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« Ma vie de courgette » : un très beau film en stop motion


L'orphelinat se révèle finalement bien sympa, pour Icare (deuxième en partant de la droite) et ses amis.

Un petit bonhomme, 9 ans, cheveux bleus et bouille bien ronde, est la star du beau film d’animation de Claude Barras : Ma vie de courgette. On pleure, on rit…

Comme bien souvent, tout a commencé avec une lecture. Celle d’un livre paru en 2002, Autobiographie d’une courgette du romancier français Gilles Paris. Le réalisateur Claude Barras évoque le coup de foudre qu’il a ressenti lors de cette lecture: «Le ton et l’histoire m’ont replongé dans mon enfance et rappelé mes premiers émois de spectateur devant des films comme Les 400 coups, Rémi sans famille, Belle et Sébastien ou encore Bambi

Aucun doute, un jour, de ce texte, il ferait un film. C’est Ma vie de courgette, film d’un peu plus d’une heure qui, depuis sa présentation au festival de Cannes, a fait fureur partout où il était montré en avant-première, raflant au passage trois prix, deux au festival du Film d’animation d’Annecy et un à celui du Film francophone d’Angoulême. Et après avoir vu le film, le romancier ne cache pas son enthousiasme  : « Claude Barras et sa scénariste, Céline Sciamma, ont su traiter le sujet en restant fidèles au langage de l’enfance. Je m’y suis retrouvé à 100  %. »

Pour Claude Barras, aucun doute  : cette Vie de courgette , il la tournerait en animation. En «stop motion». « Le livre est empli de forts sentiments , explique-t-il. Et surtout, j’ai tenu à adapter ce roman car je voulais faire un film pour les enfants qui leur parle de la maltraitance et de ses remèdes dans le monde d’aujourd’hui… » L’affiche précise  : pour les enfants à partir de 6 ans –  il aurait fallu ajouter  : pour les parents.

Un conte réaliste bouleversant

L’histoire d’Icare, ce gamin de 9  ans qui a tué accidentellement sa mère pour échapper aux coups, s’adresse à tous… Voilà un gamin qui, lorsqu’il débarque à l’orphelinat, n’a plus qu’une seule chose  : «Courgette», le surnom que lui avait donné sa mère… Bon, on précisera qu’il s’est pointé à l’orphelinat avec, aussi pour bagage, une cannette de bière vide (souvenir de l’alcoolisme violent maternel), un cerf-volant sur lequel le père absent est dessiné en superhéros et une poule «parce qu’il aimait beaucoup les poules»!

« J’ai eu envie d’offrir aux enfants un conte réaliste avec de l’émotion », dit encore le réalisateur. Alors, Icare se fait des amis à l’orphelinat qui a des allures de colonie de vacances. Il y a Simon, Ahmed, Jujube, Alice, Béatrice et puis aussi la jolie Camille. Avec ces gamins, Courgette n’est pas pris par la mélancolie  –  mieux  : il découvre l’amitié et la solidarité, deux notions que, jusqu’alors, il ignorait. « On n’a surtout pas voulu tomber dans le pathos , commente la scénariste Céline Sciamma. On a voulu un film où l’on pleure et rit, un film dont on ressort complètement bouleversé. »

Oui, il y a bien une histoire émouvante et parfaitement ficelée, mais le spectateur ressortira bouleversé et aussi ébloui par les prouesses techniques avec ces petites marionnettes animées aux yeux immenses et tellement expressifs. Avec un budget limité (6 millions d’euros) et une centaine de techniciens, le réalisateur Claude Barras a tourné pendant dix-huit mois, trente secondes utiles par jour. Tourné à Villeurbanne, dans la proche banlieue de Lyon, Ma vie de courgette a bénéficié de l’expertise et de la maîtrise de techniciens qui ont, dans le passé, travaillé avec Wes Anderson ou encore Tim Burton.

Serge Bressan

Ma vie de courgette, de Claude Barras (Suisse/France, 1 h 06). Film d’animation.

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