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Le festival de Villerupt a le sens de la fête


Cette 44e édition se déroulera encore une fois sous le regard des intemporels Marcello Mastroianni, Federico Fellini ou Anna Magnani, dont les silhouettes font face à l’hôtel de ville. (Photo : DR)

Sa 44e édition démarrera le 29 octobre : le festival du Film italien de Villerupt veut oublier l’édition avortée de 2020. Alors, plus que jamais, ses organisateurs souhaitent en faire un grand moment de célébration.

À la fois plongée dans le panorama du cinéma italien d’hier, d’aujourd’hui et de demain et célébration d’une culture fortement ancrée depuis plus d’un demi-siècle dans le Pays Haut lorrain, le festival du Film italien a toujours eu des allures de fête. La preuve en est lorsque l’on arrive aux abords de l’hôtel de ville de Villerupt, quand, en période de festival, des haut-parleurs font résonner dans la rue des airs connus de la chanson italienne. Cette année encore, pour sa 44e édition, Villerupt est une fête. Peut-être même plus que lors des éditions précédentes.

Le directeur artistique du festival, Oreste Sacchelli, exprime tout d’abord un souhait : «Nous espérons que cette 44e édition efface pour toujours les mauvais souvenirs de la 43e», coupée en plein élan par le retour du confinement lié à la pandémie de covid-19, seulement six jours après le début d’un festival qui s’étend habituellement sur deux semaines. Les seules salles exploitables du festival, à Esch-sur-Alzette (Kulturfabrik) et Dudelange (CNA), étant, elles aussi, soumises aux règles sanitaires strictes – dont un couvre-feu à partir de 23 h et une jauge limitée –, elles ne pouvaient décidément pas accueillir à elles seules une telle machine, et, avec beaucoup d’amertume, l’édition a été annulée. Heureusement, les contretemps pandémiques ne semblent plus d’actualité pour les lieux de culture, et le festival peut revenir à sa «vie d’avant», soulignent les organisateurs.

«Ma che bella questa festa!»

Voyez plutôt : 76 films – dont 33 inédits et 16 avant-premières – répartis sur plus de 350 séances tout au long des 17 jours de festival. Pas de quoi faire pâlir les éditions pré-2020, mais aujourd’hui, ces chiffres apparaissent comme salvateurs. D’abord parce que les organisateurs ont mis sur pied un festival aussi massif que ses prédécesseurs, mais aussi et surtout parce qu’ils font mentir l’idée reçue que le cinéma italien reste un cinéma fragile.

Certes, la section «Panorama», qui montre  toute la richesse du cinéma italien d’aujourd’hui, traversant (presque) tous ses genres et questionnements, fait figurer cette année beaucoup de films qui n’ont pu être montrés l’année dernière. Ainsi, retrouvent le chemin des salles de Villerupt les excellents Padrenostro, de Claudio Noce, Hammamet, de Gianni Amelio, Volevo nascondermi, de Giorgio Diritti, ou encore l’immanquable documentaire de Gianfranco Rosi Notturno. Tout comme Io sto bene, le film de Donato Rotunno sorti sur nos écrans la semaine dernière, qui donnera, le 12 novembre, le coup de départ du week-end de clôture, après la remise des récompenses.

La fête promet donc de battre son plein. C’est d’ailleurs le thème du festival : «L’esprit de la fête» sera revisité à travers neuf films, du classique muet d’Ettore Scola Le Bal (1983) à l’explosif Mine vaganti (Ferzan Ozpetek, 2010), en passant par le génial Pranzo di Ferragosto (Gianni Di Gregorio, 2008), un documentaire sur la figure passionnée et passionnante de Paolo Conte, Paolo Conte – Via con me (Giorgio Verdelli, 2020) ou la pépite méconnue Song ’e Napule (Marco et Antonio Manetti, 2013), où action, comédie et film musical s’entrechoquent.

