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[Documentaire] Joue-la comme Beckham !


(photo Netflix)

Cette semaine, Le Quotidien a choisi de regarder le documentaire de Fisher Stevens, Beckham, visible actuellement sur Netflix.

Vers la fin de la série, un commentateur anglais, en cours de match, lâche à la dérobée : «Hollywood devrait se pencher sur son histoire, non ?» Il n’a pas cru si bien dire : Netflix, friand du documentaire sportif et de la biographie hagiographique, ne pouvait que se pencher sur le cas de David Beckham, dont la vie sur et en dehors des terrains constitue le matériel idéal à tout bon scénario.

Il y a d’abord cette carrière tout en rebondissements (du génie précoce à l’idole en passant par le statut, moins flatteur, de traître à la nation). Ensuite, sa belle gueule qui fait de lui la star des défilés de mode et un objet à fantasmes. Enfin, sa vie amoureuse (toujours d’actualité) avec l’ex-Spice Girls Victoria («Posh»), couple aussi célèbre que celui de Charles et Diana dans les années 1990, et donc proie parfaite des magazines «people».

Alors, qui se cache derrière ce sourire innocent et cette vedette du ballon rond devenue une «entreprise» à lui tout seul ? John Carlin, journaliste et romancier (le plus décapant du documentaire) qui l’a serré de près, a la bonne formule, étonné de la différence entre son «immense célébrité» et l’autre «personnage». Celui qui n’est jamais à l’aise pour parler en public. Et celui, en privé, qui se prend de passion pour l’apiculture, préfère la famille à la fête et n’aime rien de plus que briquer sa cuisine à fond, en obsédé du nettoyage qu’il est (au point, maladif, de couper les mèches des bougies !) Quand on se dit que c’est le même mec qui a relégué le rock au second plan à Manchester, qui reste «le seul et l’unique» aux yeux de ses supporters, et qui aujourd’hui est le président de Lionel Messi (à l’Inter Miami FC), on ne peut en effet que s’interroger.

Le documentaire, découpé en quatre, joue ainsi en permanence sur les deux faces de la même pièce, avec les moyens habituels : flashbacks, morceaux de matches, moments intimes et toute une flopée d’intervenants. Au micro défilent Florentino Pérez, quelques Galactiques (Figo, Ronaldo, Roberto Carlos…) et une bonne partie des anciens de Manchester United (Éric Cantona, Rio Ferdinand, Paul Scholes…) dont deux piliers, essentiels au bon équilibre du jeune Beckham, arrivé au club à l’âge de quinze ans : Gary Neville, l’ami, et Alex Ferguson, le coach mentor. Autant de figures qui vont côtoyer le joueur au pied droit magique et suivre sa trajectoire, des coups francs à la dernière seconde à la frustration des bancs de touche, des passes virtuoses aux menaces de mort à la suite de son carton rouge à la Coupe du monde 1998 contre l’Argentine.

Quand il n’est pas plongé dans le grand bain médiatique, il répète à la caméra de Fischer Stevens (lauréat d’un Oscar pour The Cove) qu’il n’a jamais rien fait «qui puisse compromettre» sa façon de jouer. Entraîneurs, coéquipiers et fans parfois y croient, parfois en doutent, ce qui vaut à l’intéressé des moments de gloire (le triplé en 1999, le capitanat en équipe d’Angleterre…) et d’autres plus difficiles, comme sa dépression ou la fameuse affaire «de la chaussure qui vole» jusqu’à son arcade sourcilière. Bref, quoique fasse David Beckham, personne n’y est insensible, surtout grâce, ou à cause, des tabloïds d’outre-Manche qui relayent le moindre de ses faits et gestes. Le Sun a même envoyé des journalistes dans le monde entier pour trouver quelqu’un qui ne le connaissait pas – il fera plus tard sa une avec… un berger du Tchad !

Dans un monde complètement dingue, entre les extrémistes du football, les groupies déchaînées et les flashes des photographes, certains de ses partenaires de jeu, mais aussi son père, sa mère et sa femme, se demandent toujours comment il a fait pour ne pas perdre totalement la boule. «Sa» série» le présente en effet sans le moindre chiqué : posé, timide, simple (il reconnaît ne pas être «intelligent»), détaché et les pieds sur terre, juste animé par l’envie de mettre des lucarnes et de profiter de la famille. C’est vrai, ce genre de portrait n’est jamais là pour écorner l’icône, mais celui-ci dresse un point de vue plutôt honorable sur le sport-business et sur la difficulté d’être pris dans ce «cirque». Le même qui a donné à cet homme ordinaire un destin extraordinaire.

 

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