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Faut-il nourrir les trolls ?


Dans l’argot d’Internet, le troll est un personnage qui crée la polémique. À l’instar du devin, personnage principal de l’album 15 des Aventures d’Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, La Zizanie (1970), il sème la zizanie et la discorde partout où il fait son apparition.

Notre troll local adore les chiffres qu’il a manipulés lui-même. Il est persuadé que 240 % de la population le soutient (ce qui correspondrait à 3 × 80 %). Après son enfance difficile, il est en manque d’affection et d’attention. D’aucuns s’inquiètent sur les réseaux sociaux de sa santé mentale. Mais il n’y a pas de soucis! Il est parfaitement encadré, au point d’avoir épousé sa propre thérapeute venue de l’Est.

Notre troll déteste tout ce qui vient de l’étranger et tout ce qui remonte à ses ancêtres gaulois. En particulier, il déteste les réfugiés économiques. Il invite les États aux frontières extérieures de l’UE à diriger l’arme à feu contre les migrants, avant qu’ils ne signent leur demande de protection internationale. Notre troll est un citoyen inquiet qui focalise l’attention de ses lecteurs sur les omniprésents gauchistes irréductibles préparant un complot contre les fondements de la civilisation, les valeurs chrétiennes, en préconisant l’égalité des genres. Pour notre troll, seules les sciences physiques et mathématiques ont voix au chapitre : la sociologie et les sciences politiques sont minées par des associations de soutien aux travailleurs immigrés. Récemment, l’audience du troll a quelque peu diminué. Il est contraint d’inventer des canulars : celui des cours de solfège en langue française et des titres académiques qui figureraient dans le CV d’un enseignant-chercheur de l’université qu’il déteste profondément pour sa notoriété.

Jean Rhein

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