Figure bien connue du monde associatif, Susanna Van Tonder prend la présidence du Centre pour l’égalité de traitement, avec une vision nourrie par son propre vécu.
Susanna Van Tonder n’a jamais fait de concession, même après le diagnostic de sa sclérose en plaques à l’age de 27 ans. Elle ose vivre à cent à l’heure, malgré la maladie, et ça lui réussit. Toujours entre deux projets, cette jeune diplômée en psychologie du travail, aujourd’hui conseillère à l’Adem auprès des réfugiés ukrainiens, a fait de son engagement en faveur de l’inclusion une priorité.
Vice-présidente de l’association Multiple sclérose Lëtzebuerg depuis deux ans, elle est aussi membre du Conseil supérieur des personnes handicapées, membre de l’ASBL Ehlers-Danlos syndrome Lëtzebuerg, siège au conseil d’administration d’Info handicap et cumule tout autant de mandats dans des organismes au niveau international.
Pas étonnant, donc, qu’elle ait été plébiscitée par la Chambre des députés en février dernier pour diriger le Centre pour l’égalité de traitement (CET). Une nomination qui la touche particulièrement : «J’ai découvert le CET peu après mon diagnostic, alors que je cherchais des informations sur le handicap dans le monde du travail. À l’époque, j’étais en difficulté. Alors, en devenir la présidente aujourd’hui, c’est incroyable», se réjouit-elle.
«Tout le monde a le droit d’avoir les mêmes possibilités dans la vie»
Pour autant, Susanna Van Tonder mesure l’ampleur de la tâche qui l’attend, entourée d’une équipe de quatre salariés et quatre membres élus, comme elle, pour cinq ans. Leur mission : promouvoir, analyser et surveiller l’égalité de traitement entre toutes les personnes au Luxembourg, sans discrimination fondée sur la race ou l’ethnie, le genre, l’orientation sexuelle, la religion, le handicap ou l’âge. «Tout le monde a le droit d’avoir les mêmes possibilités dans la vie», insiste-t-elle, ajoutant que les discriminations peuvent prendre différentes formes.
En 2022, la plupart des cas signalés au CET concernaient la race et le handicap, en particulier dans l’emploi. «Ça peut être de la discrimination directe : une personne qui se voit refuser un poste en raison de son ethnicité ou de son handicap», explique-t-elle. «Ou indirecte : un travailleur qui aurait besoin de se rendre aux toilettes fréquemment en raison d’une maladie, alors qu’un règlement interne l’interdit.» S’ajoute encore le harcèlement : des employés qui excluraient d’office et de façon répétée un collègue en raison de sa religion par exemple.
Des situations très répandues, selon elle, que les chiffres sont loin de refléter. «De nombreuses personnes se désistent après nous avoir alertés, par crainte d’être stigmatisées. Le Luxembourg étant petit, ça complique les choses», regrette la jeune femme. Or, sans statistiques, pas de moyens : «Il nous faut des dossiers fondés pour pousser le gouvernement à agir.»
Montrer sa vulnérabilité pour gagner la confiance
À son nouveau poste, Susanna Van Tonder compte insuffler son style, en parlant ouvertement de son handicap. «C’est comme ça qu’on crée un climat de confiance. Montrer sa vulnérabilité et son authenticité, c’est très important.»
Bien sûr, elle a déjà dressé une liste d’objectifs pour les mois à venir. D’abord, renforcer la présence du CET sur le terrain à travers la participation à des événements, mais aussi par des interventions en entreprises ou dans les lycées. De quoi booster la sensibilisation du grand public au sujet des discriminations.
Dans un volet plus formel, la présidente souhaite accélérer le vote du projet de loi en cours qui doit fixer un cadre juridique et des compétences plus claires pour le CET. «J’aimerais aussi qu’on ait un accueil psychologique pour les personnes qui viennent nous voir», pointe la psychologue. «Et je veux qu’on soit davantage proactif, à l’image de notre récente prise de position pour dénoncer les propos d’une élue», glisse-t-elle, en référence à la sortie de Simone Beissel sur la mendicité.
Enfin, l’un des moments forts de cette année sera la toute première édition de Lëtz Celebrate Inclusion, un événement organisé par le ministère de la Famille, qui se tiendra le 13 juillet prochain à Luxembourg, et auquel le CET participera.