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Attentat de Nice : cinq suspects présentés à la justice, la polémique politique relancée


Le Premier ministre français Manuel Valls et l'ancien maire de Nice Christian Estrosi, le 18 juillet lors d'une minute de silence en hommage aux victimes de l'attentat de Nice. (photo AFP)

Une semaine après l’attentat de Nice, l’émotion reste vive, la polémique politique est relancée et l’enquête franchit une étape importante: cinq suspects sont présentés jeudi à la justice antiterroriste qui enquête sur la tuerie qui a fait 84 morts le 14 juillet.

Malgré les appels à l’unité nationale et un compromis gauche-droite trouvé dans la nuit au Parlement sur la prolongation de six mois d’un état d’urgence durci, qui doit être formellement entériné jeudi, le débat reste tendu. La polémique sur le dispositif policier déployé à Nice pour la fête nationale a été relancée par le quotidien Libération, qui affirme que seule une voiture de police municipale barrait l’accès à la zone piétonne de la promenade des Anglais lorsque Mohamed Lahouaiej Bouhlel a lancé son camion sur la foule.

Dénonçant une « contre-vérité » et des « polémiques inutiles », Bernard Cazeneuve a ordonné une enquête administrative à la police des polices sur ce dispositif de sécurité. Après avoir lui-même dénoncé des « mensonges » du gouvernement, le patron Les Républicains de la région Paca Christian Estrosi s’est « félicité » sur Twitter de la « décision » du ministre de l’Intérieur.

Le parquet de Paris va ouvrir dans la journée une information judiciaire confiée à des juges antiterroristes. Parallèlement, les cinq personnes en garde à vue sont déférées en vue d’éventuelles mises en examen, a précisé le parquet. Il s’agit de quatre hommes âgés de 22 ans à 40 ans et d’une femme de 42 ans arrêtés en raison de contacts avec Lahouaiej Bouhlel avant la tuerie ou soupçonnés de lui avoir fourni le pistolet avec lequel le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans a tiré sur des policiers depuis son camion.

Une kalachnikov saisie

L’un des déférés, âgé de 22 ans, est le destinataire d’un SMS envoyé par le tueur juste avant son carnage. Dans son message, il le félicite pour le « pistolet » qu’il lui a fourni la veille et ajoute « alors on ramène cinq de chez ton copain » — une nouvelle livraison destinée à une autre personne « et ses amis ». Dans ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, placé en garde à vue avec sa compagne, tout comme celui que Lahouaiej Bouhlel présente dans son SMS comme le destinataire des autres armes.

Lire aussi : Une semaine après l’attentat de Nice, ce que l’on sait de l’enquête

 

Mercredi, une kalachnikov a été saisie dans une cave à Nice lors d’une perquisition en lien avec le suspect de 22 ans. Les investigations n’ont pas démontré de lien entre Lahouaiej Bouhlel et des réseaux terroristes, mais l’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat. Le groupe jihadiste déjà à l’origine des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris a menacé d’intensifier ses attaques contre la France dans une nouvelle vidéo où des francophones félicitent le tueur de Nice. Ce dernier est décrit comme un homme violent et instable, vivant loin des préceptes religieux.

Mais il avait prémédité son acte, louant le camion puis effectuant des repérages sur la promenade des Anglais, a expliqué lundi le procureur de Paris, François Molins. Il manifestait aussi un intérêt « récent » mais « certain » pour la mouvance jihadiste. « Il m’a doublé à fond, il roulait sur le trottoir. J’ai en tête les images des corps qui volaient de partout. J’ai tout de suite compris’, a raconté à Nice-Matin un homme qui a tenté de stopper le camion avec son scooter.

Mausolée

Du côté politique, l’Assemblée nationale à 12H00 puis le Sénat à 15H00 doivent adopter solennellement leur compromis sur le projet de loi prolongeant pour six mois l’état d’urgence instauré après le 13 novembre. Les députés ont accepté des amendements des sénateurs interdisant les rassemblements dont la sécurité ne serait pas assurée, et facilitant la fermeture des lieux de culte dans lesquels sont tenus des propos incitant à la haine et à la violence.

Ils ont en revanche refusé l’application du régime de la rétention de sûreté et de la surveillance de sûreté aux personnes condamnées pour terrorisme. « Ce texte a été complété par tout ce qui peut accroître l’efficacité, sans rompre avec l’État de droit », a dit François Hollande. « La colère est légitime » mais celle-ci « ne peut dégénérer dans la haine et la suspicion », a averti le chef de l’Etat. Sur la promenade des Anglais, la vie a repris son cours. Sur une centaine de mètres, le trottoir a toutefois été transformé en mausolée.

Contre les fleurs, un petit garçon d’une dizaine d’années, T-shirt à rayures et chapeau de paille s’agenouille. Sa mère précise: « il nous a demandé ce qui s’était passé, on lui a expliqué et il souhaitait venir prier ». La totalité des 84 victimes tuées dans l’attentat, parmi lesquelles dix enfants et adolescents et de nombreux étrangers venus de 19 pays, ont été formellement identifiées et leurs obsèques à travers la France devraient se poursuivre toute la semaine.

Mercredi soir, à Bram, dans l’Aude, et à Herserange, à la lisière du Luxembourg, des milliers de personnes ont marché du même pas à la mémoire de six membres d’une famille décimée. « Ici, le temps s’est arrêté le 14 juillet », a lancé d’une voix tremblante le maire d’Herserange, Gérard Didelot.

Le Quotidien / AFP

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