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Documentaire de J.-L. Schuller : une ruée vers l’or amère


Black Harvest, produit par les Luxembourgeois d'Antevita Films, traite de la ruée vers l'or moderne dans le Dakota du Nord. Il présente des individus en quête d'argent rapide et les communautés locales dépassées par les changements entrainés par l'arrivée des nouveaux chercheurs d'or.

Le documentaire de Jean-Louis Schuller et Sean Clark, Black Harvest, vient de sortir au Luxembourg. Un voyage à travers le Dakota du Nord et la ruée vers l’or noir à travers les yeux de Doug et John.

Le réalisateur luxembourgeois fait son retour sur les écrans du Grand-Duché. Après avoir suivi les frères Schleck dans leur ascension, c’est aux États-Unis et particulièrement au Dakotadu Nord qu’il a posé sa caméra. Une plongée dans une ruée vers l’or noir en pleine crise économique, où les destins brisés tentent à tout prixde retrouver une dignité.

Imaginez un paysage à couper le souffle, des vallées à perte de vue, ajoutez-y des bisons ici et là et des chevaux sauvages… Vous êtes bien au Dakota du Nord, État du Midwest des États-Unis. Dans ce décor sublime, les Sioux et les paysans ont laissé la place depuis quelques années à un tout autre environnement : celui des gisements de gaz de schiste, accompagnés par le ballet incessant des camions-citernes chargés de cette précieuse énergie.

Black Harvest (USA/LUX 2015) Antevita Films & Greenpeace Luxembourg from Greenpeace Luxembourg on Vimeo.

Les paysages bucoliques ont laissé place, depuis 2007, aux champs de pétrole ornés de leurs célèbres foreuses et la si calme campagne du Midwest est maintenant envahie par un flux ininterrompu de travailleurs venus des quatre coins du pays. C’est là que sont allés Jean-Louis Schuller et Sean Clark pendant près d’un an et demi pour réaliser Black Harvest . Durant sept séjours sur place, ils ont suivi et documenté les bouleversements qu’a connus le Dakota du Nord, à travers les yeux de John Heiser et Doug Werner. « C’est en faisant des recherches sur le sujet que nous sommes tombés sur des articles de journaux avec John, fermier local qui se bat pour ses terres. Nous l’avons rencontré dès les repérages et nous savions qu’il serait un de nos personnages principaux », explique le réalisateur.

Si le premier personnage est un gars du coin, solitaire, fermier depuis des générations, le chapeau de cow-boy vissé sur la tête, le second, Doug, a fait des kilomètres pour rejoindre la terre des Sioux. Il vit seul dans son pickup, accompagné par son fidèle labrador. « Nous avons rencontré Doug au Job Center. Nous attendions à l’entrée et Doug est arrivée avec son vieux pick-up, son chien et sa caisse à outils sur le toit. L’image était parfaite, directement sortie d’un film. Il nous le fallait! On lui a parlé de notre projet et il a de suite accepté », ajoute Jean-Louis Schuller.

Un regard d’auteurs

Le résultat est plutôt réussi dans l’ensemble, malgré quelques longueurs. On s’attache à ses deux personnages aux destins bouleversés, qui tentent de vivre ou de survivre dans un contexte économique de crise mondiale. S’ils semblent aux antipodes l’un de l’autre – l’un est un propriétaire terrien vivant potentiellement sur une mine d’or et l’autre a tout perdu, maison, femme et enfant –, pourtant, beaucoup de choses les rapprochent et pour cela, le choix radical de ne suivre que deux personnages fonctionne à merveille.

Doug et John deviennent au fur et à mesure du film des amis et puis quasiment des membres d’une même famille, avec tout ce que cela peut apporter d’ennuis. Si le film manque parfois de dynamisme – l’information n’est pas toujours claire et on en ressort plus perdu sur la situation qu’autre chose –, on ne peut pas passer à côté de la recherche cinématographique du film, d’une esthétique dans la contemplation évidente.

Black Harvest est maintenant sur les écrans luxembourgeois : ce n’est pas le meilleur film sur le sujet, car il y en a eu des dizaines ces dernières années, mais pour ceux qui en ont marre des reportages télé formatés ou qui ont déjà décidé de jeter leur télévision à la poubelle, ne ratez pas cette occasion de voir un documentaire d’auteurs, qui, beaucoup plus qu’une information brute ou déformée sur le monde, vous donnent à voir leur regard personnel. Un regard humain et cinématographique, qui ne laissera pas de marbre les aficionados des grands films de western.

Mylène Carrière

Black Harvest, de Jean-Louis Schuller et Sean Clark. Actuellement à l’Utopia (Luxembourg).

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