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Procès du Carlton : « Dodo la Saumure » met son grain de sel dans les débats


Les débats autour des activités du souteneur Dominique Alderweireld, alias « Dodo la saumure », entré en scène jeudi dans le procès de proxénétisme du Carlton, ont fait passer le tribunal du rire (jaune) aux larmes.

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Dodo la Saumure, surnom hérité de la préparation saline dans laquelle trempent les maquereaux, revendique ses activités « marginales » à 66 ans. (Photos : AFP)

« Dodo Sex Klub » (DSK), « Famous Miss International » (FMI), « Sept sur Sept » ou même « Carlton », l’imagination de Dominique Alderweireld pour rebondir sur l’affaire et exploiter la présence dans le dossier de Dominique Strauss-Kahn paraît sans limite.

Bon client de la presse, bien connu pour ses truculences, il déclenche les rires dans la salle. En face, le tribunal ne rechigne pas à la répartie. L’ambiance en ce quatrième jour du procès vire à la tragicomédie. Dominique Alderweireld se targue d’une certaine connaissance de la loi, notamment sur le proxénétisme, prévention pour laquelle il a été condamné deux fois en France. Il a même fait des études de droit, arrêtées rapidement.

En quelle année le proxénétisme est-il enseigné en fac de droit ? En quatrième année ?, s’interroge à haute voix le président Bernard Lemaire. « Vous auriez dû faire la maîtrise », lance-t-il à Dominique Alderweireld. Dodo la Saumure, surnom hérité de la préparation saline dans laquelle trempent les maquereaux, revendique ses activités « marginales » à 66 ans, qu’il fête d’ailleurs ce jeudi.

Il n’est patron « ni d’une droguerie, ni d’une épicerie ». Appuyé bras tendu sur la barre des témoins (un bloc de béton taillé en réalité), celui qui s’est affirmé dans une récente interview souteneur mais pas proxénète, dodeline doucement de la tête et ne paie pas tellement de mine, en veste de tweed, chemise à carreaux col ouvert.

À ses côtés, Béatrice Legrain, 41 ans, sa compagne, gérante d’un de ses établissements, et qui a accompagné à deux reprises une prostituée lors de soirées du réseau du Carlton, le dépasse d’une bonne dizaine de centimètres et tranche par sa tenue plus voyante. Toute de noir vêtue, en contraste avec sa blondeur capillaire, « Béa » répond à Me David Lepidi, avocat d’une des parties civiles, « Équipe d’action contre le proxénétisme », qu’elle a arrêté un temps de se prostituer mais beaucoup moins longtemps qu’on ne l’a dit : « J’ai vite repris parce que j’aime ça », indique-t-elle.

> Du rire aux larmes

L’atmosphère se tend soudain lorsqu’une ancienne prostituée, Jade, vient témoigner de son expérience au sein d’un des clubs de Dodo en Belgique, rappelant que le monde dont Dominique Alderweireld et Béatrice Legrain parlent avec naturel et pragmatisme n’est pas tout rose.

Même si c’est la deuxième fois qu’elle prend la parole au tribunal, Jade raconte toujours difficilement cette vie qu’elle a désormais laissée derrière elle. Il lui faut malgré tout raconter, prosaïquement, stoïquement, sa vie comme « travailleuse indépendante », un statut que permet la loi belge. « Je ne voulais pas travailler au noir », dit cette femme. « Je n’ai rencontré aucune fille avec le statut d’indépendante. J’étais la seule », affirme-t-elle.

Elle met ainsi à mal la défense de Dominique Alderweireld, qui avance que les filles qu’il héberge dans ses établissements agissent selon leur bon vouloir, notamment quand il s’agit de se rendre à Lille pour des rencontres tarifées. « Je ne peux avoir que des indépendantes, parce que s’il y a un lien de subordination, selon la loi belge je suis proxénète », martèle-t-il, en croisant les bras, selon un discours bien rodé.

Le tribunal revient ainsi sur les rendez-vous avec les « hôteliers » du dossier, René Kojfer, Henri Franchois et François Henrion, dans un appartement non loin du Carlton. Jade indique qu’elle était payée à son retour en Belgique, sauf une fois, par la gérante de son établissement, une certaine Sofia. « Parfois Dodo venait et laissait une enveloppe pour les sorties de Lille, c’était vraiment à part », souligne-t-elle.

En face, Kojfer, ancien chargé des relations publiques du palace lillois et Alderweireld font bloc. Ce sont des amis de 45 ans. On les disait fâchés, les deux hommes jouent la bonhommie. René Kojfer conteste formellement avoir eu l’autorisation du tenancier pour emmener des filles en France.

Le président Lemaire leur rappelle les surnoms donnés par Dominique Alderweireld à son ami : « Judas, la honte de la communauté hébraïque de Lille, le bouffon de Lille », et même… M. Trois-Minutes. Cela les fait sourire. « C’est entre nous. Tout avec René est au deuxième ou troisième degré », lâche Dodo.

AFP


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