Accueil | A la Une | Schengen accusée de diffamation : la «mise à mort» d’un architecte

Schengen accusée de diffamation : la «mise à mort» d’un architecte


François et Anna Valentiny arrivent au tribunal. (Photo : fabrizio pizzolante)

Ou d’un ingénieur. En charge du projet de campus scolaire, il serait à l’origine du conflit qui oppose Valentiny hvp et le collège échevinal de Schengen, accuse le bureau d’architectes.

Retrouvez les précédentes de cette affaire

Diffamation : le bureau Valentiny accuse le collège échevinal de Schengen

Schengen accusée de diffamation : un toit qui fait des vagues

L’ambiance de travail entre le bureau d’architectes Valentiny hvp et la commune de Schengen aurait été mauvaise au point que cette dernière a décidé de résilier les deux contrats qui les unissaient. Une décision interprétée comme un affront par l’entreprise qui accuse le collège échevinal de la municipalité mosellane de diffamation et de calomnie, ainsi qu’un de ses ingénieurs de prise illégale d’intérêt. Le bureau d’architectes aurait, selon les divers témoins entendus à la barre ces deux derniers jours, voulu imposer ses idées coûte que coûte sans respecter la volonté des édiles communaux. La conception du toit du hall sportif du futur campus scolaire aurait scellé leur décision, entérinée en présence des médias lors du conseil communal du 4 mai 2023.

Le bureau d’architectes accuse la commune d’avoir voulu l’écarter au profit d’un concurrent. «Un client m’a confié avoir entendu l’ingénieur dire, deux ou trois ans auparavant, que l’ère Valentiny était révolue à Schengen», a révélé hier, Axel Christmann de Valentiny hvp, qui ne comprend pas la décision de la commune. «Je n’ai jamais entendu parler de discussions houleuses pendant la conception du projet.» Le témoin s’est montré très «corporate» à la barre. «Mes collègues travaillaient beaucoup pour se plier aux exigences de la commune qui mettait longtemps à réagir à nos propositions.» La réputation de son employeur et son activité auraient pâti de cette affaire. «Les écrits restent», commente-t-il en référence à la couverture médiatique de l’affaire.

«Affirmer que nous ne respectons pas les choix des clients est une mise à mort pour un architecte», a affirmé Anna Valentiny. «Nous avons porté plainte pour sauver l’image de tout un bureau et de cinq partenaires. Pas pour l’égo d’un seul homme.» La conception du PAP du campus scolaire de Schengen se serait déroulée dans les règles, selon la jeune femme qui en a assuré le suivi : «Le projet s’est développé comme n’importe quel autre projet. Quand nous estimions qu’une discussion était nécessaire, nous l’avons fait. (…) C’était un projet important pour nous, nous lui avons donné la priorité.»

Des réunions régulières étaient organisées, mais «c’est devenu problématique avec le représentant de la commune qui suivait le projet». Elle accuse l’ingénieur de condescendance et de mauvaise foi. «J’avais l’impression qu’il ne relayait pas les bonnes informations au collège échevinal au point d’en alerter le bourgmestre», indique la jeune architecte. Pourtant, le collège échevinal a décidé de mettre un terme à leur collaboration. «J’ai eu l’impression que BFF architectes & urbanisme a été favorisé. Toutes nos propositions étaient mises en doute par principe par le représentant de la commune. Les leurs étaient saluées», confie la jeune femme.

«Aucune notion d’architecture»

François Valentiny a évoqué une atmosphère «de machos» sur les rives de la Moselle et accuse l’ingénieur de «perfidie» et de «harcèlement». «Mes collaboratrices rentraient en pleurs des réunions.» Le travail de celui qui collabore avec la commune de Schengen depuis 40 ans aurait été «freiné» et «démonté» par l’ingénieur qui «n’a aucune notion d’architecture». «Nous n’aurons plus jamais de contrats d’une commune tant que mon nom sera mis en avant», a-t-il déploré. Même à l’étranger. «Ce procès n’est pas une bonne publicité.» S’il avait été informé des intentions de la commune, il aurait, dit-il, évité que l’affaire ne tombe sur la place publique.

Le collège échevinal conteste ce qui lui est reproché. «La commune n’avait pas l’intention de nommer le bureau d’architectes ou de nuire à quelqu’un. Ce n’est pas notre style. Nous avons pris la décision de stopper notre collaboration sur ce projet seulement», a expliqué Michel Gloden. «Il s’est exactement passé ce que nous ne voulions pas.» Le bourgmestre confirme ce que les témoins avant lui ont déjà évoqué au sujet de la collaboration entre la commune et le bureau d’architectes. «Notre décision est le résultat d’expériences personnelles et des retours de notre ingénieur qui est une personne de confiance. Elle a été prise dans l’intérêt du projet.» La collaboration ne fonctionnait plus «à plusieurs niveaux», selon le bourgmestre qui a voulu être «le plus transparent possible» sans mettre d’huile sur le feu.

Le trio d’édiles n’aurait pas été téléguidé par l’ingénieur qui a affirmé «n’avoir à aucun moment reçu de faveur de BFF ou avoir d’intérêts dans cette société». Le bureau d’architecture et d’urbanisme a été choisi pour son expérience en matière de conception de bâtiments scolaires. Les deux bureaux se sont réparti les tâches de manière cohérente. La commune n’aurait pas cherché à défavoriser l’un au profit de l’autre, s’est défendu le témoin.

Le procès se poursuit cet après-midi avec les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du parquet.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.