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Luxembourg : 4 ans ferme pour tentative de meurtre


Si le prévenu, alcoolisé au moment de la rixe, ne contestait pas les coups, ils n'avaient été portés que pour effrayer ses agresseurs, prétendait-il. (photo archives editpress)

Le trentenaire qui avait poignardé lors d’une rixe fin 2017 un homme dans le quartier de la Gare a été condamné mercredi à 12 ans de prison, dont 8 avec sursis. La 13e chambre criminelle n’a pas retenu l’argument de la légitime défense invoqué par le prévenu. Elle l’a reconnu coupable de tentative de meurtre.

Le 3 décembre 2017, Saido E. (32 ans) avait porté pas moins de quatre coups de couteau dans le dos de sa victime. Les faits avaient eu lieu vers 1h, rue de Bonnevoie, dans le quartier de la Gare à Luxembourg. Depuis cette nuit, le trentenaire est en détention préventive à Schrassig.

Si le prévenu, alcoolisé au moment de la rixe, ne contestait pas les coups, ils n’avaient été portés que pour effrayer ses agresseurs, prétendait-il : «Ils m’agressaient pour quelque chose que je n’avais pas fait. J’ai senti que ma vie était en danger.» Tout seul, il n’aurait pas fait le poids contre les trois hommes.

«Un simple couteau à éplucher n’est, par sa nature, pas destiné à tuer», avait plaidé son avocat, Me Mathieu Richard, invoquant l’argument de la légitime défense. Et d’insister : «S’il avait eu l’intention de tuer, il aurait pu se procurer une arme plus dangereuse.»

À entendre les différents protagonistes, tout s’était passé très vite. À l’origine de cette rixe sanglante se trouvait, quelques instants plus tôt, une scène dans un café. Une scène qui avait visiblement été appréciée différemment. La future victime et ses deux amis déclaraient avoir vu, à travers la vitre, une femme agrippée par un homme. Ils ne savaient pas que quelques instants plus tôt ce dernier s’était fait tirer par les dreadlocks. Bref, ils avaient décidé de suivre l’homme afin de pouvoir, par la suite, indiquer à la police où le trouver.

« Je sentais ma vie en danger »

Au lieu d’accélérer le pas et de poursuivre son chemin, Saido E., accompagné de sa copine, avait fini par se retourner. S’en était suivi une première altercation. À la question de savoir qui avait commencé, les versions avaient divergé. Toujours est-il que Saido E. avait fini par s’éclipser… avant de revenir quelques instants plus tard armé d’un couteau. Selon ses dires, c’était pour récupérer sa compagne : «La seule chose que je voulais, c’était rentrer à la maison avec ma copine. Je sentais ma vie en danger», avait-il argué à la barre.

Mais de l’avis du parquet, il était impossible de retenir la légitime défense. «Saido E. n’est peut-être pas redescendu dans la rue pour tuer quelqu’un, n’empêche que quand il a enfoncé à quatre reprises le couteau dans le corps de sa victime, il ne faisait l’objet d’aucune attaque violente», avait récapitulé son représentant avant de requérir dix ans de réclusion pour tentative de meurtre. Pour ce qui concerne un éventuel sursis, il se rapportait à prudence de justice.

Un couteau planté 6 cm dans la cage thoracique

Au final, la 13e chambre criminelle a condamné, hier après-midi, le trentenaire à douze ans de réclusion, dont huit avec sursis pour tentative de meurtre. Elle a estimé que ni la légitime défense ni l’excuse de la provocation n’étaient données. Mais la circonstance aggravante de la préméditation ne serait pas établie. Placé sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, il a notamment l’obligation d’indemniser la victime. Afin d’évaluer le préjudice, deux experts ont été nommés. En attendant, la victime se voit allouer une provision de 6 000 euros. À cela s’ajoute une indemnité de procédure de 800 euros.

Même si trois des blessures étaient superficielles, la quatrième aurait pu être potentiellement mortelle en cas de complications. «Les coups ont été portés avec une force considérable», avait noté le médecin, citant le coup planté à 6 cm de profondeur dans la cage thoracique. La victime, également alcoolisée lors des faits, avait passé une semaine et demie à l’hôpital. À la barre, l’homme âgé aujourd’hui de 34 ans avait raconté avoir perdu toute sensation dans l’omoplate.

Enfin, les juges ont ordonné la confiscation du couteau de cuisine saisi par le SREC Luxembourg. Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst

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