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[Viticulture] Luc Reis : «Il n’y a pas que la capitale qui nous intéresse»


Lex Delles (ministre du Tourisme), Luc Reis (directeur de Moyocci) et Gilles Estgen (président de Visit Moselle) ont baptisé le bus à Schengen. (Photo : Erwan Nonet)

Moyocci, une filiale de Sales-Lentz, propose depuis cette semaine un tour d’une journée en minibus pour découvrir la Moselle. L’occasion d’évoquer avec son directeur, Luc Reis, le tourisme au Luxembourg.

Luc Reis, directeur général de Moyocci, a présenté mercredi le dernier produit en date de l’opérateur touristique : un tour en minibus d’une journée et 132 km à partir de la capitale pour découvrir la Moselle viticole et son arrière-pays. Il évoque les ambitions de la jeune société et les défis à relever pour dynamiser le tourisme au Luxembourg.

Moyocci est une filiale à 100 % de Sales-Lentz. Quelles sont vos ambitions?

Luc Reis : Moyocci a été créée par Sales-Lentz en 2019 dans le but de développer l’activité touristique de l’entreprise au Luxembourg. Nous opérions déjà en tant que Sales-Lentz les bus Hop on-Hop-off ou le petit train touristique de la Pétrusse et ces activités sont désormais opérées par Moyocci.

Nous vendons nos propres produits, mais en tant qu’expert du ticketing, nous vendons aussi des activités proposées par des tiers. Grâce à notre site sightseeing.lu, nous sommes la première plateforme d’expériences online du pays.

Débuter en 2019, ce n’était pas un cadeau…

Non, c’est sûr. Nous remarquons d’ailleurs que si cette année débute bien, elle reste en deçà de ce que nous faisions en 2019. En moyenne, sur l’offre globale, le recul est d’environ 20 %. Je suis tout de même optimiste parce que nos partenaires nous disent que les taux de réservations dans les campings et les hôtels sont élevés.

Sans doute que beaucoup de touristes et de résidents choisiront leurs activités au dernier moment. En moyenne, nous notons que les clients font leur pré-réservation trois semaines à l’avance seulement.

Les habitudes de vos clients ont-elles changé depuis le covid?

Les confinements ont amplifié les changements. Par exemple, il devient de plus en plus évident que les clients ne choisissent plus leur lieu de vacances en fonction des hôtels ou des campings, mais en fonction des activités qu’on peut leur proposer. Ils regardent d’abord ce qu’ils peuvent faire, ce n’est qu’après avoir été séduits par l’offre touristique qu’ils cherchent à se loger.

C’est une des raisons qui nous poussent à agir, notre objectif était justement de proposer le plus possible d’activités dans le pays. La digitalisation est une nécessité absolue pour exister sur le marché du tourisme. Elle avait pris du retard au Luxembourg, mais nous nous y attelons. Le potentiel de croissance est donc important.

Votre offre comporte beaucoup de propositions dans la capitale, elle reste le principal atout touristique du pays?

Oui, puisque tous les visiteurs y passent. Les bus Hop on-Hop off et le Pétrusse Express font partie des cinq activités les plus populaires du pays. Au cours d’une année normale, les bus prennent entre 120 000 et 130 000 visiteurs – résidents ou touristes.

Nous développons également d’autres concepts comme des tours guidés à vélo électrique ou des audioguides téléchargeables via notre appli sightseeing.lu. Les visiteurs payent en ligne le tour qu’ils souhaitent et ils peuvent parcourir la ville à leur rythme, quand ils le veulent.

Nous avons également mis en ligne l’année dernière un audioguide pour visiter la cathédrale. Ceci dit, il n’y a pas que la capitale qui nous intéresse, nous voulons développer notre offre dans tout le pays, comme le démontre la création du River & Wine Tour sur la Moselle.

Les commentaires s’enclenchent selon les coordonnées GPS

Vous proposiez déjà un concept similaire avec le Nature & Castle Tour, dans le nord du pays.

Oui, c’est le même principe : un petit groupe part en minibus depuis Luxembourg pour découvrir la cascade du Schiessentumpel, les châteaux de Beaufort et de Vianden et la vieille ville d’Echternach. Dans le bus, les visiteurs peuvent écouter l’audioguide qui les informe sur les caractéristiques des endroits où ils passent. Les commentaires s’enclenchent selon les coordonnées GPS, donc les informations arrivent toujours au meilleur moment. Nous sommes très contents, ce tour a su rapidement trouver son public.

Le Nature & Castle Tour et le River & Wine Tour sont créés en collaboration avec des partenaires publics et privés. Est-ce une obligation pour vous?

Oui, parce que nous associons nos compétences. En tant qu’opérateur, nous savons mettre en place et vendre ces offres, mais ce sont les acteurs touristiques régionaux qui connaissent le mieux ces régions et choisissent les éléments à mettre en valeur. Pour le River & Wine Tour, par exemple, c’est l’Office régional du tourisme Visit Moselle qui a écrit les commentaires de l’audioguide.

Nous avons également choisi les Domaines Vinsmoselle car ils possèdent les infrastructures et le personnel pour accueillir les visiteurs. Plus l’offre est construite en bonne intelligence avec les différents partenaires et plus elle sera intéressante pour les clients.

C’est exactement ce que nous venons de faire avec la Ville de Luxembourg en proposant de prolonger le parcours du Pétrusse Express avec la réalité virtuelle. Grâce au casque, vous découvrez le Pfaffenthal tel qu’il était en 1867. La Ville a créé cette offre et nous, nous l’aidons à la commercialiser avec nos quinze places disponibles dans nos petits trains aux départs quotidiens.

Vous avez donc tout intérêt à ce que l’attractivité touristique se développe non seulement dans tout le pays, mais également toute l’année…

Absolument, l’idée est de remplir au maximum la carte du pays avec des activités touristiques disponibles à tout moment de l’année. Nous étions très contents d’apprendre que les casemates seraient désormais ouvertes toute l’année, puisque nous les commercialisons également. Les audioguides disponibles sur notre appli vont dans ce sens étant donné qu’on peut les télécharger et les écouter n’importe quand.

River & Wine Tour,
toute la Moselle en une journée et 132 km

La nouvelle offre que propose Moyocci est destinée aux touristes et aux résidents qui se trouvent aux alentours de la capitale, puisque le départ s’opère à partir du boulevard de la Pétrusse (en face de la Spuerkeess). Le concept est simple : les visiteurs s’installent dans un minibus confortable et mettent les écouteurs dans les oreilles.

Tout au long du parcours s’égrènent les commentaires qui décrivent les lieux de passage et donnent toutes sortes d’explications sur les traditions et la culture des localités traversées. Plusieurs arrêts sont programmés, d’abord au Musée européen de Schengen, puis à Remich où les visiteurs sont libres de choisir leur restaurant pour midi.

Une dégustation de crémant a ensuite lieu dans les caves Poll-Fabaire de Vinsmoselle (Wormeldange) tandis que les vins tranquilles seront goûtés à la cave coopérative de Grevenmacher. «Je pense que ce tour intéressera les étrangers qui vivent à Luxembourg, souligne Yves Oury, directeur commercial de Vinsmoselle. Ce sont souvent des amateurs de vin qui trouveraient ici l’occasion de venir découvrir nos crus et nos terroirs.»

Ce tour tout compris (sauf le repas de midi) est facturé 85 euros par personne (39,50 euros pour les 4-15 ans, gratuit pour les moins de 3 ans, des offres famille sont également proposées sur le site).

Musée du Vin, bientôt du neuf

Pour le ministre du Tourisme, Lex Delles, qui a participé à l’inauguration, il est important de connecter touristiquement la capitale et la Moselle : «Luxembourg est le pôle d’attraction principal du pays, avec une gare bien desservie et un aéroport international qui attirent les visiteurs, mais il est important de les amener aussi dans nos régions. Ce nouveau produit va dans le sens de ce qu’il faut faire.»

Il est tout aussi intéressant de constater que malgré les efforts indéniables des acteurs locaux, l’offre touristique reste très restreinte sur une Moselle qui peine encore à se développer en tant que région touristique. Les logements sont rares, les restaurants étoilés inexistants… et il manque toujours cette porte d’accès vers le vignoble que doit être le Centre mosellan d’Ehnen, dont l’accouchement est décidément très compliqué.

«Cela avance, note toutefois Lex Delles. Le chantier du musée du Vin a enfin repris, mais nous avons dû réaliser des modifications pour diminuer les coûts. Le toit prévu par l’architecte (NDLR : François Valentiny), par exemple, était trop cher.» Quant à donner un calendrier réaliste à ce projet lancé en 2013 (!), il va falloir encore attendre encore un peu.

Rappelons que le tourisme est loin d’être anecdotique au Grand-Duché, il représente entre 6,5 et 8,5 % du PIB.