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Verres correcteurs surfacturés : près de 2 000 clients floués


"Il n'y a pas que le client qui a été trompé, mais également la CNS", a constaté le président à l'ouverture du procès. (illustration AFP)

Entre 2004 et 2010, près de 2 000 porteurs de lunettes s’étaient fait facturer des verres plus chers que ceux délivrés. Poursuivis entre autres pour faux, usage de faux et escroquerie, trois hommes à la tête de plusieurs magasins comparaissent depuis mercredi devant le tribunal.

Avec ou sans traitement de surface, antireflet, antisalissures… l’offre de verres correcteurs est immense. Et les prix font le grand écart. Entre 2004 et 2010, un certain nombre de clients ayant acquis des verres de lunettes ne semblent toutefois pas avoir obtenu le produit qu’ils avaient commandé et surtout qu’on leur a facturé. C’est du moins ce que le parquet reproche aux prévenus Andreas H., Jürgen M. et Volker M., âgés de 46 à 48 ans, qui comparaissent devant la 16e chambre correctionnelle. À la tête à l’époque de neuf magasins de lunettes dans l’ensemble du pays, le trio aurait promu cette stratégie de vente afin d’empocher la différence résultant de cette pratique. Le chiffre de factures litigieuses établies qui figure dans l’ordonnance de renvoi s’élève à 2 598.

Un client d’un magasin d’optique à Wasserbillig s’était ainsi fait facturer ses verres correcteurs pour 142,50 euros la pièce. Or en réalité on lui avait monté des verres de moindre qualité d’une valeur de 4,95 euros. Le forfait remboursé par la CNS s’élevait à 23,90 euros par verre. Ce n’est que l’un des nombreux exemples d’irrégularités cités à l’ouverture du procès. «Visiblement il n’y a pas que le client qui a été trompé, mais également la CNS», constatait le président.

Les faits sur lesquels se penche le tribunal remontent à une dizaine d’années. L’affaire avait éclaté en décembre 2009 lorsqu’une associée avait porté plainte. Elle se sentait dupée après avoir investi 50 000 euros dans la société à Wasserbillig. Car au final la société aurait été lancée avec un capital de seulement 12 500 euros.

Au cours de son audition à la police, elle avait également fait part des irrégularités menées lors des commandes des verres correcteurs pour les clients. Une pratique visiblement connue et acceptée dans les autres magasins du trio, si l’on suit les déclarations des différents collaborateurs entendues au cours de l’enquête. «La commande réelle ne correspondait pas à ce qui était présenté sur la facture», a résumé hier l’enquêteur de la police.

Entre 25 et 30 euros de bénéfice par verre

Toujours d’après les déclarations des témoins, la stratégie de vente prévoyait que l’opticien mène la discussion avec le client à l’aide du catalogue Zeiss. Sur la base de ce document, le produit de haute qualité était promis au client. Mais lorsque sa dioptrie ou la monture des lunettes le permettait, des verres de stock de moindre qualité et surtout moins chers étaient ensuite commandés.

Résultat : le client ressortait de chez l’opticien en pensant avoir acquis des verres de haute qualité de la marque Zeiss. En réalité, on lui avait monté de simples verres de stock. La facture délivrée affichait bien évidemment le prix des verres Zeiss qu’on lui avait initialement promis. Une pratique qui aurait permis de faire un bénéfice de 25 à 30 euros par verre.

Des perquisitions avaient été réalisées par ailleurs. Elles avaient permis de mettre au jour dans le programme informatique des fichiers de clients où figurait la mention «autres verres commandés».

Le nombre exact d’éventuelles victimes de cette pratique n’est pas connu avec exactitude. Autour de 2 000 cas ont pu été identifiés. La justice a publié un avis dans la presse et sur son site internet invitant les personnes qui estiment avoir droit à réparation du dommage subi à se présenter personnellement ou par le biais d’un avocat à l’audience, munies des pièces attestant leur dommage.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi au tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Une quinzaine de témoins ont été cités pour faire la lumière sur cette affaire. Ensuite, cela sera au tour des trois prévenus de s’expliquer. Au total, quatre audiences ont été fixées.

Fabienne Armborst

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