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Luxembourg Art Week : et ils en pensent quoi, les exposants ?


L'édition 2018 de la Luxembourg Art Week avait été un succès. La foire d'art contemporain avait attiré 12500 visiteurs en trois jours (Photo : archives LQ/Didier Sylvestre).

Luxembourg Art Week, c’est tout le week-end, soit 67 galeries, plus ou moins renommées, pour un moment de rencontres autour de l’art contemporain. Trois d’entre elles expliquent ce qu’elles viennent y faire et leurs attentes.

Artskoco (Main Section)

Christophe et Orie Duplay sont en pleine activité : un clou à planter ici, un fil en soie à tendre là… Cet ancien ingénieur aérospatial et sa femme, cantatrice, ont décidé, en 2016, de monter cette galerie à Luxembourg (rue Auguste-Liesch) afin de défendre un art qui leur est cher : celui venant de Corée. D’où l’appellation Artskoco pour «Korean connection».

«Ce sont des artistes exceptionnels, aussi bien dans leur diversité que dans leur créativité, d’où l’envie de les promouvoir. On ne voit pas cela ailleurs !», lâche Christophe Duplay, enthousiaste, précisant toutefois qu’il faut le retenir, sinon il en parle «pendant des heures». Surtout que pour leur quatrième participation à Luxembourg Art Week, ils ont gagné en espace et exposent donc plus d’œuvres.

«Notre marché local»

À l’entrée de leur stand, d’ailleurs, on trouve de l’ «art vidéo» devant lequel le public risque de s’arrêter : une création splendide de LeeNam, vu comme le Bill Viola coréen – «Ils jouent dans la même cour !» –, sur laquelle, à travers deux écrans, on observe un échange vestimentaire entre la puissante Marguerite-Thérèse d’Autriche, peinte par Vélasquez, et une courtisane… Plus loin, fait rare, on découvre même un ensemble de toiles venant… de Corée du Nord! «Celles-là, il a fallu les exfiltrer» (il rit).

En tout cas, ce grand passionné d’histoire de l’art avoue rencontrer «du monde» sur son stand «unique». «On voit le Tout-Luxembourg, des gens d’Allemagne, de France.» Des collectionneurs?
«Mais tout le monde est collectionneur, seulement, on ne le sait jamais à l’avance», rétorque-t-il. À défaut d’aller dans d’autres foires plus lointaines – dont la présence dépend, selon lui, de «la maturité de la galerie» –, il reste fidèle au rendez-vous luxembourgeois, car «c’est notre marché local». À condition, bien sûr, de continuer «à vendre plus que l’on ne dépense». CQFD.

Galerie Arnaud Lefebvre (First Call)

«Je ne viens pas complètement par hasard, mais c’est quand même une petite aventure» d’être ici, lâche Arnaud Lefebvre, qui peaufine son stand même s’il vient de se faire rattraper par l’organisation pour être monté sur une table… En effet, sa présence ici, une première pour lui, se conjugue avec une histoire familiale.

«Oui, c’est une forme de retour aux sources : j’ai une partie de ma famille qui est originaire du Grand-Duché.» Pour preuve, sa carte de visite, originale, qui offre un beau panorama de Mersch au début du siècle dernier… S’il connaît bien le Mudam et le Casino, «aux propositions artistiques sérieuses», Luxembourg Art Week reste une découverte, même s’il a rencontré son mentor, Alex Reding, il y a peu à Genève.

«Élargir son cercle»

Mais, rassure-t-il, le but d’une foire, «ça reste de trouver des collectionneurs égarés», ce qui lui permettrait «d’élargir son cercle» autour de la France. Car depuis Paris, son fief, l’homme a tiré un constat : «J’ai remarqué que les gens viennent plus facilement acheter dans les foires. Il faut plus de courage pour acheter quelque chose dans une galerie, plus propice à mettre en avant un artiste et son travail. Là, au moins, avec un tel rendez-vous, le jeu d’acheter est plus évident! Et j’aime l’idée que l’art soit nomade, qu’il aille à la rencontre d’un public.»

Jusqu’à dimanche, Arnaud Lefebvre reconnaît avoir «toutes les attentes du monde et pas de stratégie particulière» (il rit). Sauf peut-être que les visiteurs apprécient les œuvres de Hessie (Caraïbes), décédée en 2017 à l’âge de 83 ans, et dont il défend l’héritage.

Galerie Dys (Take Off)

Justine Jacquemin, la directrice de cette galerie bruxelloise, est en «exploration», comme elle dit. «C’est la première fois que je viens au Luxembourg», reconnaît-elle, avouant toutefois avoir demandé à d’autres confrères, réguliers du rendez-vous eux, ce qu’elle devait attendre de Luxembourg Art Week.

Installée depuis mercredi à la halle Victor-Hugo, elle a eu «le temps», depuis, de faire un petit tour et s’en faire sa propre idée. «Oui, je suis très contente de ce que j’ai vu, ainsi que de la liste, prometteuse, des autres galeries.» Chez elle, au cœur d’un stand aux couleurs imposantes, on fait dans la figuration moderne, «habitée et onirique», avec «un goût particulier pour le travail sur papier», même si, il faut le dire, la peinture y est aussi assez présente.

«L’important, c’est de rencontrer des amateurs»

Pour sa toute première au Grand-Duché, elle accepte volontiers la catégorisation «Take Off», ne serait-ce que parce que la galerie Dys met en lumière «pas mal de jeunes artistes», à l’instar de le jeune Sud-Africaine Marlene Steyn, 30 ans, à l’univers «déjanté et drôle», mais encore Yasemin Senel. À ce titre, Jacques Courtejoie – qui présente là de magnifiques polaroïds «rehaussés à la main» – ferait presque figure de vétéran.

Reste que les trois prochains jours, Justine Jacquemin espère «toucher un public sensible à ce que je montre!». C’est donc ça, une bonne foire. «Oui, c’est un endroit où il y a du monde, et pas forcément que des acheteurs, explique-t-elle. L’important, c’est d’être visible, d’être reconnu par ses paires galeristes, de faire découvrir un travail et de rencontrer des amateurs qui seront, plus tard, heureux de nous revoir du côté de Bruxelles.» Elle aussi, probablement.

Grégory Cimatti

Luxembourg Art Week : Halle Victor-Hugo – Luxembourg. Vernissage ce vendredi soir à 18h. Jusqu’à dimanche.

Salon du CAL : Tramsschapp – Luxembourg. Jusqu’au 14 novembre.

 

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