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Projet d’attentat : un adolescent arrêté, les habitants de sa ville incrédules


Le jeune homme habitait avec ses parents dans cette petite maison de briques rouges mitoyenne. (photo AFP)

Les habitants de la petite ville de Beuvrages, dans le Nord de la France, restaient incrédules vendredi, après avoir appris qu’un de leur voisin, un jeune de 17 ans, était soupçonné d’être impliqué dans un projet d’attaque d’un site militaire dans les Pyrénées-Orientales.

« Sérieux, travailleur », sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent dans la bouche des habitants de la petite ville de Beuvrages (Nord), près de Valenciennes, encore sous le choc, à propos d’Ismaël, 17 ans, soupçonné avec deux autres hommes d’avoir projeté l’attaque d’une installation militaire des Pyrénées-Orientales.

La vie suivait malgré tout son cours, dans la commune, où on croisait des pêcheurs à la ligne ou des personnes se préparant à déguster quelques gâteaux en famille à l’occasion des fêtes de l’Aïd. Le jeune homme habitait avec ses parents dans une petite maison de briques rouges mitoyenne.

Sur la porte d’entrée on aperçoit encore les traces de l’intervention de la police lundi matin: le vérin hydraulique l’a légèrement enfoncée. Les volets étaient fermés vendredi matin. L’habitation se situe dans un quartier défavorisé où les logements sociaux rappellent les corons typiques du nord, petites maisons alignées, à proximité d’un parc.

Selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, son « activisme sur les réseaux sociaux » avait été identifié. Sa radicalisation avait été signalée par sa mère; décrit comme un « élément moteur », il avait fait l’objet d’un entretien administratif.

« Je ne crois pas qu’il ait fait quelque chose, sauf s’il y avait quelqu’un derrière lui » pour l’y pousser, avance une voisine de la famille. « Il a passé son bac cette année, il venait même parfois à la maison quand on avait des problèmes avec internet », confie-t-elle. En ville, un homme qui prend son café en terrasse dit être sous le choc également, lui qui connaissait la famille, sans histoire.

Un quartier en rénovation urbaine

L’adolescent était un crack en informatique, comme son père, explique-t-il, précisant qu’il ne l’avait pas vu depuis plusieurs mois alors qu’il « s’enfermait sur lui-même ». « Je ne suis pas sûr qu’il ait des amis », dit-il encore. D’après cet habitant, des policiers avaient été repérés dans cette petite bourgade de 7 000 habitants, quelques jours avant l’interpellation.

L’adolescent fréquentait très peu la mosquée de la ville. « Je ne connais rien de lui, je ne vois pas qui c’est », affirme le jeune imam Issa Hoarau, originaire de la Réunion et qui « condamne » tout acte violent. « C’est gênant que les jeunes n’aillent pas chercher les savants, comme le Coran le leur dit. Si quelqu’un est malade, il va chercher le médecin compétent. C’est pareil pour la religion », affirme-t-il, tout en remuant son chapelet musulman.

Avant de rejoindre ses fidèles pour la grande prière du vendredi marquant la fin du ramadan, il prêche un message de paix: « je demande aux jeunes musulmans de s’asseoir avec les savants pour qu’ils aient la paix dans le coeur ».

Le maire de Beuvrages, André Lenquette, s’est déclaré également très surpris, lui qui connaissait la famille, native de la ville et qui n’avait jamais fait parler d’elle, « au contraire ». « D’après les personnes qui ont pu l’approcher », ce garçon « était très réservé », rapporte le maire. « Je savais qu’il y avait eu une intervention, mais de là à imaginer que c’était lui pratiquement l’instigateur… », ajoute-t-il, après avoir vu le nom de sa ville s’afficher au journal de 20h de France 2 jeudi soir.

Le quartier d’où est originaire le suspect était jusqu’à présent surtout connu pour être le centre de trafics de drogue, même si des rénovations dans le cadre de l’Anru et de nombreuses arrestations ont permis de réduire ces activités illicites. « Là ça devient beaucoup plus grave », note-t-il. « Mais on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier. Il faut éviter l’amalgame », conclut le maire.

AFP

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