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[Made in Luxembourg] « Une maison en bois, c’est éternel ! »


Cette maison signée Naturhome ne ressemble effectivement pas à un chalet! Et pourtant, il y a du bois là-dessous... luxembourgeois, en plus! (Photo : Naturhome)

Dans le cadre de notre série d’été « Made In Luxembourg », nous partons aujourd’hui à Troisvierges rencontrer une entreprise de construction totalement luxembourgeoise.

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Qui l’aurait cru? À l’heure du tout béton, une petite société installée à Troisvierges mise depuis plus de 20ans sur la maison en bois. Et depuis peu, le marché luxembourgeois lui ouvre enfin les bras.

Il a beau avoir été le «département des Forêts», le Luxembourg reste très conventionnel dans la construction : le bois, c’est pour les chalets avec leurs gros rondins, ou pour les mobile homes en contreplaqué. Ici, c’est béton, béton et béton! «Moi, j’appelle ça le syndrome des trois petits cochons, sourit Olivier Louis. Dans la tête des gens, la maison en pierre est plus solide que la maison en bois, qui est plus solide que la maison en paille…»

Ajoutez à cela les craintes entourant ce matériau vivant (humidité, isolation, vieillissement!), et on comprend pourquoi les petits cochons préfèrent la pierre. Enfin, le béton armé.

Mais vous pourriez bien être passé à côté d’une maison tout ce qu’il y a de plus moderne, avec toit plat, baies vitrées, énergie passive et architecture archi-design sans savoir que son ossature était en bois.

Merci monsieur Camille Gira!

Cette surprise est la nôtre lorsque nous feuilletons le catalogue de Naturhome. Nous voici donc tout au nord du pays, là où subsistent les dernières scieries du Luxembourg. C’est en effet à Troisvierges qu’un menuisier de la proche région belge, Norbert Belhomme, a choisi de déménager son usine en 1993.

Les débuts de Naturhome seront timides au Luxembourg. «Jusqu’à il y a encore trois ou quatre ans, nos parts de marché au Grand-Duché étaient peu élevées, de l’ordre de 20 à 30 %», à cause du syndrome du chalet justement. «En Belgique et en Allemagne par contre, la maison en bois est perçue comme une construction de haute qualité.»

Olivier Louis présentant l'isolation à l'intérieur d'un mur en bois.

Olivier Louis présentant l’isolation à l’intérieur d’un mur en bois.

Mais en quelques années seulement, le carnet de commandes s’est inversé : «Aujourd’hui, sur la cinquantaine de maisons que l’on construit par an, près de 60 % le sont au Luxembourg!» Pourquoi? «Les mentalités ont changé avec le nouveau gouvernement, et notamment avec le secrétaire d’État Camille Gira (NDLR : aujourd’hui décédé).

Il a soutenu les maisons passives, adapté le système de primes… Aujourd’hui, avec les nouvelles normes d’isolation (NDLR : les nouvelles constructions d’habitations doivent être passives), nos maisons en bois sont devenues aussi chères, voire moins chères que les maisons en béton haut de gamme, car le bois offre déjà toutes les performances recherchées.»

Un avantage financier qui tient aussi au marché immobilier local. «C’est un marché dominé par les promoteurs, qui font une double marge, en spéculant sur les terrains et sur la construction. Nous, on est seulement des constructeurs. Nos clients, qui viennent souvent d’un milieu rural ou aisé, ont déjà leur terrain. Donc on prend juste une marge bénéficiaire, et le prix reste le même, que la maison soit construite à Luxembourg ou dans un village reculé.»

Parlons construction, justement. «Les fondations sont bétonnées, mais sinon, toute la structure portante est en bois.» N’imaginez pas pour autant un chalet : murs et planchers sont des assemblages complexes de planches, poutres et isolants en bois. Mais vu de l’extérieur comme de l’intérieur, difficile de distinguer la maison en bois d’une autre maison contemporaine.

