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Ils inventent un simulateur de « prise de tête » parent-ado (Vidéo)


Dans leurs mots, sur leur terrain, avec leur support numérique : un « serious game » à vocation pédopsychiatrique offre depuis décembre des simulations de confrontation entre un père « un peu relou » et un adolescent « borderline », un outil visant les professionnels de santé, mais aussi des parents éperdus.

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« Clash Back » a été co-écrit avec des adolescents et testé pendant deux ans auprès de plus de 500 jeunes. (Photos : AFP)

« J’ai pris une tôle en maths », « Lâche l’affaire, j’te dis… ! », « Tous des cons dans cet appart’ pourri ! » Les répliques fusent, saisissantes de vérité, l’ambiance se tend, se détend, à mesure des choix de dialogue, plus ou moins agressif, compréhensif, voire hypocrite. Chloé, 16 ans, tente d’obtenir de son père l’accord – et l’argent – pour un tatouage. Avec une arborescence impressionnante – chaque réplique de Chloé déclenche des scenarii distincts – la partie peut s’achever en 10 minutes par un « clash » ou s’étirer 45 minutes. Touchant au passage des thèmes de la planète ado : famille recomposée, petit ami, troubles de comportement alimentaire, téléphone/sms, tatouage…

« L’idée du jeu ? On s’est rendu compte que cette génération d' »ados.com » est de plus en plus réfractaire aux entretiens psy classiques », diagnostique Xavier Pommereau, chef du Pôle de l’adolescence au CHU de Pellegrin à Bordeaux. « Face à des adultes qui, en vain, s’évertuent à vouloir les « faire parler », eux ont besoin d’un support, d’une image, pour pouvoir se « raconter » ».

> Facilitateur de dialogue

Et ça marche. « Clash Back » – le nom du jeu – a été co-écrit (pour les dialogues, les situations) avec des adolescents, certains en difficulté, suivis au Centre Jean Abadie que dirige le praticien. Puis testé pendant deux ans auprès de plus de 500 adolescents, avec un effet « déclic » palpable. « C’est un réel facilitateur de dialogue », résume le Dr Pommereau. « On le voit bien quand on joue avec l’ado. Au moment où ça commence à « fighter » sur la belle-mère (virtuelle), on est obligé de mettre le jeu sur « pause », car l’ado se met à s’épancher sur sa propre belle-mère. Il commence à se livrer, sans qu’on demande rien, sur sa famille recomposée… ». Alors qu’en entretien classique, « si on abordait le sujet, sa réaction serait : « Hou là, piège… Méfiance » ».

« En termes de comportement adolescent, c’est du même registre qu’un simulateur de vol pour un apprenti-pilote », résume le Dr Pommereau. « Clash Back vise trois types de public : des établissements de santé ou centres médico-sociaux, des professionnels « individuels » tels un psy en cabinet, un éducateur en foyer, ou des enseignants », explique Jean-Luc Rumeau, directeur général d’Interactive Situations, start-up bordelaise qui a réalisé le jeu. D’où les versions proposées, entre 38 et 340 euros selon la capacité de stockage, l’accès à un forum avec le praticien, l’abonnement aux épisodes à venir, etc.

Car « Clash Back » se veut une « série » plus qu’un jeu : après l’épisode un de Chloé, doit sortir en mars l’épisode deux : Guillaume, lycéen de 15 ans, convoqué par son proviseur pour soupçon de vente de cannabis. Puis, fin 2015, un épisode trois, où le joueur endossera cette fois le rôle du père, confronté à un ado « compliqué ».

> Ados ou parents en difficulté ?

Pour ses concepteurs, « Clash Back » est sans rival en terme de « serious game » thérapeutique. Un concurrent américain, Kognito, a signé des jeux pour des vétérans post-traumatiques, des étudiants à risque de suicide. « Mais c’est assez moralisateur. Ca ne marche pas avec nos ados », tranche Xavier Pommereau. Au-delà des secteurs ciblés, existe une réelle attente : celle des parents.

Lors de la présentation de « Clash Back » dans une Maison de parentalité en Gironde, des parents « ont demandé à organiser des soirées autour du jeu, en présence d’un psy ». « Il faut à présent, imaginer presque autant d’aide pour les parents d’adolescents que pour les ados eux-mêmes », assène le psychiatre, qui prédit une explosion du nombre de « cafés de parents ». Et révèle que l’UNAFAM (Union nationale d’amis et familles de malades) commence à mettre en place « des « groupes de grands-parents » pour soutenir les parents, au moins autant en difficulté que leurs adolescents… ». « Clash Back » pourrait même ouvrir une voie clinique, devenir un « test médical d’impulsivité » : une étude en ce sens va être menée dans les CHU de Brest et de Bordeaux sur deux échantillons d’adolescents.

AFP

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