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Matzneff fait paraître son dernier livre « Vanessavirus », auto-édité


Avec ce livre, le romancier de 84 ans, qui doit être jugé en septembre 2021 en France pour "apologie" de pédophilie, veut contre-attaquer "Le Consentement" de Vanessa Springora. (photo AFP)

Gabriel Matzneff, écrivain visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de 15 ans, a envoyé à des acheteurs triés sur le volet son dernier livre, introuvable pour les autres lecteurs, et auto-édité faute d’éditeur.

Vanessavirus, titre choisi par ce romancier de 84 ans, qui doit être jugé en septembre 2021 en France pour « apologie » de pédophilie, décrit en quelque 85 pages l’état d’esprit d’un homme mis au ban de la société après la parution d’un autre livre, Le Consentement de Vanessa Springora. Dans cet ouvrage, vendu à 160 000 exemplaires rien qu’en France depuis janvier 2020, l’éditrice racontait sa relation sous emprise dans les années 80, alors qu’elle avait 14 ans avec un homme qui en a 35 de plus. Vanessa Springora parle de « G. », mais rend Gabriel Matzneff parfaitement reconnaissable en citant le titre d’un de ses livres.

Inutile d’aller chercher en librairie son dernier titre. Pour avoir entre les mains cet ouvrage auto-édité, il fallait faire partie de la liste des personnes de confiance contactées pour une souscription privée. Tous les éditeurs approchés par Gabriel Matzneff ont refusé l’ouvrage sans le lire. Le risque d’une campagne de boycott ne vaut pas selon eux l’hypothétique succès de scandale que pourrait apporter un tel livre.

Liste secrète de lecteurs

L’auteur avait remporté le Renaudot de l’essai en 2013, mais ses chiffres de ventes sont faibles depuis plus de 20 ans.
Vanessa Springora a déjà fait savoir à plusieurs reprises qu’elle ne voulait plus rien entendre venant de lui. « Aucun commentaire », avait-elle dit au sujet du livre au moment où était annoncée sa parution, il y a deux semaines.

Deux tirages étaient proposés : ordinaire à 100 euros, luxe à 650 euros. L’auteur a prévu un premier tirage de 200 exemplaires. L’écrivain est aujourd’hui privé de revenus depuis que ses éditeurs ont « suspendu » indéfiniment la vente de ses livres et que le Centre national du livre a rayé des bénéficiaires d’une allocation pour écrivains à faibles ressources.

La liste des souscripteurs devrait rester un secret bien gardé. L’un d’eux, qui n’avait pas encore reçu mercredi l’exemplaire qui lui est destiné, a confié sous couvert d’anonymat : « J’aime les livres rares et sulfureux. Tous les éditeurs lui ont fermé la porte, et moi je me suis dit que j’aimerais bien l’avoir », a-t-il expliqué. « La façon dont Gabriel Matzneff est traité depuis un an m’écœure. Tous ces gens qui n’ont jamais lu une ligne de lui, et qui lui sont tombés dessus, c’est ridicule ».

Ses « soutiens indéfectibles »

Gabriel Matzneff, selon une source qui a lu le livre, rend hommage à « cinq soutiens indéfectibles » : Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Catherine Millet, Dominique Fernandez, Franz-Olivier Giesbert. Le philosophe Bernard-Henri Lévy, qui a fait dans le passé plusieurs critiques élogieuses des livres de Matzneff, ne s’est pas exprimé sur le sujet après Le Consentement. La romancière Catherine Millet avait déclaré en juin qu’elle ne regrettait pas d’avoir signé une pétition lancée par Matzneff en 1977 pour la dépénalisation des relations sexuelles avec des mineurs. L’académicien Dominique Fernandez avait signé une tribune en janvier 2020 contre « la bonne conscience » de ceux qui attaquaient l’écrivain.

Quant au journaliste Franz-Olivier Giesbert et au philosophe Alain Finkielkraut, ils avaient relativisé en janvier 2020 la gravité de l’affaire. Le premier avait estimé qu’ « on ne peut pas jeter des noms en pâture », et le second que « le cas Springora n’est pas un cas de pédophilie ».

LQ/AFP

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