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Cyclorama : «La musique est un moyen de libérer de l’énergie !»


Cyclorama revient avec Kill the Myth, pour une «release party» samedi soir aux Rotondes. L’homme derrière le projet, Sébastien Laas, raconte son retour aux origines psychédéliques et la nouveauté de ce quatrième album : le chant.

Seize années d’existence et seulement une poignée d’albums à leur actif : c’est peu dire que Cyclorama joue la carte de l’économie. La qualité prime sur la quantité. Un état d’esprit que Sébastien Laas, guitariste et éminence grise derrière le projet, revendique : «Depuis tout ce temps, on a une quantité dingue de morceaux inachevés ou mis de côté, simplement parce qu’on ne les jugeait pas assez bons.»

Pour lui, comme pour le batteur Pit Reyland, qui complète le duo, la musique, qu’elle soit jouée à la maison, en studio ou sur scène, est une affaire de plaisir et de curiosité. Ce qui explique les nombreuses évolutions de Cyclorama, toujours ancré dans deux influences majeures, le shoegaze et le rock psychédélique, mais fluctuant au gré des albums et des périodes vers le krautrock, la new wave, et le mariage du rock et de la musique électronique. Alors, six ans après un album du même nom qui revenait à ses origines shoegaze, le duo livre Kill the Myth, soit l’exploration à la sauce Cyclorama de l’indie rock psychédélique. Un quatrième album plus ambitieux que jamais, et qui sera lancé demain soir sur la scène des Rotondes.

Le précédent album de Cyclorama remonte à 2017. Que s’est-il passé pour le groupe durant ces six années ?

Sébastien Laas : On n’a jamais arrêté de répéter. On se voit tous les mercredis pour une session. Ça fait partie de ma routine de vie. La musique m’apporte un équilibre : j’en joue quand je trouve l’inspiration, quand j’ai envie de jouer, quand je suis piqué par la curiosité… La guitare reste mon instrument principal, mais j’aime bien expérimenter d’autres instruments, comme des boîtes à rythmes ou des synthés. Et, bien sûr, des pédales d’effets qui permettent de triturer le son de ma guitare. Chaque album de Cyclorama a quelque chose de nouveau à proposer. La grande nouveauté, avec Kill the Myth, c’est qu’on a ajouté du chant. Mais attention, tout l’album n’est pas chanté : on reste nous-mêmes!

Le chant, vous le considérez comme un nouveau terrain de jeu ?

Je chantais déjà quand j’avais 18 ans, à l’époque où on jouait des reprises de The Cure, au milieu des années 1990. Et j’ai toujours écrit – même si notre musique est instrumentale, je consacre toujours beaucoup d’importance au titre d’un morceau. Il y a quelques années, j’ai commencé à lire de la littérature américaine. Ce qui m’a influencé là-dedans, c’est la façon de penser. Le mécanisme de l’enchaînement des phrases déclenche comme une horloge, et quand je suis dans cette phase, je compose des phrases avec des mots qui m’inspirent. J’essaie d’exprimer des choses à double ou à triple sens, et qui sont des métaphores de situations vécues ou non vécues, ou des rêves imaginés. Ce ne sont pas des paroles très gaies… On est plutôt dans la mélancolie et la peur. Je crois qu’avec la musique, ça se marie bien. L’important, c’est que les deux se retrouvent, s’allient. Enfin, l’ajout du chant vient aussi du fait que, dans mon travail – je suis éducateur avec des personnes âgées –, on joue beaucoup de reprises de chansons populaires : les Beatles, les Rolling Stones, Bob Dylan, même de la chanson luxembourgeoise. Toutes ces choses ont compté, et grâce à elles, j’ai expérimenté ma voix et me suis amélioré.

Après les nombreuses mutations de Cyclorama et ce fameux album du même nom, l’identité musicale du projet est-elle aujourd’hui figée ?

