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« Julieta » (Pedro Almodovar) : tout sur ma fille !


Actuellement en compétition à Cannes avant sa sortie en salles, voici Julieta, 21e film de l’Espagnol Pedro Almodóvar. Le réalisateur sacrifie une nouvelle fois à l’exploration de l’âme féminine, cette fois à travers le drame d’une mère abandonnée par sa fille pendant douze ans. Un «drame dur avec un parfum de mystère».

À l’heure des confidences et avant la montée des marches sur la Croisette, il dit : « Je crois que Julieta est mon film le moins exubérant. J’ai essayé d’utiliser un langage très simple et de le charger de contenu. C’est un de mes films qui comprend le plus de gros plans, où le sens de l’humour est absent et où les personnages ne se mettent pas à chanter pour trouver un sens à ce qu’ils sont .» Et encore  : « Julieta est un film sur les mères, sur les femmes lourdement punies par la vie… » À 66 ans, l’Espagnol Pedro Almodóvar est donc revenu à Cannes –  le festival, il connaît bien, puisqu’il y a présenté pas moins de cinq films en compétition officielle et n’a jamais rien remporté. La rumeur bruisse, elle laisse entendre que le jury présidé par George Miller serait bien tenté de lui offrir, cette année enfin, la Palme d’or, à lui, Almodóvar, le réalisateur aux cents récompenses (dont deux Oscars), mais à qui Cannes a toujours refusé le trophée doré.

Aucune confiance «dans le maquillage»

Sur la Croisette, hier, et aujourd’hui dans les salles luxembourgeoises, c’est un nouvel Almodóvar que l’on découvre. Le kitsch, le ton décalé, les couleurs, le propos irrévérencieux, la provocation maîtrisée, bref tout ce qui a fait le charme et la réputation du réalisateur espagnol ne sont plus là, frontalement, en évidence dans Julieta , le vingtième film de l’Espagnol. Une constante, toutefois, et un thème récurrent chez lui  : Julieta est un film de femmes.

Inspiré et librement adapté de trois nouvelles de la Canadienne Alice Munro (prix Nobel de littérature 2013), le nouveau film du réalisateur de Talons aiguilles , Volver ou encore Attache-moi raconte l’histoire d’une mère, Julieta, qui va quitter Madrid pour toujours quand elle croise Bea, une amie d’enfance de sa fille Antia qui a disparu douze ans auparavant. Elle va abandonner sa décision après que l’amie lui apprend qu’elle a croisé sa fille, une semaine plus tôt. La mère retrouve espoir, écrit à sa fille tout ce qu’elle lui a caché…

« Dès que j’ai lu Fugitives , j’ai eu envie d’adapter pour le cinéma trois des nouvelles du recueil. Les trois ont Juliette pour héroïne, mais ne se suivent pas. Ce sont trois histoires distinctes et j’ai inventé ce qui manquait pour qu’elles n’en fassent qu’une », commente le réalisateur. Sur l’écran, les images parlent « du destin, de la culpabilité, de la lutte d’une mère pour survivre à l’incertitude, et de ce mystère insondable qui nous pousse à abandonner les êtres que nous aimons en les effaçant de notre vie comme s’ils n’avaient jamais existé », ajoute-t-il.

Ainsi, on a un film qui tient du drame et non « pas du mélodrame, genre pour lequel je montre de l’inclination , ajoute Pedro Almodóvar. Un drame dur avec un parfum de mystère  : quelqu’un cherche quelqu’un qui est parti sans donner d’explications, quelqu’un avec qui on a vécu toute sa vie disparaît sans dire un seul mot. C’est impossible à comprendre. Ça arrive, c’est dans notre nature, mais c’est incompréhensible et inacceptable. Sans parler de la douleur que cela provoque. »

En optant pour la sobriété pour Julieta , Almodóvar n’en a pas perdu pour autant de sa personnalité, de son originalité. Voilà bien un film «almodóvaresque». Triste et joyeux, pétillant et tranquille. Avec en prime deux actrices pour le seul personnage de Julieta : les impeccables Adriana Ugarte lorsque le personnage a entre 25 et 40  ans et Emma Suárez à partir de 40 ans. Explication du réalisateur  : « Je n’avais pas confiance dans les effets du maquillage pour faire vieillir une comédienne …»

Serge Bressan

Julieta, de Pedro Almodóvar (Espagne, 1 h 39) avec Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao…

Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía, la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours. Julieta parle du destin, de la culpabilité, de la lutte d’une mère pour survivre à l’incertitude, et de ce mystère insondable qui nous pousse à abandonner les êtres que nous aimons en les effaçant de notre vie comme s’ils n’avaient jamais existé.

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