Naturhome a une autre particularité : «Là où d’autres construisent directement sur le chantier, nous on assemble le gros œuvre ici, dans nos ateliers.» Murs, toits et planchers sont donc livrés prêts à être assemblés, comme un Meccano géant : «Le manque de précision se traduit par des dilatations, des infiltrations, etc. L’assemblage en usine élimine ces erreurs car tout est calibré.»

Et le bois utilisé, de l’épicéa, est principalement luxembourgeois! «La scierie Brever (installée à Huldange) représente 70 % de notre approvisionnement. C’est une petite scierie, ce qui a l’avantage de proposer du bois à la carte. Et même si c’est plus cher, on y gagne, car elle a une qualité nettement supérieure à ce qu’on peut trouver à l’étranger.»

Tout le gros de l'oeuvre est pré-assemblé dans l'usine, afin de garantir une grande précision. Tout le gros de l’oeuvre est pré-assemblé dans l’usine, afin de garantir une grande précision.

Des maisons à énergie positive

On lui pose la question de la durée de vie… Il balaye nos craintes : «La maison en bois, si c’est bien fait, c’est éternel. En Norvège, il y a des églises en bois du Ve siècle qui sont toujours sur pied!»

Le bilan énergétique est évidemment avantageux : «Avec 2 200 watts, soit la puissance d’un fer à repasser, vous pouvez chauffer une grande maison. On a même des clients qui ajoutent quelques panneaux photovoltaïques pour transformer leur maison passive en maison à énergie positive, ce qui est intéressant au Luxembourg car l’énergie est rachetée à un prix correct.»

Mais l’argument principal de la maison en bois n’est pas là, selon lui : «C’est une question de confort et de perception. La sensation de bien-être dans la maison en bois tient à plusieurs choses. D’abord, à la différence de la brique ou du béton, le bois ne crée pas de delta de température entre le centre de la pièce et les murs, la température reste donc homogène, sans courants d’air. Le bois est également un excellent isolant acoustique. Enfin, il régule parfaitement l’humidité, aussi bien à l’intérieur qu’en façade…»

Et quand on sait que le Grand-Duché dépend en grande partie de l’étranger pour la plupart de ses biens et services, on ne peut rester de bois face à cette opportunité d’habiter dans une maison made in Luxembourg, qui valorise une ressource de nos régions!

Le jour de la construction, il ne reste donc plus qu'à assembler les éléments, comme un Meccano géant!

Le jour de la construction, il ne reste donc plus qu’à assembler les éléments, comme un Meccano géant!

Un marché de niche

On ne va pas se mentir, la maison unifamiliale a du souci à se faire. Le Grand-Duché se sent de plus en plus à l’étroit, et l’heure est à la construction collective. Mais chez Naturhome, «on est tellement sur un marché de niche qu’on se dit qu’il y aura toujours assez de clients pour nous», assure Olivier Louis. Naturhome dépasse d’ailleurs les frontières de la Grande Région : «Par exemple, on réalise une maison passive en bois en Espagne, où le défi n’est non pas d’isoler du froid mais de la chaleur!» Naturhome a également réalisé récemment la plus grande maison passive de La Rochelle. Et puis il y a un nouveau marché qui s’ouvre : la surélévation. «Comme le foncier est cher, les gens agrandissent leur habitation en rajoutant deux, trois, quatre niveaux. Comme le bois est léger, c’est le matériau idéal, on n’a pas besoin de renforcer les fondations. À Liège par exemple, on est en train de faire un duplex de 350m2 au-dessus d’un immeuble.»

En Suisse, le foncier est devenu tellement cher que des maisons transgénérationnelles fleurissent sur ce même modèle : mamie au rez-de-chaussée, les parents au premier étage, les enfants au second… Chaque niveau est indépendant, mais par contre, les grands-parents gardent les derniers-nés, les enfants font les courses et passent du temps avec leurs anciens, et tout le monde est content (du moins, on l’espère!). D’ailleurs, si vous connaissez des projets similaires au Luxembourg, contactez-nous (rvandyck@lequotidien.lu), ça nous intéresse!

Romain Van Dyck

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