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UE : le Luxembourg va défendre son siège


L'euro-député Christophe Hansen s'inquiète d'une tendance généralisée à la Commission à vouloir affaiblir le statut de Luxembourg en tant que capitale européenne (Photo d'archives : Didier Sylvestre).

La possible délocalisation de l’agence Chafea jette un doute sur le statut de siège européen du pays. La riposte se prépare.

Le 23 avril, le syndicat des fonctionnaires et agents européens à Luxembourg (USL) était le premier à sonner l’alerte. L’agence Chafea, en charge des consommateurs, de la santé, de l’agriculture et de l’alimentation, risque d’être délocalisée de Luxembourg vers Bruxelles. La décision finale revient à la Commission européenne, qui compte regrouper ses différentes agences exécutives dans la capitale européenne.

Contacté par nos soins, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, n’avait pas tardé à souligner avoir pris contact avec le commissaire européen au Budget et à l’Administration, Johannes Hahn, pour lui faire part de «la forte préoccupation du gouvernement quant à une éventuelle décision de fermer la Chafea». Mercredi, le ministre s’est concerté avec la Chambre pour préparer la riposte du Luxembourg dans ce dossier.
«Il faut savoir que cette agence n’emploie que 80 personnes, ce qui est peu par rapport aux 14 000 fonctionnaires et agents européens travaillant à Luxembourg. Or cette possible délocalisation fait réapparaître la question du maintien de notre capitale comme siège européen», note Yves Cruchten (LSAP), le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères. Si l’élu socialiste estime qu’«il ne faut pas céder à la panique», l’eurodéputé Christophe Hansen (CSV) décèle une «tendance généralisée» au niveau de la Commission européenne à vouloir affaiblir le statut de Luxembourg en tant que capitale européenne. «Il faut rester sur ses gardes», ajoute l’élu chrétien-social, d’autant plus que le dossier du coefficient de compensation pour les indemnités du personnel européen basé au Luxembourg traîne. Ce coefficient est censé tenir compte du surcoût des frais de vie au Grand-Duché par rapport à Bruxelles. «Cette inertie de la part de la Commission fait-elle partie d’une stratégie visant à réduire les effectifs des institutions européennes au Luxembourg ?», s’interroge Christophe Hansen dans une récente question parlementaire.

La décision est attendue pour décembre

La Chambre des députés est sur le point de s’accorder sur une résolution qui va octroyer un mandat clair au gouvernement pour défendre ses intérêts européens. «Il nous importe que le statut du Luxembourg comme siège d’institutions européennes ne soit pas remis en question. Avec cette résolution, le ministre Asselborn sera en mesure de signaler à la Commission européenne que la Chambre des députés rejette à son tour toute perte d’institution», souligne Yves Cruchten. Cette résolution sera supportée par les six eurodéputés luxembourgeois qui, de leur côté, comptent aussi intervenir auprès des instances européennes.

Dans un premier temps, la décision sur la délocalisation devait intervenir le 28 avril. La Commission compte désormais se prononcer en décembre. «Cela nous laisse du temps pour les convaincre», note le député. Le transfert éventuel se ferait début 2021.
L’argumentation que le gouvernement, soutenu par les députés, compte développer a trait au fait que le Luxembourg doit être renforcé comme pôle santé de l’UE. La Direction générale Santé de la Commission européenne est basée au Grand-Duché. Le 6 mai, l’eurodéputé Charles Goerens (DP) s’était déjà demandé dans une question parlementaire si la décision de délocaliser la Chafea risquait de remettre en question «le pôle santé que la Commission a développé depuis de nombreuses décennies au Luxembourg». Un maintien de l’agence serait d’autant plus important qu’elle verra ses moyens humains et financiers largement revus à la hausse.

David Marques

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