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[Cinéma] « Patriots Day » : une mise en scène banale et paresseuse


Mark Wahlberg dans Patriots Day.

Avec Patriots Day (Le Jour des patriotes, en français), Peter Berg signe à nouveau un film catastrophe – cette fois, lors du marathon de Boston 2013. Une mise en scène banale et paresseuse.

Avril 2013, marathon de Boston. Jusqu’alors, chaque année, c’est une fête –  en 2013, ce fut l’horreur avec de multiples explosions dans la ville. Depuis les attentats à New York et Washington le 11  septembre 2001, les États-Unis ont peur, sont sur leurs gardes. N’empêche  : là, en ce jour de début de printemps, les terroristes (les frères Tamerlan Tsarnaev, 26  ans, et Dzhokhar Tsarnaev, 19  ans) ont frappé, à nouveau sur le sol américain –  bilan  : trois morts et 264  blessés. Et c’est le sujet de Patriots Day du nouveau film de Peter Berg. Les attentats, la traque des terroristes, la chasse à l’homme avant que les poseurs de bombes ne recommencent.

Dans les premières années 2000, Peter Berg a réalisé des films d’action «la sauce hollywoodienne»  –  dont son plus fameux Hancock (2008). Et puis, il a changé de registre, passant au film catastrophe  : une attaque terroriste à Ryad ( The Kingdom , 2007), une opération commando dans les montagnes entre l’Afghanistan et le Pakistan ( Lone Survivor , 2013), une explosion d’une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique (Deepwater, 2016)…

Hommage aux héros du quotidien

Cette fois, avec Patriots Day (avec son budget de 45  millions de dollars et ses 4  500  figurants!), c’est la course de la police pour arrêter les terroristes qui ont fait exploser deux bombes pendant le marathon de Boston. Dans cette course contre la mort, on y voit le sergent Tommy Saunders qui rejoint les enquêteurs sur le terrain. On y voit aussi l’agent spécial Richard Deslauriers, le commissaire Ed Davis, le sergent Jeffrey Pugliese et l’infirmière Carol Saunders… Leur objectif  : arrêter les terroristes avant qu’ils perpètrent de nouveaux attentats. Le réalisateur distille son film d’images d’archives- commentaires  : « On a choisi de tourner le film comme un documentaire, ainsi on a pu y intégrer les images des chaînes d’info sans perturber le spectateur ou détourner son attention. »

Ce qui donne un récit sans concession pour évoquer la chasse à l’homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine. Ce qui donne aussi, avec ce Patriots Day , un vibrant hommage aux héros du quotidien.

Ce qui donne surtout un film (servi par l’efficace Mark Wahlberg et le toujours impeccable John Goodman) avec une mise en scène tentant la sobriété. Mais surtout, avec Patriots Day et cette course contre la mort, une fois encore, Peter Berg laisse paraître la nostalgie américaine pour la figure de l’homme blanc hétérosexuel issu de la middle class. Pour ce film poids lourd, le réalisateur ne s’embarrasse pas avec la nuance –  il montre et vante une Amérique où l’on occulte volontiers les questions qui fâchent, où pris dans ses contradictions elle a élu Donald Trump l’automne dernier.

Avec Patriots Day , Peter Berg a joué la forme plus que le fond. Il a privilégié le film d’action (un genre où il se défend honorablement), mais a délaissé l’étude des personnages et la complexité des évènements. Et surtout, il s’est contenté d’une réalisation aussi banale que paresseuse…

Serge Bressan

Patriots Day , de Peter Berg (États-Unis, 2h09) avec Mark Wahlberg, Kevin Bacon, John Goodman…

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