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Schengen accusée de diffamation : un toit qui fait des vagues


Le futur campus scolaire de la discorde doit sortir de terre en bordure de Remerschen.

Valentiny hvp accuse et est accusé en retour. Le bureau d’architectes aurait été intransigeant et n’aurait pas respecté les idées de Schengen, forçant la ville à cesser leur collaboration.

Un différend portant sur la conception du toit du futur hall sportif à Remerschen a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la commune de Schengen, à en croire différents témoins appelés à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg depuis lundi. Le bureau d’architectes Valentiny hvp accuse le collège échevinal de diffamation et de calomnie ainsi qu’un ingénieur du service technique de prise illégale d’intérêts à la suite de la résiliation de deux contrats portant sur la planification du futur campus scolaire.

Les faits remontent au conseil communal du 4 mai 2023. Le bourgmestre, Michel Gloden, a exposé brièvement les raisons – au nombre de cinq – de cette décision aux conseillers communaux ainsi qu’aux médias présents qui auraient relayé des «reproches infondés», «inventés de toutes pièces» et auraient participé à ternir la réputation du bureau d’architectes. Valentiny hvp soupçonne le collège échevinal d’avoir voulu favoriser BFF architectes et urbanisme, un autre bureau avec lequel un ingénieur du service technique de la commune avait déjà travaillé par le passé.

Une vingtaine de témoins (conseillers communaux, membres du service technique, de BFF architectes & urbanisme et de Schroeder & Associés, entre autres) ont été appelés à la barre pour démêler cette affaire et aider le tribunal à découvrir les raisons qui ont poussé la commune à cesser sa collaboration avec Valentiny hvp et si les médias ont été intentionnellement conviés à la séance du conseil communal dans le but de nuire au bureau d’architectes. Or on ne sait toujours pas qui est à l’origine de leur venue.

«En temps normal, une convocation est envoyée à la presse écrite, mais cette fois, le bourgmestre m’avait demandé de ne pas le faire pour ne pas rendre l’affaire publique et mettre de l’huile sur le feu», a expliqué le secrétaire communal. Car, si la commune a souhaité mettre un terme à sa collaboration avec Valentiny Hvp sur ce projet en particulier, elle n’a pas exclu de futures collaborations. Ce qui est notamment le cas avec le terrain de football, a confirmé le chef du service technique hier.

Difficultés «hors normes»

Que s’est-il passé sur ce projet pour que le collège échevinal en arrive à de telles extrémités ? Les témoins évoquent des délais à rallonge dus à des problèmes de communication entre le maître d’œuvre et le bureau qui devait réaliser le PAP du projet avant de s’attaquer entre autres au hall sportif et aux aménagements extérieurs du site. À la barre, il est également question de réunions tendues, de discussions houleuses et de nombreuses remises en question des décisions prises qui n’auraient pas été du fait de la commune dont «les desiderata étaient toujours très clairs».

«Les problèmes se sont multipliés au fur et à mesure de l’avancement du projet», a confirmé le président de la commission des bâtisses de la commune. Comme certains autres témoins, il accuse Valentiny hvp de ne pas avoir respecté les demandes de la commune et d’avoir voulu imposer ses choix coûte que coûte. Notamment un toit en forme de vagues pour le hall sportif. «Valentiny hvp nous a imposé un toit pour le hall sportif dont nous ne voulions pas. C’était trop complexe et trop cher.» Le bureau d’architectes se serait montré intransigeant, au point de tarder à proposer des alternatives.

Tom Beiler de BFF architectes & urbanisme ainsi que Jacques Margue et Olivier Zirnheld de Schroeder & Associés confirment ces propos. Olivier Zirnheld évoque des difficultés de collaboration «hors du commun» entre les deux parties. «Je pense que la commune a perdu patience. Comment continuer à travailler ensemble si la collaboration se passe déjà aussi mal à ce stade du projet ?»

Valentiny hvp accuse également le collège échevinal de l’avoir écarté du projet pour favoriser BFF architectes & urbanisme et, par la même occasion, le coordinateur du projet d’être à la manœuvre. Le projet aurait été morcelé au détriment de Valentiny hvp avant la résiliation des contrats. Mais il s’est avéré que l’ingénieur incriminé n’aurait pas décidé seul de l’intégration de BFF au projet et n’en aurait retiré aucun bénéfice, selon les différents témoins interrogés quant à une éventuelle prise illégale d’intérêts. «Le morcellement a été décidé lors d’une rencontre de travail avec François Valentiny. Il s’intéressait beaucoup au hall sportif», a indiqué Tom Beiler. «La commune pensait que nous allions tout faire ensemble. Nous avons proposé cette solution pour des questions de responsabilités.»

À l’issue de cette deuxième journée de procès, les faits semblent se préciser au détriment de Valentiny hvp. Reste à entendre les explications de ses représentants. Ils pourront, tout comme les membres du collège échevinal, s’expliquer sur l’origine des dissensions cet après-midi.

Un commentaire

  1. Je ne pense pas que le bureau Valentiny se fait une bonne réputation, il devra plutôt craindre que peu de dossiers lui seront encore soumis par les pouvoirs publics au futur, peu importe la suite de l’affaire.

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