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Visite d’État du président capverdien à Belval : les Terres rouges, sources d’inspiration


José Maria Neves s’est dit «inspiré» par sa visite à Belval. (Photo : editpress/hervé montaigu)

La visite d’État du président capverdien s’est poursuivie mercredi à Belval, où il a découvert l’université et Luxinnovation. L’occasion d’y puiser des idées, mais aussi de potentielles futures collaborations pour développer et diversifier l’économie du Cap-Vert.

Tout un symbole : pour sa deuxième journée au Luxembourg, le couple présidentiel du Cap-Vert, en visite d’État au Grand-Duché, est parti hier à la découverte des Terres rouges du pays. José Maria Neves et son épouse, Débora Katisa Carvalho, accompagnés du Grand-Duc Henri et de plusieurs représentants de l’État luxembourgeois, ont en effet visité le site de Belval, symbole du passé sidérurgique du Luxembourg et de ses friches industrielles devenues aujourd’hui un lieu de savoir universitaire et d’innovation numérique, ainsi que de la croissance exponentielle du pays qui a su à plusieurs reprises renouveler son économie.

Car si le Luxembourg est cette année encore le pays le plus riche du monde selon le Fonds monétaire international, avec un PIB par habitant de 146 260 dollars, cela n’a pas toujours été le cas, comme l’a rappelé le ministre de l’Économie, Franz Fayot : «Le Luxembourg présente des similitudes avec le Cap-Vert. Nous aussi, nous avons rencontré des difficultés à nous développer : nous sommes un petit pays, disposant de peu de ressources naturelles. Une grande partie de notre population a, elle aussi, dû émigrer de ce pays agraire par le passé. Mais beaucoup d’énergie et d’investissements ont été mis dans l’innovation et dans la population.»

Une source d’espoir et d’inspiration pour le Cap-Vert et ses près de 590 000 habitants, qui occupe actuellement la 128e place au classement de l’Indice de développement humain (IDH), sur 191 pays. L’archipel isolé, situé au large du Sénégal, sur la côte ouest de l’Afrique, souffre en effet d’un contexte compliqué : composé de dix îles (symbolisées par les dix étoiles jaunes de son drapeau) et de plusieurs îlots, il dispose de peu de ressources naturelles et ne jouit pas d’une économie diversifiée, laquelle demeure très dépendante de secteurs particuliers tels que le tourisme, qui représente 25 % de son PIB et a été fortement affecté par la pandémie. «Nous avons une économie insulaire, dépourvue de revenus traditionnels, ce qui nous rend très vulnérables», a souligné le président José Maria Neves. Une vulnérabilité encore accrue par le changement climatique, qui soumet ce pays semi-aride à des périodes plus importantes de sécheresse, aggravant d’autant plus la désertification de ses sols.

Le chiffre : 2562

C’est le nombre de personnes de nationalité capverdienne vivant au Luxembourg, selon les derniers chiffres disponibles, datant de 2021. La communauté capverdienne dans son ensemble s’étend à plus de 10 000 personnes. C’est la première communauté originaire d’Afrique au Luxembourg. Son intégration réussie (plus de 30 personnes d’origine capverdienne sont par exemple candidates aux prochaines communales) est source «d’orgueil» pour José Maria Neves.

Vers un «Cap-Vert bleu»

Mais des solutions existent. Afin de diversifier les revenus de leur pays, les dirigeants du Cap-Vert misent, entre autres, sur deux piliers d’avenir majeurs : le numérique ainsi que l’économie bleue. «Le Cap-Vert, c’est à 99 % de l’eau. Le nom du Cap-Vert est d’ailleurs un paradoxe!», a plaisanté le chef d’État, parlant à plusieurs reprises de «Cap-Vert bleu». Les mers et l’océan Atlantique sont en effet une ressource offrant un «potentiel de développement durable» qui peut permettre de créer des emplois et de réduire la dépendance aux énergies fossiles : en sus de l’écotourisme et de l’énergie éolienne, Praia se voit développer la pêche durable, les zones marines protégées, l’énergie marémotrice, la biotechnologie marine… «Cela peut aussi renforcer notre identité d’une nation tournée vers la mer», a souligné le président Neves, avant d’ajouter : «L’hydrogène vert est désormais un rêve à portée de main.»

Des ambitions que se verrait bien soutenir le Luxembourg, au-delà du support strictement financier – et c’est ce qu’a montré cette visite de l’université et de l’agence Luxinnovation –, avec ses différentes formations d’excellence, ses projets de recherches, ses analyses de l’écosystème afin de définir les secteurs économiques à développer et les entreprises à aider, ou encore son expérience dans le digital.

D’autant que pour y parvenir, le Cap-Vert – qui a réussi en trente ans à faire baisser la pauvreté de 58 % de la population à 35 % – jouit de plusieurs atouts par rapport à d’autres pays du continent africain, notamment sa bonne gouvernance et son faible niveau de corruption (il est à cet égard à la 39e place sur 180 pays en 2021, selon le ministère de l’Économie française), sa stabilité politique, ainsi que le support de sa très grande diaspora, qui dépasse en nombre sa population résidente. «Grâce à tout cela et à l’aide au développement de pays comme le Luxembourg, nous avons transformé un pays aride où la faim était la norme en pays intermédiaire», s’est félicité le président Neves, qui a été quinze ans Premier ministre avant de remporter les dernières élections présidentielles.

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