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Vincent Thill raconté par les grands


Chris Philipps, Aurélien Joachim et Cédric Sacras, trois coéquipiers en sélection, racontent la semaine et le but marqué par Vincent Thill face au Nigeria, mardi. (photo Julien Garroy)

La deuxième sélection de Vincent Thill aura donc permis au Messin d’écrire une page importante supplémentaire de sa carrière. Cédric Sacras, partenaire de chambre à Lipperscheid, Chris Philipps, l’autre pro du FC Metz, et Aurélien Joachim, passeur décisif pour son premier but international mardi contre le Nigeria (1-3), analysent l’ouragan Vincent Thill.

Quelques jours après avoir paraphé son premier contrat professionnel avec le FC Metz, Thill a réduit le score en fin de match face aux Super Eagles (90 e ). Le premier à lui tomber dans les bras est Sébastien, son grand frère. Puis sont arrivés Cédric Sacras et Christopher Martins, ami d’enfance rodangeois qui fait chambre avec Sébastien. La parenthèse internationale s’est terminée de manière idéale pour celui qui honore déjà le n°  10 dans son dos. Trois Roud Léiwen, Cédric Sacras, Chris Philipps et Aurélien Joachim, racontent la semaine d’un phénomène dont l’histoire ne fait que commencer.

Revoir en vidéo le but de Vincent Thill et sa célébration (à partir de 1’29) :

SON JEU ET SES TACLES FOUS

«Un joueur comme ça doit avoir une certaine liberté»

Aurélien Joachim  : «Il a demandé les ballons très bas. Avec l’expérience, il va voir que ça ne sert à rien. On peut jouer comme ça chez les jeunes, mais ici, il faut respecter certaines zones. Un n°  10 comme lui, c’est entre les lignes qu’il doit faire les différences, pas dans sa moitié de terrain. C’est une erreur normale à son âge, il va vite apprendre. Pour ce qui est de son but, je lui ai bien donné, mais aucun but n’est facile à mettre, je suis bien placé pour le savoir! Il a fait le geste qu’il fallait. En revanche, il a beaucoup trop taclé pour un n°  10. Mais ce n’est pas moi qui vais le lui reprocher, puisque j’ai pris un carton rouge dès ma première sélection contre le Liechtenstein!»

Chris Philipps  : «Il a surtout proposé des solutions. On l’a vu partout. Il court dans tous les sens pour l’instant. Il va vite comprendre qu’il a aussi des tâches tactiques. Parfois, il devra presser le n°  6 d’en face. Mais on ne peut pas lui en vouloir pour l’instant et on ne va pas se plaindre de l’avoir avec nous. Un joueur comme ça doit avoir une certaine liberté. Dans deux, trois ans, il va faire beaucoup de différences.»

Cédric Sacras  : «Son seul défaut, c’est qu’il ne sait pas défendre. Mais dès qu’il a la balle, il sait ce qu’il a à faire. C’est beau qu’il marque juste après avoir signé son contrat pro. Ça permet à tout le monde de se reconcentrer sur le plus important  : le jeu. Lui, il n’a toujours pensé qu’à ça.»

Chris Philipps félicite Vincent Thill, mardi soir à l'issue du match contre le Nigeria. (photo Gerry Schmit)

Chris Philipps félicite Vincent Thill, mardi soir à l’issue du match contre le Nigeria. (photo Gerry Schmit / Tageblatt)

Lire aussi : Vincent Thill, plus précoce que le roi Pelé…

 

SA FOLLE CÉLÉBRATION DE BUT

«C’était n’importe quoi, mais c’était de l’émotion»

A. J.  : «Il a sauté partout. On aurait dit qu’il venait de gagner la Coupe du monde. Je crois qu’il a tout fait (NDLR  : après son but, il a sprinté vers le banc, retiré son maillot, plongé à plat ventre, s’est agenouillé, a fait un signe de croix puis a dirigé ses deux mains vers le ciel)! J’ai cru qu’il allait pleurer, il était très ému.»

C. P.  : «J’étais sorti quand il a marqué et avec Lars Gerson et Stefano Bensi, on a rigolé! Il venait de réduire le score, on perdait encore. Mais c’était quelque chose de beau, car il était vraiment heureux. Ça ressemblait à un soulagement, car ces derniers temps, quand on parlait de lui, ce n’était pas pour parler de ses performances de joueur. Sa célébration, c’était n’importe quoi, mais c’était de l’émotion.»

