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Conflit social en France : «Macron imite Margaret Thatcher»


Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, accuse dans le gouvernement d'organiser "le bordel" et de jouer "le pourrissement". (photo AFP)

Au 25e jour d’un conflit sur les retraites enlisé, le ton se durcit entre la CGT et l’exécutif, et les regards se tournent vers le discours de vœux d’Emmanuel Macron mardi 31, les grévistes comme l’opposition attendant une initiative du chef de l’État.

Les perturbations dans les transports continuent, en particulier en Île-de-France. Dimanche, 4 TER sur dix, 6 TGV sur 10 et 1 Transilien sur 5 circulent. Treize lignes de métro sur seize sont fermées à Paris, avant une « amélioration significative » promise par la RATP pour lundi.

Alors qu’aucune négociation n’est prévue d’ici le 7 janvier, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, accuse dans le Journal du Dimanche le gouvernement d’organiser « le bordel » et de jouer « le pourrissement » d’un mouvement social déjà plus long que celui de 1995. « Ils se sont dit ‘on va leur coller les ultimatums pendant les fêtes de Noël’. Emmanuel Macron se veut l’homme du nouveau monde, mais il imite Margaret Thatcher », cingle-t-il : « Il a dit qu’il avait changé, qu’il était prêt à l’écoute… Où est l’acte II du quinquennat ? ».

Également dans le JDD, le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari accuse la CGT de pratiquer un syndicalisme « de blocage » voire « d’intimidation », dénonce « une pression qui s’exerce de façon anormale sur une partie des cheminots » pour qu’ils participent au mouvement et assure avoir invité la CGT-Cheminots et Sud-Rail à discuter de la réforme. Jean-Baptiste Djebbari « une nouvelle fois étale sa mythomanie sur le ‘dialogue permanent’ qu’il entretient avec les organisations syndicales puisque la CGT des cheminots n’a pas été contactée une seule fois par ses services depuis le début de la grève », a rétorqué dans un communiqué le premier syndicat de la SNCF.

Possible fenêtre de tir

Le président de la République est resté quasiment muet sur le conflit depuis des semaines, laissant son Premier ministre Édouard Philippe en première ligne pour défendre le projet de système « universel » de retraite à points. Il s’est contenté depuis la Côte d’Ivoire d’un appel, en vain, à la trêve pour Noël et a fait savoir qu’il renonçait à sa pension de président, avant de se retirer au fort de Brégançon. Il se ménage ainsi une possible fenêtre de tir le 31 pour débloquer la situation, sauf s’il opte pour le bras de fer, au risque de radicaliser les opposants.

« Il y a une détermination, une colère qui est profonde et qui sera là au mois de janvier », a prévenu Fabien Villedieu, délégué SUD-Rail. Le chef de l’État est en particulier attendu sur un possible aménagement de l’âge pivot, que l’exécutif prévoit d’instaurer dès 2022 et d’assortir d’un bonus-malus : une « ligne rouge » pour la CFDT, qui en demande le retrait. Le président peut aussi vouloir tenter de mieux expliquer un système à points qui déroute les Français. Mettre en avant à nouveau la suppression des régimes spéciaux risque de ne pas suffire, alors qu’une majorité de Français juge positivement le mouvement social. Et que le gouvernement a préservé les militaires et accordé des dérogations aux policiers, puis aux pilotes ou aux danseurs de l’Opéra, notamment.

C’est la seconde fois que le chef de l’État prononcera ses vœux en pleine crise sociale. L’an dernier, il faisait face à la colère des gilets jaunes. Mais après avoir lâché 10 milliards d’euros d’aides et renoncé à la taxe contestée sur les carburants.

LQ/AFP

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