a aussi deux nouvelles chansons. Comment sont-elles arrivées?

À un moment, vu la tournure de notre collaboration, j’ai ressenti le besoin que l’on écrive quelque chose ensemble. C’est, en somme, l’étape suivante dans une relation, un pacte musical, un truc que l’on aura ensemble pour la vie.

Comment se passent la tournée et les voyages, entourée par onze garçons?

(Elle rigole) Depuis que je suis petite, je suis habituée à ça! Et comme je suis enceinte, onze mecs, ça n’est pas de trop pour contenir mes émotions!

Entretien réalisé par Grégory Cimatti

Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette.

Mardi à 20 h.

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