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Sylvia Camarda sur Jan Fabre : «Est-ce que ces filles sont frustrées ?»


"J'ai passé de longues nuits avec lui à discuter, à faire des photos, tout ça, et c'était à chaque fois génial. Il n'y a jamais eu de problème !", affirme Sylvia Camarda. (Photo archives Julien Garroy)

Au lendemain d’accusations d’ « humiliations » sexuelles portées contre l’artiste belge Jan Fabre, la danseuse et chorégraphe luxembourgeoise Sylvia Camarda – qui a longtemps travaillé avec lui – réagit à ces accusations pour Le Quotidien.

Jan Fabre, un des chorégraphes contemporains le plus en vue de la scène internationale est au centre d’une polémique suite à la publication, jeudi, sur le site internet du magazine néerlandophone spécialisé dans l’art rekto:verso d’une lettre ouverte où une vingtaine de danseuses et danseurs, anciens collaborateurs de Jan Fabre affirment avoir subi des humiliations et intimidations sexuelles de la part du dessinateur, sculpteur, chorégraphe et metteur en scène belge.

«Jan est un des plus grands artistes que j’ai rencontré dans ma vie», lance celle qui est également présentatrice d’émissions sur la danse pour Arte et membre du conseil communal de la ville de Luxembourg, j’ai même démissionné du Cirque du Soleil pour retourner chez Fabre», ajoute-t-elle. «Fabre est artiste qui te pousse pour atteindre tes limites, c’est une chance incroyable de pouvoir travailler pour lui», souligne la danseuse qui a participé aux spectacles Je suis sang, Requiem für eine Metamorphose, I Am a Mistake et puis tard aussi L’Orgie de la tolérance du natif d’Anvers.

«J’ai passé de longues nuits avec lui à discuter, à faire des photos, tout ça, et c’était à chaque fois génial. Il n’y a jamais eu de problème ! Après, je n’ai jamais essayé de le draguer pour travailler pour lui, puisque je savais que j’étais bonne, que je travaillais comme une tarée et que ce n’était pas autrement que j’allais l’avoir comme chorégraphe», reprend la lauréate du Lëtzbuerger Danzpräis 2011.

«Avec moi, ça a toujours été quelqu’un de super bien», assure-t-elle. Du coup, la polémique autour de lui l’étonne. «Si tu vas travailler chez Jan, tu sais que tu vas être à poil sur scène et tu sais qu’il va critiquer ton corps. À un moment j’avais pris trop de muscles et je ressemblais à un mec, il m’a donc demandé d’arrêter de faire des pompes parce qu’il voulait avoir une femme sur scène. C’est clair, des personnes un peu moins fortes d’esprit peuvent prendre mal ces critiques, mais elles sont tout à fait normales ! Ça fait partie du travail !», insiste Sylvia Camarda, qui, hasard du calendrier, est en train de tourner depuis cet été une émission spéciale d’une heure pour Arte sur le thème : Pouvoir et abus dans la danse.

Elle poursuit : «Je suis assez étonnée qu’Erna (NDLR : Ómarsdóttir) ait signé cette lettre ouverte, parce qu’elle a fait énormément de pièces avec Jan et est devenue connue grâce au travail qu’elle a fait pour lui. Pour les autres… comme je fais justement cette émission pour Arte, en tant que journaliste, je pense qu’il faut les laisser s’exprimer, mais en tant que danseuse, je me demande s’il n’y a pas, là, une certaine frustration. Toute danseuse a le droit de dire jusqu’où elle veut aller avec un chorégraphe. Si elles ne sont pas capables de le faire pendant la production, qu’elles restent sur le projet jusqu’à la fin, je me demande : Est-ce que ces filles sont frustrées parce qu’elles ont une mauvaise expérience ou parce qu’elles n’ont pas eu un nouveau contrat ?», lance celle qui aimerait désormais rencontrer Fabre dans le cadre de son émission télé. «Une interview, pour mettre les choses au clair.»

L’émission devrait être programmée pour la fin de l’année ou le début d’année prochaine.

Pablo Chimienti

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