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[Littérature] Les confessions de Paul Newman


Un document, une autobiographie posthume. Basé sur les entretiens que Paul Newman a accordés à un ami pendant cinq ans, voici le récit de La Vie extraordinaire d’un homme ordinaire. Un texte confession.

Sur grand écran, en près d’un demi-siècle et plus de cinquante films, il fut joueur de billard aussi torturé qu’étincelant, prisonnier cogné par un colosse ou encore cow-boy habité par le doute et la démesure. Il s’appelait Paul Newman, a marqué le cinéma mondial en tant qu’acteur, mais aussi comme réalisateur de six films (dont un pour la télévision). On le découvrit en 1954 avec Le Calice d’argent de Victor Savile et on le vit pour la dernière fois en 2002 dans Les Sentiers de la perdition de Sam Mendes. On le retrouve en cet automne avec un OLNI (objet littéraire non identifié) pour une autobiographie. C’est joliment (et justement) titré La Vie extraordinaire d’un homme ordinaire.

Récemment de passage à Paris, la dernière de ses six enfants, Clea Newman (née en 1965), a évoqué le livre et confié avoir, avec ses sœurs, «beaucoup discuté». Elle poursuit : «Mais finalement, on a estimé que papa avait conservé toutes ces transcriptions pour une bonne raison». C’était même mentionné dans son testament : «Il dit que c’était pour « ses enfants »». Entre 1986 et 1991, après avoir accepté de réaliser son autobiographie, Paul Newman se confie à son ami Stewart Stern. Le magnétophone enregistre. L’acteur aux yeux bleus se raconte. Sans retenue.

Mais au bout de cinq ans, il décide de tout arrêter. Pas de livre, c’est entendu. Sauf que Stewart Stern a gardé tout le matériel d’origine et qu’une trentaine d’années plus tard, il replonge dans les confidences de son ami, passe à la rédaction et ajoute au récit les témoignages de proches, d’amis et collègues de travail de Paul Newman. C’est La Vie extraordinaire d’un homme ordinaire, un homme né le 26 janvier 1925 à Shaker Heights, Ohio.

Dans la préface, une autre de ses filles, Melissa Newman, écrit : «Il était intègre. Il chérissait obstinément son intimité et se sentait toujours emprunté quand il donnait une interview. Le simple fait que notre père ait pu envisager d’écrire le livre que vous avez entre les mains nous paraît profondément étrange, et pourtant il poursuivit ce projet pendant cinq ans. Il l’avait conçu comme une offrande à sa descendance. Et peut-être aussi comme un moyen de « rétablir publiquement la vérité », lui qui toute sa vie avait été harcelé par la presse à scandale…».

Mon physique? Un coup de bol!

Dans un de ses entretiens avec Stewart Stern, il glisse : «Si je devais définir « Newman » pour un dictionnaire, je dirais « quelqu’un qui en fait trop »». Un clin d’œil, en quelque sorte, à Un homme presque parfait, le film de Robert Benton adapté du roman de Richard Russo et dans lequel il interprétait le personnage de Donald «Sully» Sullivan, fringant sexagénaire qui se comporte comme un adolescent, refuse depuis des années de parler à son ex-femme, habite dans une chambre de la maison d’une institutrice âgée, partage son temps avec son meilleur ami demi-attardé et en pince pour le jeune Toby…

De son enfance avec son frère aîné Arthur dans le quartier aisé et très «wasp» (pour White Anglo-Saxon Protestant) de Cleveland, il retiendra la grande sévérité de son père Arthur Samuel Newman qui dirigeait un magasin d’articles de sport et dont les parents étaient des émigrés juifs hongrois. Bien que non pratiquant, adulte, Paul Newman confiera se considérer comme juif parce que «c’est plus qu’un défi». Interrogé sur sa beauté, l’Oscar du meilleur acteur en 1987 répondait : «Mon physique ? Un coup de bol !».

