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[Luxemburgensia] Monnaie de crise


À l’époque (janvier 1919) où la République est proclamée sur la place Guillaume-II, au nom des conseils des ouvriers, soldats et paysans, à l’exemple de la Räterepublik de Munich, la dynastie des Nassau-Weilburg (Grande-Duchesse Marie-Adélaïde) est sur le point de s’écrouler, toute comme l’appartenance du Grand-Duché à l’Union douanière prussienne (Zollverein).

L’industrie sidérurgique locale s’émancipe de la dominance germanique (battant des records de production en minerai de fer et en acier laminé) et de l’approvisionnement en charbon en provenance de la Ruhr. Mais la circulation monétaire est perturbée faute de liens avec un marché plus étendu. La Gelsenkirchener Bergwerks-AG est le propriétaire à Esch-sur-Alzette et à Audun-le-Tiche des usines Brasseur et Adolf-Emil-Hütte (Terres rouges et Belval) et des minières de fer dans l’Ellergrund (Esch).

Afin de payer les salaires des mineurs et des ouvriers sidérurgistes, le groupe émettait en janvier 1919 des billets de banque libellés en deux devises convertibles dans les caisses de l’usine (100 marks = 125 francs et 20 marks = 25 francs) et des pièces métalliques (à 30 pfennigs et à 18 pfennigs). Les signes monétaires ne présentent aucune mention de l’État luxembourgeois et ne portent aucune référence au droit régalien de battre monnaie.

Même en temps de crise économique et politique aiguë, l’exemple est une illustration parfaite de la thèse que la circulation monétaire fiduciaire repose sur la production de biens matériels (le seul gage de la circulation monétaire étant la production de bien courante).

Jean Rhein

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