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Roumanie-Luxembourg : «C’est en étant unis que nous sommes le plus forts»


Malgré le lourd contexte géopolitique, les échanges entre Klaus Iohannis (à g.) et Xavier Bettel ont eu lieu «dans une très bonne atmosphère», comme l’a souligné le président roumain. (Photo : sip/emmanuel claude)

En visite lundi au Grand-Duché, le président roumain, Klaus Iohannis, a salué le déploiement de soldats luxembourgeois dans son pays. Ils doivent contribuer à renforcer le flanc est de l’Otan.

Les deux pays partagent une histoire commune, longue de plus de 800 ans, comme le rappelle le Premier ministre, Xavier Bettel. Il fait référence à l’émigration au XIIe siècle de Luxembourgeois en Transylvanie. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre, malheureusement, dans un contexte tendu. La guerre que mène la Russie contre l’Ukraine menace non seulement l’ordre géopolitique, mais aussi la situation sécuritaire dans les pays voisins, dont la Roumanie.

«Ils ont un autre passé que celui du Grand-Duché. La situation aux frontières est autre. Au réveil, les craintes sont donc aussi différentes. Il est important de pouvoir les écouter pour avoir leur point de vue», souligne le chef du gouvernement luxembourgeois, aux côtés du président roumain, Klaus Iohannis. Plutôt que les relations économiques – en nette hausse et dont «l’énorme potentiel doit encore être valorisé» –, sa visite de travail était marquée par l’agression russe.

«L’Ukraine se bat aussi pour notre liberté»

«Dans le contexte sécuritaire actuel, je suis soulagé du constant soutien apporté à Bucarest», avance le président roumain. Il a profité de sa présence au Luxembourg pour saluer la «présence d’un fort contingent luxembourgeois», qui va être déployé courant mars en Roumanie. Ce sont 25 soldats grand-ducaux qui vont être intégrés aux groupements tactiques multinationaux de l’OTAN, appelés à renforcer le flanc est de l’OTAN. «Cette décision vient renforcer la coopération étroite entre nos deux pays», souligne Klaus Iohannis.

De son côté, Xavier Bettel précise que la mission en Roumanie, prévue sur 28 mois, sera «le plus large déploiement actuel de militaires luxembourgeois à l’étranger». «Il est fondamental de démontrer le renforcement de la capacité de défense de l’Otan», ajoute-t-il.

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«Pas de clôtures, pas de murs, mais quelque chose de plus intelligent»

Quinze pays membres de l’Union européenne ont appelé vendredi à Athènes à renforcer les frontières extérieures de l’UE face aux flux migratoires. La Roumanie fait partie de cette coalition qui presse la Commission européenne d’accorder «un soutien financier adéquat» aux pays membres en première ligne «pour tout type d’infrastructure de protection des frontières, dont des barrières».

La décision de principe d’un soutien financier renforcé pour mieux protéger les frontières extérieures a été actée lors du sommet européen de début février. Le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, s’était montré très critique sur la possibilité d’employer de l’argent européen pour construire des clôtures antimigrants.

Le président roumain, Klaus Iohannis, ne veut également pas de «clôtures ou de murs, mais quelque chose de plus intelligent» pour renforcer la protection des frontières extérieures de l’UE. «Il faut miser sur la haute technologie, une bonne formation des personnes et une transmission efficace des flux d’informations. À cela s’ajoute une bonne coopération avec les pays d’origine des migrants», développe-t-il. L’UE devrait bien «participer aux coûts de la protection des frontières».

«Si l’on mise sur une forteresse, d’autres drames que celui qui s’est joué ce week-end en Méditerranée vont avoir lieu. Il existe d’autres moyens que d’ériger des murs. Nous sommes en faveur d’un contrôle qui fonctionne aux frontières extérieures. Mais entre le chaos total et le choix de tout miser sur des murs et barrières, il existe des solutions pragmatiques à envisager», argumente de son côté Xavier Bettel.

Du soutien pour intégrer Schengen

Comme indiqué, le contexte dans lequel la Roumaine vit la guerre en Ukraine diffère fortement de celui du Luxembourg. «La solidarité avec l’Ukraine est extrêmement importante. Elle se bat aussi pour notre liberté, le maintien et l’intégrité de la Roumanie», avance le président Iohannis. Il a une pensée pour la Moldavie, non membre de l’Otan, qui est également sous la menace de la Russie : «Nous soutenons la Moldavie sans équivoque, non seulement en ce qui concerne sa perspective européenne, mais aussi dans le contexte sécuritaire».

La Roumanie cherche, en dépit du contexte de guerre, aussi à renforcer son statut européen. Membre de l’UE depuis 2007, elle aspire désormais à intégrer l’espace Schengen. Le Luxembourg soutient la candidature de Bucarest. «Le pays a prouvé sa capacité à gérer ses frontières extérieures sans construire de forteresse. Pour nous, la Roumanie remplit les conditions et est, donc, prête à intégrer Schengen», assure Xavier Bettel. «On sait qu’on peut continuer à compter sur le soutien clair du Luxembourg pour atteindre cet objectif national très important», enchaîne Klaus Iohannis.

«C’est en étant unis que nous sommes le plus fort», conclut le président roumain.

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