Absolument. L’album du même nom était très important et j’en étais très satisfait. On y explorait la facette shoegaze et le côté mélodique de Cyclorama, tandis que le nouvel album nous a permis pour la première fois d’aller jusqu’au bout de nos influences psychédéliques. Ce sont les deux genres qui nous inspirent le plus, et on a enfin réussi à développer ce côté qu’on n’avait jamais pu explorer au maximum, bien qu’on ait fait beaucoup d’essais depuis 2013, mais qu’on a mis de côté. On s’est aussi donné beaucoup de mal pour enregistrer et mixer Kill the Myth, en passant plus de temps que d’habitude en studio avec l’ingé son, Charles Stoltz, qui nous a beaucoup aidés pour l’enregistrement de la batterie et le mixage final.

La pièce maîtresse de Kill the Myth, c’est ce morceau de vingt minutes…

On considère ce morceau comme un monument du groupe, dans le sens où c’est une grande construction, la pierre angulaire autour de laquelle tous les autres morceaux ont été bâtis par la suite. L’envie, à la base, était de rallonger la durée du morceau, car je sentais que ce riff pouvait durer éternellement. Le texte, lui, parle d’un rêve éveillé, de visions et de personnes que j’ai connues, en particulier à mes débuts, lorsque j’écoutais de la musique psychédélique. À une époque, j’écoutais beaucoup The Verve, avant qu’ils ne sortent leur premier album – donc bien avant Bitter Sweet Symphony –, et toute cette ambiance m’a profondément marqué. Au même titre que le shoegaze, c’est notre genèse, et ces éléments reviennent beaucoup dans l’album, en particulier dans ce long titre.

La « release party«  de ce nouvel album aura lieu aux Rotondes demain soir, et le vinyle de Kill the Myth est compris dans le prix du billet. Offrir ce disque à votre public, c’est une façon de créer du lien ?

Oui… (Il réfléchit.) En fait, non. C’est avant tout un plaisir personnel, c’est pour moi que je le fais. S’il est possible de le partager avec des gens qui apprécient et ont de l’estime pour ce projet, ça fait toujours plaisir. Mais en premier lieu, c’est une entreprise seule, celle d’enregistrer et de produire ses propres albums en vinyle, pour en avoir un bel objet… Ensuite, le vinyle, on l’a produit en gros, à 250 pièces. Ce qui m’importait, c’était de proposer l’entrée de l’évènement à un prix abordable. On est un groupe qui ne tourne pas énormément, on sait donc que l’on ne vendra pas tous nos disques, c’est un fait. Mais je veux donner la possibilité à tout le monde de découvrir la musique. En plus du disque à récupérer à l’entrée, les spectateurs recevront un code pour télécharger l’album en digital, qui contient une chanson inédite.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du groupe et la place qu’occupe ce nouvel album dans la discographie de Cyclorama ?

Je suis content d’être arrivé jusqu’ici. Quand on a terminé l’album précédent, je n’étais pas sûr de pouvoir faire mieux. Avec Kill the Myth, on a peut-être surpassé ce niveau. Et puis sur scène, on joue mieux. On est deux personnes, on n’a pas de label, on fait de rares concerts, alors on s’est toujours donné à fond depuis le début. La musique est un moyen de rester dynamique, de libérer de l’énergie! On ne le fait pas parce qu’on doit le faire, on le fait parce qu’on le ressent. Notre musique doit être exprimée de cette manière. L’objectif, au final, c’est de se faire plaisir. Si on n’est pas satisfait, on passe à autre chose.

Kill the Myth, de Cyclorama. «Release party» samedi soir, à 20 h. Rotondes – Luxembourg.

2 plusieurs commentaires

  1. Grand projet, grands espoirs de se concretiser et de s’affirmer dans la vie !
    La Musique c’est la vie , bonne chance à toi Sébastien est ton groupe d’Amis !

  2. La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée. Une vie sans musique ne devrait pas exister.
    Avec mon soutien affectueux.
    Maman.

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