Au fil des pages, il évoque également de nombreux autres sujets, de nombreux autres moments de vie. Ainsi, ses débuts au théâtre et au cinéma : «J’ai été confronté à l’indifférence, à la bêtise, à mon propre aveuglement, parfois. Mais jamais à la véritable adversité. La chance me suivait… Et si James Dean n’était pas mort? Une voix en moi me souffle : « Tu y serais arrivé quand même. Ç’aurait été un poil plus long, mais ça aurait fini par se faire »». Ou encore la rigueur professionnelle : «S’il y a une chose que j’ai vraiment admirée, c’est l’excellence dans le travail. Je sais la reconnaître dans presque tous les métiers (…) Peut-être choisissons-nous le domaine où nous avons les meilleures chances d’exceller. Dans mon cas, c’est peut-être jouer la comédie, travailler dans le théâtre, tirer parti de mon physique ou jouer les imposteurs».

Et aussi un regret : «Je n’ai certainement pas su exceller comme parent», avec cette peine qui ne cicatrisera jamais après le décès de son fils aîné Scott, emporté par une overdose. Sans oublier le bonheur qu’il a connu, pendant cinquante ans, avec l’actrice Joanne Woodward qu’il a épousée en 1958. Acteur, réalisateur, scénariste, producteur, philanthrope et même pilote automobile (entre autres, second des 24 Heures du Mans en 1979… à 54 ans), il aimait dire et répéter : «La réussite est ce qui distingue le visionnaire de l’irresponsable». Le 26 septembre 2008 à Westport, Connecticut, Paul Newman était emporté par un cancer des poumons. Un an plus tôt, cet homme qui se voulait ordinaire avait annoncé la fin de sa carrière.

Neuf films indispensables

De 1954 à 2002, Paul Newman a joué dans cinquante-cinq films. Parfois, il y fut banal. Souvent, il «creva» l’écran. Ce qui, en 1987, lui valut l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle de «Fast» Eddie Felson dans La Couleur de l’argent de Martin Scorsese. En toute subjectivité et par ordre chronologique, voici le «best of Newman».

La Chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks

Une famille du sud des États-Unis se retrouve au chevet du patriarche à l’agonie. Brick, le fils préféré, s’est réfugié dans l’alcool, tandis que la famille se déchire pour l’héritage.

L’Arnaqueur (1961) de Robert Rossen

Eddie Felson est un brillant joueur de billard, mais perd contre le champion Minnesota Fats. Après une nuit de combat, désormais fauché, Eddie n’a plus qu’une idée en tête : prendre sa revanche.

Luke la main froide (1967) de Stuart Rosenberg

Pour s’être livré à des actes de vandalisme, Luke Jackson est envoyé dans un camp de travail. Il devient bientôt le prisonnier le plus populaire grâce à son flegme et à sa joie de vivre communicative.

Butch Cassidy et le Kid (1969) de George Roy Hill

Au début du XXe siècle, Butch Cassidy et son ami Sundance Kid pillent trains et banques. Mais tandis qu’ils élaborent un plan ingénieux, les autorités les prennent en chasse.

La Tour infernale (1974) de John Guillermin & Irwin Allen

À San Francisco, le plus grand gratte-ciel du monde, à peine inauguré, prend feu et bloque les convives au 135e étage. Le capitaine des pompiers de la ville mène l’opération de sauvetage.

Le Verdict (1982) de Sydney Lumet

Avocat, Frank Galvin a sombré dans l’alcool. Mais une affaire concernant une erreur médicale va être pour lui l’occasion de retrouver sa dignité… ou de la perdre définitivement!

La Couleur de l’argent (1986) de Martin Scorsese

Un champion de billard, arnaqueur invétéré, est devenu représentant en alcools. Quand il fait la connaissance d’un jeune joueur prometteur, ses vieux démons remontent à la surface.

Mr and Mrs Bridge (1990) de James Ivory

Entre 1930 et 1948, à Kansas City, Mr et Mrs Bridge mènent une vie réglée comme du papier à musique. Le couple Newman-Woodward dans un film méconnu.

Les Sentiers de la perdition (2002) de Sam Mendes

1930. Michael Sullivan, tueur professionnel, est au service de la mafia irlandaise. Mais à la suite de la mort de sa femme et de son fils, il retourne son arme contre le clan.

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