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Grand débat en France : l’heure de la synthèse


Après la restitution, les premières décisions concrètes d'Emmanuel Macron sont attendues pour la mi-avril. (photo AFP)

Une forte demande de baisse d’impôts et de justice fiscale, mais aussi de proximité, d’écologie et de santé : le compte-rendu du grand débat effectué lundi dessine plusieurs tendances, parfois contradictoires, selon les documents de synthèse dévoilés lundi.

Ces tendances émanent de l’analyse des contributions du site internet dédié, des cahiers citoyens, des réunions d’initiative locale et des conférences citoyennes. Plus de 10 000 réunions d’initiatives locales ont été organisées et la plateforme a reçu 1,9 million de contributions, selon le gouvernement. Les résultats font l’objet de plusieurs synthèses, rendant une vision globale complexe.

La baisse des impôts, idée populaire, revient sans surprise comme une des principales suggestions dans les questionnaires et a fortiori dans les contributions libres (réunions d’initiative locale, cahiers de doléances, courriers…). Parmi les baisses d’impôt demandées, la TVA (dont produits de première nécessité) est la première citée, devant l’impôt sur le revenu et les impôts locaux. Quant à l’idée d’une plus grande justice fiscale, également bien présente, elle se traduit par des soutiens notables au rétablissement de l’impôt sur la fortune ou encore au renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, mais aussi à l’idée « que tout le monde paie l’impôt ».

La santé primordiale

En revanche, les dépenses publiques à réduire restent « imprécises », relève la note du gouvernement. Les trois quarts évoquent une « réduction du train de vie de l’État » et la lutte contre le gaspillage d’argent public. Quand les participants citent un poste de dépenses publiques à réduire, la défense et le logement sont les premiers cités. Ils identifient un seul poste où ils sont prêts à payer davantage d’impôts : la santé.

La conscience de l’urgence climatique est forte, mais les Français estiment pouvoir agir directement : 62% des contributeurs à la plateforme affirment que leur vie quotidienne est déjà touchée par le changement climatique et 86% pensent pouvoir contribuer à protéger l’environnement. Comme solutions, le développement de transports collectifs, ainsi que la réduction de l’utilisation des pesticides dominent.

En revanche, la note relève une « défiance » à l’égard d’une nouvelle fiscalité écologique : 56% des contributeurs du site sont opposés à l’idée de payer un impôt encourageant un comportement bénéfique. Moins de 1% des contributions des cahiers citoyens proposent le retour de la taxe carbone supprimée en 2019. Une taxation sur les gros pollueurs ou une taxe carbone sur les produits importés sont en revanche proposées. Les recettes de ces taxes doivent aux yeux des Français bien servir à les accompagner dans la transition écologique, et à financer les investissements pour le climat.

Plus de démocratie directe

74% des contributeurs à la plateforme demandent une dose de proportionnelle, essentiellement à l’Assemblée nationale. Le maintien du non-cumul des mandats est également largement défendu, tout comme la réduction du nombre de parlementaires ou la prise en compte du vote blanc. Le vote obligatoire intéresse moins. 20% des contributeurs du site proposent de supprimer le Conseil économique et sociale et le Sénat. La moitié des répondants disent avoir confiance dans leurs élus, principalement leur maire, mais la remise en cause des « privilèges des élus » est également importante.

La démocratie directe est plébiscitée au niveau local : 80% des contributeurs sont favorables au référendum au niveau local (53% pour son usage au niveau national). La décentralisation divise à parts égales ses partisans et opposants, les premiers l’associant à « une demande de proximité » des fonctionnaires, relève la note gouvernementale. Certaines demandes médiatisées des gilets jaunes sont bien présentes dans les cahiers de doléances en mairie, où l’expression a souvent été la plus virulente. Référendum d’initiative citoyenne ou fin des 80 km/h y sont souvent cités.

Quant aux autres préoccupations qui n’étaient pas clairement visées dans les thèmes officiels du débat, c’est l’amélioration du système de santé qui est le plus cité. Le sujet des retraites est aussi significatif. L’immigration est elle « peu évoquée », avec des contributions partagées en nombre égal entre l’idée d’améliorer l’accueil et de durcir la politique, possiblement avec des quotas. Enfin, des sujets polémiques n’ont presque pas été évoqués dans les débats, comme le nucléaire ou les sujets de société (peine de mort, mariage pour tous, PMA, GPA, cannabis, avortement).

Édouard Philippe doit dresser ce lundi le bilan du grand débat national lancé face à la crise des gilets jaunes, en attendant les premières décisions concrètes d’Emmanuel Macron attendues pour la mi-avril.

LQ/AFP

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