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[Cinéma] Une année difficile : fin de mois et fin du monde


Les réalisateurs d’Intouchables confrontent consommateurs surendettés et militants de la décroissance. Avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï en losers magnifiques. (Photo : carole bethuel)

Après un détour par la série En thérapie, le duo Nakache-Toledano reprend ses habitudes, avec une nouvelle comédie sociale dans l’air du temps.

Rire de tout et avec tout le monde ? C’est le pari d’Éric Toledano et Olivier Nakache, le duo phare du cinéma français, qui font leur retour avec une satire sociale sur fond de surconsommation et d’apocalypse climatique. Quatre ans après Hors normes, les deux comparses s’apprêtent à retrouver le chemin des salles obscures, qu’ils avaient délaissées ces dernières années pour En thérapie, leur série à succès. Une année difficile, leur huitième long métrage, s’inscrit dans l’ADN de leur filmographie : traiter de sujets sociétaux de façon légère, souvent drôle, jamais plombante.

L’histoire ? Le face-à-face entre deux mondes : d’un côté, des militants luttant contre le réchauffement climatique et, de l’autre, deux pieds nickelés habitués des crédits à la consommation. «On a eu envie de plonger dans ces deux mondes qui aujourd’hui se font face, mais dont on pense qu’ils ne sont pas si éloignés l’un de l’autre», explique Éric Toledano. «Aujourd’hui, il y a des gens qui sont dans une telle précarité qu’ils n’ont pas la possibilité de voir plus loin que la fin du mois, alors qu’il faut peut-être un certain confort, une certaine éducation pour pouvoir envisager justement un avenir commun et réaliser les problèmes de la planète», complète Olivier Nakache.

Du rire aux larmes

Surtout, insiste Éric Toledano, «le film raconte qu’à un moment, on va devoir danser tous ensemble, qu’il n’y a pas d’autre choix». Cette idée de la danse, du mouvement, est omniprésente dans le film. Son fil conducteur : la chanson La Valse à mille temps de Jacques Brel. Sur la forme, les deux hommes assument un parti pris : celui de la satire. Quitte à vexer les militants écologiques, dont certains ont d’ores et déjà critiqué le film. «On a voulu faire une comédie à l’italienne, avec des personnages « cracras », des losers… Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas attachants, même si ce n’est pas le premier sentiment qui vient à l’esprit quand on les voit!», plaisante Éric Toledano.

Le film raconte qu’à un moment, on va devoir danser tous ensemble. Il n’y a pas d’autre choix

«On les aime malgré leurs défauts, on épouse même leurs failles et leurs mauvais penchants», nuance Olivier Nakache. Dans la peau des «magouilleurs» justement, un duo qui fonctionne à merveille  : Pio Marmaï (Les Trois Mousquetaires, Yannick…) et Jonathan Cohen (La Flamme…). Avec eux, le spectateur passe du rire aux larmes, sans transition. «Quand on travaille sur un film, il y a bien sûr le sujet, les thèmes, mais aussi les acteurs. Là, on avait très envie de travailler avec Pio, qu’on avait rencontré dans en Thérapie», indique Éric Toledano.

Ambassadeurs hexagonaux

Dans les habits de la militante écologique surnommée «Cactus», l’actrice que tout le monde s’arrache : Noémie Merlant. «Ils sont exactement comme on les imagine!», confie celle pour qui jouer sous la direction du duo à l’origine d’Intouchables (2011) a été «une expérience formidable». Habitués à remplir les salles en France comme à l’étranger, au point d’être considérés comme des ambassadeurs du cinéma hexagonal, les deux cinéastes assurent que, pour eux, «chaque film est une remise en question».

«Le film d’avant ne vous garantit pas le succès futur et ne vous immunise pas contre de futures mauvaises réactions», remarque Éric Toledano. «Si crainte il y a, elle est ni bloquante, ni paralysante», ajoute toutefois Olivier Nakache. «Mais c’est vrai qu’il y a toujours une peur quand on fait un film… Il y a forcément des attentes, de la pression. D’une certaine façon, c’est aussi très sain». Et qu’attendent-ils de celui-ci? Que le public, comme nous, y voit «une photographie de l’époque : deux visions du monde qui s’affrontent», et que «la gravité et la violence de l’époque doit s’équilibrer par un rire partagé», résume Éric Toledano, vite relayé par Olivier Nakache qui cite le romancier Romain Gary : «L’humour est la preuve de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive».

Une année difficile, d’Éric Toledano et Olivier Nakache.

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