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Emilie König, fille de gendarme français devenue égérie jihadiste


Le drapeau du groupe État islamique. (photo d'illustration / AFP)

Les Etats-Unis ont ajouté cette semaine trois noms de Français à leur liste de « combattants terroristes étrangers » au Moyen-Orient: parmi eux, une femme, Emilie König, une figure de la mouvance jihadiste française en Syrie qui, si elle ne combat pas, joue un rôle important de propagandiste et de recruteuse.

« C’est une personnalité dans la communauté jihadiste, elle est très active sur les réseaux sociaux, sert à la propagande et au recrutement de volontaires », confie un responsable de la lutte antiterroriste, qui demande à rester anonyme. « Nous la connaissons très bien ».

Selon lui, c’est la première fois qu’une femme jihadiste est ainsi désignée par les autorités américaines. Outre Emilie König, Washington a ajouté à sa liste les noms de Maxime Hauchard, un converti à l’islam identifié fin 2014 comme l’un des bourreaux du groupe Etat islamique (EI), et Peter Cherif, le combattant le plus ancien, arrêté une première fois en Irak en 2004 alors qu’il combattait avec Al-Qaïda en Irak.

Emilie König doit sa désignation au fait d’avoir « ordonné à des individus d’attaquer des institutions gouvernementales françaises », selon Washington. Il y a un an, le 23 septembre 2014, son nom avait été ajouté par les Nations unies à sa liste des personnes associées à Al-Qaïda en Irak, et faisant ainsi l’objet de sanctions internationales et d’interdictions de voyager.

Née il y a 31 ans à Lorient, dans l’ouest de la France, d’un père gendarme, dernière d’une famille de quatre, Emilie König suit une scolarité normale, faute d’être brillante, puis se convertit au contact de son premier mari, Algérien d’origine, emprisonné pour trafic de drogue.

Elle apprend l’arabe, se fait appeler Samra, se voile entièrement et, au contact d’un groupe islamiste local appelé Forsane Alizza, elle commence sa radicalisation. En 2010, portant le niqab, elle est repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tentait de distribuer des tracts appelant au jihad. Elle se rend souvent à Paris, se fait remarquer en manifestant aux premiers rangs, intégralement voilée.

Vidéos de propagande

Au printemps 2012, convoquée au tribunal de Lorient, elle s’y présente en niqab, refuse de se dévoiler, provoque une altercation avec un vigile. Elle filme la scène et la poste rapidement sur Youtube, criant à la discrimination. Après la dissolution du groupe Forsane Alizza, dont les principaux membres ont été traduits en justice, elle ouvre plusieurs pages Facebook appelant à la guerre sainte.

Au printemps 2012, elle laisse en France ses deux enfants pour retrouver en Syrie son mari. Ce dernier avait rejoint le groupe qui allait peu après devenir le groupe Etat islamique. Il est tué ultérieurement. Emilie König fait donc partie des premiers Français à avoir franchi la frontière turque pour prendre part au jihad en Syrie. Elle est visée notamment en France par une enquête sur le départ en Syrie d’une dizaine de jeunes gens de la région nîmoise, dans le sud du pays.

Si elle ne prend pas part aux combats, dans un mouvement où les femmes ne sont pas considérées comme des combattantes potentielles et le plus souvent confinées à des rôles de soutien, Emilie Konig apparaît souvent dans des vidéos de propagande.

Dans l’une d’elles, mise en ligne le 31 mai 2013, elle pose avec un fusil à canon scié, comme si elle s’entraînait au tir. Dans une autre, postée un mois plus tard, elle adresse un message de propagande à ses enfants restés en France. « N’oubliez pas que vous êtes musulmans », dit-elle à ses fils, confiés à leur grand-mère. « Le jihad ne cessera pas aussi longtemps qu’il y aura des ennemis à combattre ».

Surveillée par les services de renseignements, elle est surprise en train d’appeler ses contacts en France pour les inciter à monter des attaques contre les institutions françaises, ou de s’en prendre aux femmes de soldats français déployés notamment au Mali.

Une source proche du dossier, qui demande à ne pas être identifiée, la décrit comme « une excitée », qui aurait proclamé sa volonté de commettre un attentat suicide, même si « ces gens-là sont souvent dans le déclamatoire ».

 

AFP / S.A.

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