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LuxFilmFest : palmarès incomplet pour festival avorté


Le jury documentaire décerné son prix cette année à « Collective » d’Alexander Nanau, une enquête dangereuse et dérangeante qui part d'un fait divers. (Photo DR)

Le LuxFilmFest a révélé, jeudi, le palmarès de sa dixième édition, annulée avant la fin pour cause de coronavirus. Les difficultés qui en découlent n’ont pas permis d’aboutir à la remise de tous les prix.

Alors que le Luxembourg, la France et beaucoup d’autres pays européens sont à l’heure actuelle en confinement, le LuxFilmFest, dont l’arrêt prématuré a été annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, juste avant le week-end de clôture, a néanmoins tenu à aller jusqu’au bout de sa démarche et à décerner les prix de cette édition anniversaire.

Plusieurs de ces trophées resteront orphelins et, parmi eux, le Grand Prix, décerné par le jury international présidé, cette année, par l’auteure de bande dessinée et réalisatrice Marjane Satrapi, ainsi que le prix de la critique. Les deux prix les plus prestigieux de la compétition officielle dépendaient d’une sélection de longs métrages qui n’a pu être vue qu’à moitié en raison, donc, de l’arrêt avant terme de l’évènement, douloureuse mais nécessaire conséquence des mesures de sécurité et de restriction dues à la progression du Covid-19.

Le jury documentaire, composé des directeurs et programmateurs de festivals Nicolas Girard Deltruc, Anaïs Emery, Kathrin Kohlstedde, Davide Oberto et du producteur serbe Miroslav Mogorovic, a pu visionner tous les films de la compétition lors du premier week-end du LuxFilmFest. Il a décerné son prix à Collective, d’Alexander Nanau.

Le long métrage, une enquête dangereuse et dérangeante qui part d’un fait divers, l’incendie d’une discothèque à Bucarest en 2015, pour mettre en lumière les incompétences du système de soins roumain dissimulé, en réalité, derrière tout un système de corruption régi par le ministère de la Santé. Un film dur, monté comme un thriller, qui s’intéresse autant au cœur du scandale sanitaire qu’à ses victimes. Coproduit au Luxembourg par Samsa Film, Collective résonne étrangement avec notre vie actuelle et la crise sanitaire que le monde est en train de traverser.

Toujours en plein dans l’actualité, le jury scolaire a, lui, choisi de récompenser le très beau Roads, de Sebastian Schipper (réalisateur de l’époustouflant Victoria en 2015), un «road movie» en camping-car dans l’Europe d’aujourd’hui avec, pour protagonistes, deux adolescents, un Anglais et un migrant congolais, tandis que le jury jeune a remis son prix au plus universel Babyteeth, une histoire d’amour inattendue qui prend la forme d’une comédie dramatique déchirante.

Rendez-vous en 2021

Du côté du pavillon VR, l’excellente chronique des années punk new-yorkaises BattleScar, a obtenu hier le prix pour la meilleure expérience immersive. Le jury VR a salué la conception d’«un monde captivant (…) développé avec une grande énergie et de grandes dispositions technologiques parfaitement mises au profit du projet». BattleScar, du haut de ses 30 minutes (une gageure pour un tel format), est une merveille technique et narrative, portée par une BO explosive. Un film que l’on adore tout de suite et que l’on veut absolument revoir.

Malgré les circonstances, le LuxFilmFest donne déjà rendez-vous l’année prochaine pour débuter sa deuxième décennie d’existence et, comme les organisateurs l’ont annoncé hier dans un communiqué, «pour surpasser le moment particulier que nous avons vécu». On ne doute pas de leur détermination mais, en cette période où tous les festivals ferment les uns après les autres, souhaitons-leur beaucoup de courage et de riches trouvailles cinématographiques, pour eux comme pour leur public.

Valentin Maniglia

Le palmarès

Prix du documentaire (présenté par BGL BNP Paribas) : Collective, d’Alexander Nanau

Prix VR – Meilleure expérience immersive : BattleScar, de Nico Casavecchia et Martin Allais

Prix du jury jeune (présenté par Kinepolis) : Babyteeth, de Shannon Murphy

Prix du jury scolaire : Roads, de Sebastian Schipper

Prix du jury enfants : Romys Salon, de Mischa Kamp

Coup de cœur des enfants : Romys Salon, de Mischa Kamp

Les Grand Prix, prix du public (présentés par Orange) et prix de la critique n’ont pas été attribués pour cette dixième édition.