Déjà disponible en France, le nouvel album d’Europe, War of Kings, sortira vendredi en Allemagne et le 10 mars aux États-Unis. Trente ans après The Final Countdown, que reste-t-il du groupe suédois ?
Pour Ian Haugland (à d.), Europe et son chanteur Joey Tempest (au c.) n’ont pas vraiment changé, trente ans après « The Final Countdown ». (Photo : AFP)
D’Europe, le grand public connaît un riff de synthétiseur imparable, hymne des années 80. L’introduction du tube The Final Countdown, son interprète au look totalement glam rock, boucle d’oreille et cheveux longs permanentés, ont marqué toute une génération. C’était en 1986 et le président des États-Unis s’appelait Ronald Reagan. Trente ans plus tard, Europe est toujours là et Joey Tempest, son leader, a lâché ses bouclettes peroxydées sans renoncer à la crinière heavy metal. Contrairement à Ian Haugland, le batteur, qui a perdu la bataille capillaire, mais pas la gnac du rockeur.
« Sans The Final Countdown, nous ne serions probablement plus là, admet humblement celui qui mène aux baguettes du groupe suédois. Aujourd’hui, quand on joue ce morceau en concert, on voit des gamins qui nous ont découverts sur Youtube devenir fous. » Et pour cause, le clip de Final Countdown a été vu plus de cent millions de fois sur le site de partage de vidéos. Pendant ce temps, au fond des salles de concert, « les parents sirotent un verre en se souvenant des années 80 », sourit-il.
> Enregistré à Stockholm, mixé à Nashville
Trente ans après The Final Countdown, numéro un dans vingt-cinq pays, et après une pause qui a vu les membres d’Europe se séparer de 1992 à 2003, War of Kings, le dixième album du groupe, est là, loin des fastes des années 80. « Nous nous sommes retrouvés dans un studio flambant neuf, à Stockholm, et avons voulu rendre un hommage à ceux qui nous ont toujours inspirés : Black Sabbath, Led Zeppelin… », continue Ian Haugland.
Enregistré en Suède, l’album a été mixé à Nashville, Tennessee, par Dave Cobb, un producteur plus habitué à la musique country qu’au metal. « Le résultat sonne comme du Europe enregistré dans les conditions d’un live. C’est un album moderne et sombre, proche de ce qu’a pu faire Audioslave », s’enthousiasme le batteur. Onze titres aux mélodies efficaces, des guitares lourdes, un savoir-faire certain : Europe n’a-t-il donc pas changé ?
« Nous sommes peut-être davantage un groupe qu’avant, tempère Ian Haugland. Dans les années 80, Joey Tempest arrivait avec une chanson et nous l’exécutions. Aujourd’hui, il y a plus de place pour le débat, la mise en commun de nos idées. » À tel point que le groupe est heureux de partir pour une tournée mondiale, qui l’a amené au Japon au mois de janvier et qui se poursuit en Angleterre en mars avant de prendre la direction des États-Unis. Puis retour en Europe pour une série de festivals et un rendez-vous en novembre, au Palais omnisports de Paris-Bercy, avec un autre groupe phare des années 80, les Allemands de Scorpions.
« Malgré notre expérience, nous sommes toujours un peu nerveux avant de retrouver la scène. Mais c’est bien, il ne faut jamais se sentir en sécurité », lance Ian Haugland. « Quand on avait 20 ans dans les années 80, on ne pensait pas qu’on serait encore là à 50 ans. Et maintenant, on se dit qu’on ne sera plus là dans vingt ans, mais qui sait ? », philosophe le batteur. Rendez-vous est pris.
De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin