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Intempéries : Météo-France sur la sellette


Le siège de Météo-France à Toulouse, le 23 février 2015. (Photo : AFP)

Les intempéries meurtrières qui ont dévasté une partie de la Côte d’Azur samedi auraient-elles pu être mieux anticipées? Météo-France s’est retrouvée lundi sur la sellette pour n’avoir déclenché qu’une alerte «orange» ce week-end.

«Il va falloir que l’on regarde si on aurait pu anticiper ce qui s’est passé», a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, se demandant si Météo-France aurait dû décider l’état de vigilance «rouge» plutôt qu’«orange», comme elle l’a fait.

«La vigilance orange, très fréquente dans notre département, était-elle suffisante pour cet événement d’une rare violence ?» s’est interrogé le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti (Les Républicains). «Au regard de l’événement, naturellement, ça devait être une vigilance rouge», a-t-il estimé.

Le déluge qui a frappé une partie de la Côte d’Azur a fait 19 morts, selon le dernier bilan de la préfecture des Alpes-Maritimes lundi après-midi.

«On va nous demander des comptes, c’est tout à fait normal», a estimé François Lalaurette, directeur des opérations pour la prévision à Météo-France, reconnaissant que l’organisme n’avait pas été capable de dire plusieurs heures à l’avance que la situation orageuse allait avoir une intensité record.

Pourtant «Météo-France dispose des meilleurs modèles en matière de simulation et de prévision de l’atmosphère», a-t-il indiqué. Mais «pour ces phénomènes particulièrement exceptionnels et intenses, aujourd’hui, l’anticipation n’est pas possible, parce que ce sont des situations beaucoup trop fugaces», a-t-il expliqué.

Les modèles actuels de Météo-France tournent cinq fois par jour et peuvent fournir des «prévisions immédiates» d’une heure seulement, qui sont extrapolées et utilisées par exemple pour les matchs de tennis à Roland-Garros. A partir de l’année prochaine, les modèles devraient tourner toutes les heures et permettre d’anticiper les phénomènes météorologiques jusqu’à trois heures à l’avance.

Autre difficulté: les violentes intempéries de ce week-end se sont déroulées sur une zone très limitée. «On sait prévoir quelques jours à l’avance l’arrivée d’une tempête et son intensité» parce que c’est un phénomène «d’une échelle relativement importante, qu’on arrive à observer».

Mais, samedi, il s’est agi d’une «bande orageuse», c’est-à-dire d’«un phénomène qui est de beaucoup plus petite échelle, et donc beaucoup plus difficile à prévoir».

« Crier au loup »

L’organisme de prévision a émis dès samedi matin un avis de vigilance «orange». Ce qui signifie qu’il appelait à être «très vigilant», «des phénomènes dangereux étant prévus».

Au fil de la journée, les bulletins nationaux et régionaux ont donné les conseils habituels concernant les orages (ne pas s’abriter sous les arbres, éviter d’utiliser téléphones et appareils électriques, mettre en sécurité ses biens, s’abriter).

Face aux fortes précipitations, il suggérait de se renseigner avant tout déplacement, de ne s’engager «en aucun cas, à pied ou en voiture, sur une voie immergée», de surveiller la montée des eaux dans les zones habituellement inondables.

L’organisme n’a pas autorité pour prendre des mesures, qui relèvent des préfets et des maires. A eux d’apprécier quelles décisions la situation exige, sur la base des éléments fournis par Météo-France. «On est dans un dialogue permanent, mais la décision appartient aux autorités», a souligné M. Lalaurette.

Le dispositif actuel, avec ses quatre niveaux (vert, jaune, orange, rouge) selon le degré de vigilance préconisé, «ne fonctionne pas parfaitement», a-t-il admis. Mais «il apporte un certain nombre de choses et est compris par le grand public».

Depuis sa mise en place en 2001, dans le sillage de la tempête dévastatrice de 1999, les Alpes-Maritimes ont connu 20 épisodes de vigilance orange, dont deux depuis le début de l’année. Et 20 épisodes de vigilance rouge ont eu lieu sur l’ensemble du territoire depuis 2001.

Fallait-il appeler ce week-end à la vigilance maximale?

«Décider sur la base des éléments qu’on avait de passer en vigilance rouge signifie qu’on passerait beaucoup plus souvent qu’aujourd’hui en vigilance rouge», a souligné M. Lalaurette, redoutant que «le dispositif serait moins efficace».

Car «quand vous criez trop souvent au loup, on ne vous écoute plus».

AFP/M.R.

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