Un médecin-anesthésiste de Besançon, déjà mis en examen pour sept empoisonnements, a été placé en garde à vue mardi matin pour être interrogé sur « une cinquantaine » d’incidents médicaux, selon une source proche du dossier.
Cette garde à vue s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminaire sur de nouveaux « faits d’empoisonnement potentiels qui ont fait l’objet d’un plus de deux ans d’investigations », a-t-on précisé de même source. Cette enquête est distincte de l’information judiciaire dans laquelle le docteur Frédéric Péchier avait été mis en examen en mai 2017 pour les sept premiers cas suspects de patients. Ceux-ci avaient fait des arrêts cardiaques, deux étant décédés et cinq ayant pu être ranimés.
Le médecin réputé, qui clame son innocence, avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer son métier d’anesthésiste après sa mise en examen. Il était en liberté mardi lorsqu’il a été placé en garde à vue pour une durée initiale de 24 heures, susceptible d’être prolongée d’autant mercredi matin par le parquet, a-t-on précisé de même source. L’enquête porte sur « une cinquantaine d’événements indésirables graves signalés », a-t-on ajouté.
Afin de se faire passer pour un sauveur ?
Selon la Haute autorité de santé, un événement indésirable grave est un événement inattendu au regard de l’état de santé et de la pathologie du patient dont les conséquences sont le décès, la mise en jeu du pronostic vital ou encore la survenue probable d’un déficit fonctionnel. L’enquête conduite dans le cadre de la première procédure avait établi que les patients avaient reçu des doses létales de potassium et d’anesthésiques administrées volontairement. Le docteur Péchier n’était pas en charge de ces patients mais avait été appelé pour ranimer certains d’entre eux.
Le fait que l’anesthésiste ait exercé dans les deux établissements où les incidents opératoires s’étaient produits et qu’il ait parfois posé le bon diagnostic pour ranimer ces malades en arrêt cardiaque le désignait comme principal suspect aux yeux des enquêteurs. Ceux-ci le soupçonnent d’avoir sciemment modifié les poches d’injection de confrères afin de créer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.
LQ/AFP