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Décès de Michel Tournier (Le roi des Aulnes), grand auteur du XXe siècle


L'écrivain Michel Tournier en avril 2005. (photo AFP)

L’écrivain Michel Tournier, l’un des grands auteurs français de la seconde moitié du XXe siècle, Prix Goncourt pour « Le roi des Aulnes » en 1970, est décédé lundi à l’âge de 91 ans, chez lui à Choisel.

« Il est décédé à 19 heures ce soir », entouré de ses proches, a précisé son filleul, Laurent Feliculis, que l’écrivain considérait comme son fils adoptif. « On vivait 24 heures sur 24 avec lui, il ne pouvait plus rester tout seul depuis trois mois. Dès qu’il marchait, il avait tendance à tomber, on s’occupait de lui », a déclaré Laurent Feliculis. L’écrivain habitait depuis plus d’un demi-siècle dans l’ancien presbytère du village. « Dans les derniers temps, il ne voulait plus se battre, c’était la vieillesse », a dit Laurent Feliculis.

Son décès a également été confirmé par le maire de cette commune de quelque 550 habitants, Alain Seigneur. Un voisin, l’avocat Jean Reinhart, a précisé qu’il était passé le voir la veille. « Il était malheureusement très mal en point et on s’attendait à une issue rapide, il ne sortait plus de chez lui », a-t-il dit. « C’était un personnage de Choisel, tout le monde le connaissait », a-t-il ajouté.

La disparition de Michel Tournier, cité fréquemment pour le Nobel et largement traduit, seul auteur à avoir obtenu le Goncourt à l’unanimité, a aussitôt suscité des hommages du monde politique et de la culture. François Hollande a loué un « immense talent », « entre réalisme et magie », Manuel Valls « un conteur hors pair ».

Bernard Pivot, président de l’Académie Goncourt, a tweeté : « Michel Tournier a rejoint ce soir les grands noms de l’histoire et des mythes dont il a été le génial romancier ».

La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a évoqué « un morceau d’éternité » :

Dans un entretien au Figaro publié l’an dernier, l’écrivain jugeait son bilan « plutôt bon ». « À la fin de sa vie, on peut évaluer sa vie à partir de six critères: le physique, la famille, l’époque, les amitiés, l’amour, la profession. Mon bilan est plutôt bon, avec même ce sommet professionnel que représente le prix Goncourt. Le point faible, c’est l’époque où j’ai vécu », confiait-il.

Michel Tournier, dont l’oeuvre s’inspire des mythes fondateurs qu’il avait renouvelés avec humour et acuité, était venu à la littérature à plus de 40 ans. « Ce que j’avais à dire était à la fois tellement secret et tellement essentiel que j’ai eu besoin d’une longue maturation pour publier quoi que ce soit », expliquait-il.

En 1967, il obtient d’emblée le Grand Prix du roman de l’Académie Française avec « Vendredi ou les limbes du Pacifique ». Il confirme, trois ans plus tard, avec « Le Roi des Aulnes », porté à l’écran en 1996 par Volker Schloendorff, puis en 1975 avec « Les Météores ».

« Vendredi ou la vie sauvage »

Né le 19 décembre 1924 à Paris de parents germanistes, Michel Tournier était nourri de l’influence de l’Allemagne. Il avait étudié la philosophie à la Sorbonne et à l’université de Tübingen mais échoué à l’agrégation, ce dont il souffrira beaucoup. De 1950 à 1968, il a été traducteur, attaché de presse à Europe 1, éditeur chez Plon, présentateur d’une émission télé sur la photographie.

Son œuvre compte d’autres romans comme « Gaspard, Melchior et Balthazar » (1980), « Eléazar ou la source et le buisson » (1996), des recueils de nouvelles tels « Le Médianoche amoureux » (1989), des contes comme « Le Coq de bruyère » (1978), des essais comme « Le vol du vampire » (1981), des livres plus personnels comme « Le Vent Paraclet » (1977) ou « Journal extime » (2002).

Il avait également publié une dizaine d’ouvrages sur la photo et participé avec Lucien Clergue à la création des Rencontres photographiques d’Arles.

Il avait écrit pour les enfants, notamment « Vendredi ou la vie sauvage », adorant discuter de ses livres dans les écoles.

AFP

Les principaux romans de Michel Tournier

– Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967)
– Le Roi des aulnes (1970)
– Vendredi ou la Vie sauvage (1971)
– Les Météores (1975)
– Gaspard, Melchior & Balthazar (1980)
– Gilles et Jeanne (1983)
– La Goutte d’Or (1985)
– La Couleuvrine (1994)
– Eléazar ou la Source et le Buisson (1996)

Entretien en 1967 avec Michel Tournier à la sortie de son premier roman :

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