Une fête qui se poursuit avec la célébration d’un maître de la comédie italienne, Dino Risi, qui a toujours utilisé les dérives de la société comme terreau à ses farces corrosives et résolument libres. Une rétrospective, solide et surprenante, en dix films et une exposition photographique, qui laisse de côté ses classiques Il sorpasso (1962) et I mostri (1963) pour s’intéresser à des films plus rarement considérés, à l’image de Il vedovo (1959), Sessomatto (1973), Telefoni bianchi (1976) ou Le Fou de guerre (1985), mais avec tout de même deux chefs-d’œuvre absolus dans lesquels on retrouve l’immense Vittorio Gassman : Profumo di donna (1974) et In nome del popolo italiano (1971).

Le retour des grands auteurs

Toute fête court bien sûr le risque d’être gâchée, et Villerupt en a fait les frais en 2020. Mais cette année, même l’absence d’un président du jury n’arrêtera pas le festival. Le délégué général de la manifestation, Antoine Compagnone, précise qu’«un cinéaste français», tenu anonyme, avait accepté d’endosser le rôle avant de se désister à la suite de complications familiales.

Ils seront donc trois – le directeur du Centro Cinema Città de Cesena, Antonio Maraldi, le directeur général de la société de distribution française de films de patrimoine Tamasa, Philippe Chevassu, et le directeur de la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg, Claude Bertemes – à distinguer un film parmi sept premiers ou deuxièmes longs métrages.

Trois autres jurys – critique, jeune et exploitants – débattront eux aussi, parfois sur des œuvres différentes, portant le nombre total de films en compétition à quinze. Hors compétition, on se réjouit déjà de retrouver quelques très grands auteurs, dont Nanni Moretti (Tre piani), Sergio Castellitto (Il materiale emotivo), Marco Bellocchio (Marx può aspettare) ou encore Roberto Andò (Il bambino nascosto).

Ce dont le festival se réjouit particulièrement, c’est du retour des invités, qui donnent au festival quelques-uns de ses temps forts. Le festival remettra même à cette occasion deux Amilcar de la Ville, honorant les cinéastes Francesco Bruni et Cristina Comencini – cette dernière devant recevoir le prix honorifique lors de la précédente édition.

Au-delà des noms attendus de cinéastes venus accompagner leurs films, Marco Tullio Giordana crée la surprise : l’un des plus grands cinéastes contemporains, rare représentant aujourd’hui du cinéma politique en Italie – et habitué du festival de Villerupt – fait l’objet d’un livre signé Oreste Sacchelli, Mes meilleures années – Le cinéma de Marco Tullio Giordana, que le directeur artistique présentera le temps d’un week-end, aux côtés du réalisateur de Pasolini, un delitto italiano (1995), I cento passi (2000) et La meglio gioventù (2003). Car une fête réussie, c’est aussi une fête avec des surprises.

Valentin Maniglia

Festival du Film italien de Villerupt, du 29 octobre au 14 novembre.

www.festival-villerupt.com

Quinze films en compétition

La liste ci-dessous comprend la totalité des quinze films en compétition, répartis dans plusieurs catégories selon les prix pour lesquels ils concourent : prix du jury, prix de la critique, prix du jury jeunes, prix du jury exploitants. Tous les films ci-dessous sont en lice pour le prix du public.

A Chiara, de Jonas Carpignano
Anima bella, de Dario Albertini
Ariaferma, de Leonardo Di Costanzo
Atlas, de Niccolò Castelli
Californie, d’Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman
Il buco, de Michelangelo Frammartino
Il cattivo poeta, de Gianluca Jodice
Il legionario, de Hleb Papou
Lovely Boy, de Francesco Lettieri
Marilyn ha gli occhi neri, de Simone Godano
Miss Marx, de Susanna Nicchiarelli
Occhi blu, de Michela Cescon
Piccolo corpo, de Laura Samani
Re granchio, d’Alessio Rigo et Matteo Zoppis
Takeaway, de Renzo Carbonera

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