C. S.  : «Il était très heureux. Je le connais depuis un bon bout de temps, je connais bien sa famille aussi. J’avais envie de partager son bonheur, c’est pour ça que j’étais un des premiers à le féliciter.»

Après son premier but en sélection, mardi soir. (photo Gerry Schmit)

Après son premier but en sélection, mardi soir. (photo Gerry Schmit / Tageblatt)

INTÉRÊT DU BAYERN ET SIGNATURE À METZ

«Il va progresser plus vite qu’avec les U23 du Bayern»

A. J.  : «Quand on a vu qu’il avait signé à Metz, on l’a félicité. Pour lui, c’est le mieux. Quand tu es pro à Metz, tu t’entraînes avec des vieux, des mecs expérimentés. Il va progresser plus vite avec un groupe de Ligue 1 qu’avec les U23 du Bayern. Maintenant, il va prendre des coups parce que les vieux n’aiment pas les petits jeunes qui dribblent, mais il va s’y habituer. Je suis d’ailleurs convaincu qu’il apprend déjà plus vite quand il est en stage avec la sélection que chez les U17 ou U19 de Metz.»

C. P.  : «Pendant le stage, il m’a demandé  : « Alors, tu seras à Metz l’année prochaine? » Je lui ai dit que oui. Le soir en rentrant dans ma voiture, j’entends qu’il a signé pro à Metz. Je crois qu’au moment de notre discussion, il a essayé de m’en parler. Mais déjà que dans le vestiaire, ça parlait pas mal de ça avant qu’on connaisse sa décision, je ne voulais pas en rajouter une couche, je voulais le laisser tranquille. C’est un jeune intelligent. Son recul m’impressionne.»

C. S.  : «Il n’a jamais été perturbé par tout ce qui s’est dit. C’est plus son entourage qui gère ça. Lui, il est focalisé sur le terrain. Il m’a dit  : « Quand on joue au foot, c’est pour avoir un contrat pro, alors je ne peux qu’être heureux. » On parle souvent de son âge. En marquant contre le Nigeria, il a prouvé qu’il n’était pas trop jeune. Mais il n’y avait pas de rancune en lui après son but. Il n’est fâché avec personne.»

photo Gerry Schmit

photo Gerry Schmit / Tageblatt

SON INTÉGRATION À LIPPERSCHEID

«Tout le monde a voulu l’aider et le protéger»

A. J.  : «Il est assez réservé, mais c’est plutôt normal, il a 16  ans et c’est mieux qu’il soit comme ça plutôt que l’inverse. Il n’est pas timide sur le terrain, je pense que ça s’est vu contre le Nigeria, non?»

C. P.  : «J’ai l’impression que tout le monde a voulu l’aider et le protéger. J’ai trouvé ça bien. Je ne suis pas un proche de sa famille, alors je ne sais pas comment il me voit. Ce qui est sûr, c’est que je vais l’aider à Metz pour que tout se passe le mieux possible pour lui. Il ne faut pas lui enlever ce plaisir qu’il a de jouer au foot. Quand je compare à mon intégration à moi, c’était différent. Il y avait encore Guy Blaise et René Peters. On m’avait glissé un mot gentil, mais on m’avait vite fait comprendre que j’étais aussi et surtout un concurrent.»

C. S.  : «Dans la chambre, on joue souvent à la Playstation, à FIFA. Moi, je suis un très bon dribbleur. Au dernier rassemblement pour la Bosnie et l’Albanie, il m’a demandé comment je faisais. Je lui ai expliqué. Depuis, il a copié mes dribbles. Il joue exactement comme moi. Sur le terrain? Non, il ne demande de conseils à personne pour dribbler.»

Matthieu Pécot

photo Jeff Lahr

photo Jeff Lahr / Tageblatt

« Sébastien avait fait mieux… »

Parmi les facteurs d’intégration de Vincent Thill à Lipperscheid, il y a cette capacité à inclure le prodige luxembourgeois lorsqu’il s’agit de chambrer. Dans ce registre, Aurélien Joachim a, paraît-il, joué un rôle important. Mais c’est Chris Philipps, en évoquant les records que son coéquipier messin est en train de battre avec le Luxembourg, qui le taquine en s’appuyant sur des faits réells  : «Oui, il bat des records, mais bon, il n’a marqué que lors de sa deuxième sélection, alors que Sébastien avait fait mieux, il avait marqué dès sa première(NDLR  : 2-1 contre la Macédoine en septembre dernier) . Non, je plaisante, ce qu’il fait, c’est exceptionnel!» 

 

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