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Trafic de marijuana au Luxembourg : « Tout s’organisait via Snapchat »


Avant quasi chaque transaction, les enquêteurs ont pu relever un contact Snapchat avec une adresse IP en Thaïlande, qui semblait organiser le trafic. (illustration AFP)

Une importante affaire de drogue occupe depuis mardi le tribunal correctionnel. Le parquet reproche à un jeune trio d’avoir écoulé plusieurs dizaines de kilos de marijuana.

« On a l’impression que chez vous à Fingig c’était presque un drive-in où les gens faisaient la queue en voiture pour venir acheter de la marijuana », constatait mardi matin le président après donné lecture des faits reprochés à l’aîné des trois prévenus. Deux amis d’enfance l’accompagnent sur le banc des prévenus. L’un aurait participé avec lui à l’important trafic de drogue en important puis en mettant en circulation plusieurs dizaines de kilos de marijuana dans le sud-ouest du pays jusqu’à fin mars 2017. L’autre, que l’accusation qualifie carrément de «chef de file», est poursuivi pour avoir organisé et coordonné ce trafic depuis la Thaïlande.

Le SREC Esch, section stupéfiants, a remonté le fil après avoir été informé que le plus jeune du trio menait un trafic de drogue à bord de la Renault Clio de sa mère. Les premières observations, repérages téléphoniques et écoutes sont lancés fin janvier 2017. Mais très vite, les enquêteurs se rendent compte que les repérages téléphoniques ne les mèneront pas loin : «Tout s’organisait via l’application Snapchat», expliquait l’enquêteur au tribunal. Avant quasi chaque transaction, ils ont pu relever un contact avec une adresse IP en Thaïlande.

La première observation les mènera à Villerupt (F) sur le parking d’un supermarché où le jeune homme avait récupéré la marchandise d’occupants d’une voiture aux plaques néerlandaises. De là, ils l’avaient suivi jusqu’à Fingig où habitait à l’époque l’autre coprévenu. Pendant de longues semaines, les enquêteurs observeront ce va-et-vient avec ces sacs en plastique noirs. Et toujours ce contact Snapchat : «Comme si on les pilotait depuis la Thaïlande.»

En plaçant un mouchard sous la Clio, les enquêteurs ont pu retracer tous les déplacements. Le parquet reproche à Ronny M. (27 ans) et Yan B. (24 ans) d’avoir importé entre l’automne 2016 et mars 2017 au moins dix fois entre 500 g et 1 kg de marchandise. À Guerlange (B) aussi, ils auraient reçu de la drogue.

Mandat d’arrêt international

L’identité du troisième homme qui se trouve aujourd’hui sur le banc des prévenus ne se révélera qu’au cours de l’enquête. Le nom de Michel H. apparaîtra une première fois le 8 mars dans le cadre d’une écoute. Via Facebook, les enquêteurs retraceront vite que le jeune Luxembourgeois est bien en Thaïlande. Les versements d’argent via Western Union vers la Thaïlande opérés par les deux autres jeunes sous observation au Luxembourg appuieront la piste des enquêteurs. «La suspicion était grande que Michel H. était impliqué dans leurs activités illégales», analyse l’enquêteur. Via une commission rogatoire internationale (CRI) au siège de Snapchat aux États-Unis, les autorités saisiront plus tard les données de leurs comptes.

Les trois jeunes semblent avoir été bien informés des opérations policières. Quand le juge d’instruction a décerné un mandat d’amener contre les deux premiers, les enquêteurs ont en effet pu suivre comment la panique s’est emparée d’eux. Et plus aucune rencontre suspecte n’a pu être observée. Leur préoccupation aurait été de rechercher un logement à Rotterdam (NL). Mais où ils ne resteront pas longtemps. Le 25 avril, Yan B. et Ronny M. ont finalement été arrêtés. «Vu les déclarations qu’ils ont faites, on peut partir du principe que Michel H. était leur donneur d’ordre», analyse l’enquêteur. Trois jours plus tard, un mandat d’arrêt international était décerné contre ce dernier.

Depuis son arrestation, Michel H., âgé aujourd’hui de 25 ans, se trouve en détention préventive. À la barre, il a reconnu une partie des faits. Il admet avoir occupé le rôle d’intermédiaire pour certaines transactions, mais il conteste avoir formé une hiérarchie pour organiser le trafic. Il n’aurait toutefois pas participé à un quelconque trafic de cocaïne, clame-t-il.

Suite du procès ce mercredi après-midi.

Fabienne Armborst

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