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Un label Unesco pour le sud du Grand-Duché ?


La nature a repris ses droits dans le sud du Luxembourg. C'est précisément cette mutation pleine d'empreintes sociales qu'il s'agit de valoriser (Photo : Tania Feller).

Le sud du Grand-Duché, fort de son histoire du fer et d’une nature retrouvée, est candidat au label «Man and Biosphere» de l’Unesco. Le dossier entre dans le vif du sujet dès le début de l’année 2019, avec des consultations publiques.

Qui a façonné la nature à l’image de l’industrie du fer dans le Sud? L’Homme bien sûr. Qui a laissé des friches industrielles en jachère pendant des années et (sans vraiment le vouloir) la nature reprendre ses droits? L’Homme encore. Qui tente de reconvertir ces friches avec comme objectif premier la protection d’une nature retrouvée? L’Homme encore!
Voici, en trois lignes, le résumé de la course au label «Man and Biosphere» (MAB) dans le sud du Grand-Duché.
Le syndicat Pro-Sud (onze communes de Pétange à Dudelange) a entre les mains le dossier initié par la Commission luxembourgeoise pour la coopération avec l’Unesco. Des consultations publiques vont être lancées dès le début du mois de février. Le dossier de candidature sera déposé en septembre 2019 au siège de l’Unesco à Paris et puis… on croise les doigts!

Une valorisation pluridisciplinaire

Il faut le dire : ça serait une superbe nouvelle pour le sud du Grand-Duché. Un miroir de son potentiel et de son histoire, qui n’est pas le miroir déformant que l’on veut toujours lui tendre (cette injonction de devenir une «jolie» région en tirant un trait sur le passé). «Ça serait un label qui incite à une valorisation pluridisciplinaire, glisse Simone Beck, la présidente de la Commission luxembourgeoise pour la coopération avec l’Unesco. Il s’agit de renforcer le lien entre l’Homme et son environnement à tous les niveaux : sciences humaines, sociologie, culture, protection des écosystèmes, territoire durable… Chaque commune est invitée à participer avec ses points forts.»
Et en ligne de mire : montrer que la reconversion de ce territoire impose un défi à la hauteur de ce que fut l’aventure du fer.

Simone Beck est l'une des initiatrices du dossier (Photo : Isabella Finzi).

Simone Beck est l’une des initiatrices du dossier (Photo : Isabella Finzi).

Les prémices du projet remontent à 2016. «J’étais à une conférence internationale à propos de ces « MAB » de l’Unesco, explique Simone Beck. J’entendais parler de « mettre en valeur des endroits où le travail de l’Homme a changé la nature », « d’endroits où l’Homme intervient pour désormais gérer la reconversion » : j’ai pensé à la région du Sud dans notre pays.»
Rapidement Simone Beck rassemble une équipe de travail informelle autour d’elle. L’aide précieuse de Catherine Decker, son bras droit à la commission. Mais aussi de figures du Sud : Robert Garcia et Jean Goedert (ex-architecte-directeur de la ville d’Esch) en premier lieu.
« Le travail humain a détruit des écosystèmes mais en a créé d’autres, reprend Simone Beck. Prenons les exemples des galeries de mine : elles accueillent aujourd’hui des espèces de chauve-souris et de papillons rares. » On connaît également les prairies calcaires des anciennes carrières et les espèces rares d’orchidées. « Comment préserver tout cela en même temps que l’on continue à développer le territoire dans une optique durable?», questionne Simone Beck.

MUB ? «Minett Unesco Biosphère!»

Trois zones sont distinguées dans le dossier qui sera présenté : les zones centrales du futur MAB, les plus protégées par des législations nationales (ex : zone naturelle du Giele Botter ou la Haard à Dudelange). Elles sont entourées de zones tampons dont la protection est soumise à des programmes Natura 2000. Et enfin les zones de développement où les habitants exercent leurs activités économiques, où ils travaillent, se déplacent et construisent.
« L’Unesco n’impose aucune réglementation, précise Simone Beck. Le but est de reconnaître le mérite des initiatives qui font de cette région du pays un joyau, à tort méconnu.»
L’appui de la recherche est un élément clef : « Nous avons la chance d’avoir des instituts de recherche renommés comme l’Université, le List et le Liser à nos côtés. Avec l’Université, nous réfléchissons à établir des chaires Unesco dans des disciplines de sciences naturelles.»

La Haard de Dudelange (Photo : archives Editpress).

La Haard de Dudelange (Photo : archives Editpress).

Pour l’anecdote, le label MAB donnerait du MUB ici. Du quoi ? « Minett Unesco Biosphère ! », répond Simone Beck avec un large sourire. Et de prévenir : « avec l’Unesco, il ne s’agit jamais de mettre sous cloche un territoire mais d’en souligner la valeur. »
Le tourisme responsable serait également une ligne directrice, tout comme la mise en valeur des produits du terroir. « Nous réfléchissons à un sentier de randonnées de type Mullerthal Trail (NDLR : reconnu par des notations internationales). Cela inclurait un réseau de gites touristiques que l’on pourrait imaginer dans d’anciens sites industriels (ex : une tour de refroidissement !) L’Ordre des architectes et ingénieurs conseils travaille déjà sur un concours.»
Autant dire que l’obtention d’un label MAB empêcherait définitivement qu’une structure comme les Soufflantes de Belval soit mise à terre. On le voit bien, plus qu’un label, il s’agirait de consacrer une renaissance du sud du Grand-Duché.

Hubert Gamelon

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