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Vacances et distances sociales : les camping-cars, vedettes du déconfinement


Le site français Yescapa a enregistré plus de 8 000 demandes de réservations en deux semaines, soit 20% de plus que l'an dernier à la même période, avec plus de 300 demandes par jour (Photo : AFP).

Voyager confiné, profiter du grand air tout en respectant les distances sociales: les camping-cars et les vans conquièrent un nouveau public depuis la levée progressive des restrictions de déplacements en France.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, Yann Lapointe a décidé d’aménager un van pour partir en week-end en famille. « C’est clairement la limitation des 100 km qui a fait germer l’idée », s’enthousiasme ce moniteur de bateau de 43 ans. On s’est rendu compte qu’on a une région qui est extraordinaire et qu’on n’en a pas vu le quart. »

Comme Yann, qui avoue avoir « campé trois fois dans sa vie », les Français seront nombreux cet été à s’initier à la « van life ».

Avec 2 millions de camping-cars en circulation en Europe dont près de 505.000 en France, le secteur progresse depuis une dizaine d’années.

Depuis le déconfinement des concessions le 11 mai, « il y a une reprise importante », s’enthousiasme Hervé Gautier, directeur des opérations du syndicat de constructeurs UNI VDL. Quelque 3.529 camping-cars et vans neufs ont été immatriculés en mai, soit +1,82% par rapport à mai 2019, et ce, malgré seulement trois semaines d’ouverture depuis le déconfinement.

Pour Caroline Matichard, de la Fédération des campeurs, caravaniers et camping-caristes (FFCC), « il y a un vrai engouement pour les non-initiés. Les gens se disent ‘avec un camping-car, pas de soucis, je respecte la distanciation sociale’. »

Cet engouement tient autant à « l’envie de grand air après deux mois confinés » qu’à la « maîtrise du niveau d’exposition à la foule », selon Benoît Panel, cofondateur de la plateforme de location de camping-cars entre particuliers Yescapa. « Le côté ‘vacances à la carte’ explique la tendance depuis plusieurs années. Le plus cette année, c’est le niveau d’exposition ‘à la carte’. »

« On a finalement peu de contacts avec l’extérieur, on peut se suffire à nous-mêmes », abonde Yvon Mingant, retraité breton et camping-cariste depuis 40 ans. « Pas besoin d’aller dans les restaurants, la seule obligation c’est d’aller dans les stations-service. »

Le bond de la demande est particulièrement marqué pour les véhicules de location: Yescapa a enregistré plus de 8 000 demandes de réservations en deux semaines, soit 20% de plus que l’an dernier à la même période, avec plus de 300 demandes par jour.

« On est passé de rien à tout. C’étaient les montagnes russes émotionnelles », note Benoît Panel, qui parle de « deux mois d’arrêt quasi-complet ».

Le groupe pensait devoir licencier mais vient de relancer des offres, en vue d’augmenter ses effectifs d’un tiers.

La franchise de camping-car du groupe Avis a pour sa part vu le nombre de réservations quotidiennes doubler depuis le déconfinement par rapport à la même période l’an passé.

« Une demande extrêmement forte »

« On va faire une belle saison sur la France, mais ça ne va pas suffire à remplir nos objectifs sur l’année », tempère Antoine Vaucher, directeur général d’Avis Car Away, qui craint que les demandes ne compensent pas les annulations massives et la perte de la clientèle étrangère.

« Nous avons eu une demande extrêmement forte », note François Feuillet, président de Trigano, leader européen du camping-car. « Les gens voulaient être sûrs d’avoir leur camping-car le plus rapidement possible. »

Il estime que moins de 20% de la demande émane d’anciens clients, contre 45% l’année dernière. En mai, les distributeurs français du constructeur ont enregistré 20 à 30% de commandes en plus par rapport à 2019.

Certains n’ont pas attendu la réouverture des concessions. « C’est très difficile de comprendre pourquoi un couple va acheter sur internet un véhicule qui coûte plus de 50.000 euros sans le voir physiquement, sans le toucher, sans savoir si le matelas est confortable », s’étonne François Feuillet. « Pourtant, c’est ce qui est arrivé. »

La base de la clientèle reste les jeunes couples et les nouveaux retraités, dont une part de plus en plus large possède un véhicule de loisirs.

AFP

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