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Ouverture du procès du barrage des gens du voyage sur l’A1


Pneux incendiés sur l'A1 le 29 août 2015 à hauteur de Roye (Somme). (Photo : AFP)

Le procès des douze personnes de la communauté des gens du voyage soupçonnées d’avoir bloqué pendant plusieurs heures l’autoroute A1 fin août près de Roye (Somme) s’est ouvert jeudi matin, dans le calme, à Amiens.

Les douze prévenus devant le tribunal correctionnel comparaissent pour «entrave à la circulation de véhicules» et certaines pour «dégradation par incendie» et «vol en réunion».

Du vendredi 28 août au soir au samedi 29 à la mi-journée, week-end de retour de vacances, une soixantaine de personnes de la communauté du voyage avaient bloqué dans les deux sens l’A1, l’une des autoroutes les plus fréquentées d’Europe. Les autorités avaient dû fermer cet axe à la circulation pendant près de 24 heures.

A l’origine de ce mouvement de colère, un quadruple homicide quatre jours plus tôt: un homme de 73 ans avait tué une femme de 19 ans, sa fille de neuf mois et son beau-père, ainsi qu’un gendarme alerté par les tirs. Le drame s’était déroulé dans un camp de gens du voyage à Roye (Somme), à quelques kilomètres de là.

Le refus par un juge des libertés de laisser sortir de prison le fils de la victime la plus âgée ainsi qu’un proche, le temps d’assister aux obsèques, avait déclenché la fureur des gens du voyage qui avaient bloqué l’autoroute Paris-Lille pour faire pression sur la justice. La cour d’appel d’Amiens avait finalement autorisé cette présence aux obsèques et les gens du voyage avaient alors levé aussitôt le barrage.

Pour Me Stéphano Daquo, avocat de deux des prévenus, il s’agissait d’«un cri de désespoir».

«Quand vous apprenez que vous avez perdu votre frère, votre sœur, dans des circonstances profondément atroces (…) et que l’on empêche l’un des vôtres de venir se recueillir sur la tombe de son père, je pense qu’on peut comprendre qu’il y ait une réaction épidermique», a-t-il affirmé avant l’audience.

«C’était plus un appel au secours qu’une volonté de casser ou de détruire», a estimé de son côté Joseph Dorkel, un membre de la famille de l’un des prévenus. «On est victimes avant d’être manifestants et on n’est pas reconnu comme des victimes!», a t-il regretté.

La société d’autoroute Sanef, qui avait annoncé avoir perdu un demi-million d’euros à cause du blocage (dont 100 000 euros représentant le coût des dégâts), ainsi qu’une collectivité publique locale, un fast-food et un supermarché, où avaient été volés des pneus et des palettes, se sont portés partie civile.

AFP/M.R.

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