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Deux fillettes retenues plusieurs jours à l’aéroport de Roissy


Vue en date du 4 juin 2007 du centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, près de Roissy. (Photo : AFP)

Deux fillettes, une Française de six ans et une Ivoirienne de trois ans, ont été retenues plusieurs jours sans leurs parents dans une zone pour personnes sans papiers de l’aéroport parisien de Roissy, entraînant l’ouverture d’enquêtes administratives et une mise au point du gouvernement.

Vendredi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a donné « des consignes » pour faire en sorte que « les vérifications soient menées dans des délais très courts, notamment lorsqu’il s’agit de jeunes enfants ». Cela n’a été le cas ni pour Andreane, six ans, qui a passé cette semaine quatre jours dans la Zone d’attente pour personnes en instance (ZAPI), ni pour Fanta, trois ans et neuf mois, placée cinq jours dans les mêmes lieux.

Dans ce bâtiment de l’aéroport, où sont retenus les sans-papiers qui ne sont pas autorisés à entrer en France, les enfants sont accueillis par du personnel de la Croix-Rouge spécialement formé, souligne le ministère.

Pourtant, dans les deux cas, le Défenseur des droits – une autorité indépendante chargée de vérifier le respect des droits des citoyens – a ouvert une enquête. Pour Fanta, il estime que « sa retenue paraît anormale ». Pour Andreane, il a décidé de se saisir, dès qu’il a eu vent de sa mésaventure

Samedi, cette fillette, qui vit avec sa grand-mère au Cameroun, et venait passer des vacances en France où réside sa mère, arrive à Roissy. Au lieu de retrouver ses parents, elle est placée en zone d’attente, les policiers jugeant que la photo de son passeport, où elle est plus jeune d’un an, n’est pas ressemblante.

Il a fallu quatre jours pour qu’elle soit libérée, après une comparution devant un juge mardi. Celui-ci a souligné que « l’ensemble des éléments du dossier » contredisait la version policière du faux passeport.

« Rien à faire en zone d’attente »

Andreane a reconnu sa mère, à l’aéroport comme au tribunal, et était capable de nommer son ancienne institutrice, souligne le jugement. « On ne se sent plus français et on a l’impression que ça peut arriver à n’importe quelle personne d’origine étrangère », s’indigne la maman d’Andréane, Stéphanie Ngatcha. Née en France, elle n’a qu’une nationalité, française.

La situation de Fanta est plus complexe : elle est arrivée avec un faux passeport, acheté en Côte-d’Ivoire par son père. Lui-même en situation irrégulière, explique avoir procédé ainsi « pour éviter qu’elle ne soit excisée ». Mohammed Doumbia affirme avoir demandé l’asile pour elle.

Les policiers l’ont placée en zone d’attente pour vérifier que c’était bien son père qui l’accompagnait et qu’elle n’avait pas été arrachée à sa famille ivoirienne. « Vérifier l’identité d’un enfant, établir avec certitude le lien qui l’unit avec la personne avec laquelle il voyage ou qui l’attend à l’aéroport, c’est le protéger », souligne le ministère de l’Intérieur.

Un enfant « n’a rien à faire dans une zone d’attente », plaide Laure Palun, de l’Anafé, une association qui défend les migrants en rétention. Selon la police aux frontières, 342 mineurs isolés ont été placés en zone d’attente à l’aéroport de Roissy en 2013. Seule une trentaine d’entre eux avait moins de 13 ans. « A la lumière de ces nouveaux incidents », le Défenseur des droits prône une nouvelle fois l’interdiction, sur l’ensemble du territoire français, des mesures privatives de liberté pour les enfants de migrants.

AFP

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