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[Expo] L’univers fantasmagorique de Wes Anderson, à découvrir au Cercle Cité


L'exposition est abordée comme un hôtel, en référence au dernier film de Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel (2014), entre tapis rouge et chambres.

Si le Luxembourg City Film Festival n’est prévu que dans un mois, le Cercle Cité anticipe et propose de décoder l’univers fantasmagorique, si riche et particulier, du réalisateur Wes Anderson. Abordée comme un hôtel – référence au dernier film de l’Américain, The Grand Budapest Hotel (2014), entre tapis rouge et chambres – «Welcome to Wes» donne un aperçu ludique du monde fantasmé du cinéaste.

Habitué, il y a encore peu, à servir de QG au Luxembourg City Film Festival –  jusqu’à l’installation désormais annuelle du «Magic Mirrors» place de la Constitution, le Cercle Cité n’a pas perdu ses réflexes. Et c’est avec un tapis rouge très «Croisette» qu’il reçoit, pour deux mois, les curieux désirant déchiffrer l’univers de Wes Anderson, cinéaste à la filmographie empreinte de motifs, de penchants, voire de véritables obsessions stylistiques ( The Darjeeling Limited , Fantastic Mr Fox , The Royal Tenenbaums, Moonrise Kingdom …).

Son dernier film en date, The Grand Budapest Hotel , ne déroge pas aux fantasmes colorés et enfantins du réalisateur. Mieux, « il a séduit le grand public tout en restant fidèle à son cinéma d’auteur », explique la commissaire de l’exposition, Beryl Koltz. D’où cette envie, pour «Welcome to Wes», de proposer une déambulation ludique au cœur d’un hôtel fictif imaginé par la scénographe Christina Schaffer, avec groom à l’entrée et dix portes pour autant de « clés de compréhension » de l’œuvre du cinéaste. Sans oublier les maquettes originales que Simon Weisse, artiste français installé à Berlin, aux nombreuses réalisations pour Wes Anderson.

Après une brève énumération de ses créations –  huit en 20  ans  – on suit le bagagiste au pas de course pour découvrir ce qui anime le cinéma de l’Américain. « C’est quelqu’un de très maniaque, qui ne laisse rien au hasard », prévient Beryl Koltz. On en apprend ainsi plus sur son sens du détail devant ses splendides décors et objets miniatures; sa passion pour les costumes (dont certains sont même dessinés par sa conjointe, Juman Malouf); ses élans «rétro» avec l’utilisation du pastel et ces couleurs, essentielles à l’articulation de ses histoires; son soin particulier pour les typographies – « ses personnages ont des aspirations littéraires ».

Des enfants «plus lucides» que les adultes

Ajoutez à cela sa hantise pour la symétrie « qui fascine toute une communauté sur le net », ses acteurs-actrices fétiches (Bill Murray, Owen Wilson…), ses travellings qui « parcourent les espaces et rythment la narration » et l’utilisation récurrente de musiques ayant marqué « la mémoire collective ». Le tout, bien sûr, enrobé dans un univers fait de « conflits », de « désordre » et de « non-sens », notamment au niveau des dialogues – « certaines informations, futiles, sont rapportées sur un ton extrêmement sérieux, alors que des faits dramatiques peuvent être montrés de manière détachée ».

Wes Anderson serait donc le réalisateur des angoisses du monde adulte. Un artiste qui, au travers les errances et la quête identitaire de ses personnages, souvent « perdus », parfois imprévisibles, toujours attachants, offre un refuge dans des univers bienveillants, où les enfants portent des « regards bien plus lucides » que les grandes personnes. Une œuvre à voir finalement comme une appétissante sucrerie, délicatement habillée et présentée, à l’image de ces «Mendel’s Box» de The Grand Budapest Hotel – un original est d’ailleurs visible dans l’exposition.

Dans une salle annexe, on peut apprendre la recette de ladite friandise (en l’occurrence, la Courtisane au chocolat), grâce à une vidéo diffusant bandes-annonces et «making-of» de ses films. La balade se termine devant les affiches de Jordan Bolton –  photographe anglais un brin maniaque. En effet, pour les réaliser, il passe « en boucle, pendant une vingtaine d’heures », chaque film de Wes Anderson et « repère tous les accessoires qu’il reproduit à la main ». « On peut ainsi suivre le film par le prisme de l’objet », conclut Beryl Koltz, persuadée ainsi qu’on ne peut rester indifférent devant l’œuvre du cinéaste.

Les quelque 300 personnes venues au vernissage vendredi soir la conforte dans ses idées.

Grégory Cimatti

« Welcome to Wes ». Cercle Cité – Luxembourg. Jusqu’au 12 mars. À noter que la Cinémathèque programme,  pour février, une série de films de Wes Anderson.

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