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Eric Thill, pour une culture écoresponsable


Le nouveau ministre de la Culture, Eric Thill, a présenté son programme aux députés qui s’inscrit dans la continuité.  (Photo : hervé montaigu)

Le ministre de la Culture, Eric Thill, a agréablement surpris les écolos, titulaires du poste avant lui, en indiquant vouloir développer l’écoresponsabilité dans les milieux artistiques. Place aux ressourceries.

Le nouveau ministre de la Culture, Eric Thill (DP), ancien bourgmestre de Schieren, dans le nord du pays, a passé son baptême du feu devant les députés réunis en commission pour présenter son programme. Sa tâche ne sera pas la plus aisée après le passage de sa prédécesseure, Sam Tanson (déi gréng), que les acteurs de terrain ont chaleureusement saluée lors de son départ, pour le travail réalisé en faveur de la sphère culturelle.

«Il y a une volonté de continuité», comprend la députée écolo Joëlle Welfring, présente lors de la présentation. «En 40 minutes, il nous a expliqué les onze priorités contenues dans le programme gouvernemental, mais il y avait beaucoup de points où il s’agissait encore de faire des analyses et des examens», observe la députée. Elle admet que ce travail est déjà entamé pour certains domaines, comme le registre des lieux culturels et certains autres inventaires.

L’opposition est restée sur sa faim en ce qui concerne l’archéologie préventive que le nouveau gouvernement entend réformer. «La loi de 2022 a été établie sur la base de longues discussions et elle est aujourd’hui remise en question», constate Joëlle Welfring en se référant à la loi sur le patrimoine culturel. «La décision quant à la réalisation des fouilles sera prise par l’administration compétente, et les frais y afférents seront entièrement pris en charge par l’État. Le projet de construction pourra être poursuivi en cas de silence de l’administration ou en cas d’expiration du délai d’exécution des fouilles dans le délai imparti par la loi», prévoit l’accord de coalition. «Nous avons voulu connaître l’envergure financière de cette modification qui, selon le ministre, devrait atteindre les 14 millions d’euros», précise Joëlle Welfring. Une enveloppe réservée aux fouilles préventives, mais personne ne sait encore comment la loi sera modifiée.

Ce que la députée déi gréng apprécie, et qui ne figure pas dans le programme, c’est la volonté du nouveau ministre de mettre en avant l’écoresponsabilité dans le domaine culturel, un terrain que Sam Tanson avait déjà commencé à défricher. Son successeur, Eric Thill, entend poursuivre sur cette voie. «Nous avons donc reparlé des ressourceries, entre autres», se réjouit la députée qui sait combien le monde culturel peut laisser derrière lui en empreinte carbone.

Il y a un an, le ministère de la Culture avait convié, en collaboration avec la Kulturfabrik, à un séminaire sur le sujet de l’écoresponsabilité pour faire prendre conscience de l’importance de la gestion des déchets et du réemploi dans le secteur culturel. Lors de cette rencontre, le réseau français des ressourceries artistiques et culturelles «RESSAC» ainsi que ArtStock avaient été présentés. L’idée, par exemple, est de collecter des décors et des costumes provenant des théâtres et autres lieux culturels pour les réutiliser. Ces lieux sont appelés ressourceries et un projet est à l’étude au Luxembourg avec la participation de la Theater Federatioun. «La question de l’écoresponsabilité va nettement plus loin que le fameux gobelet en plastique», avait rappelé l’ex-ministre Sam Tanson a cette occasion. Il faut moins produire et surtout produire mieux.

Le public, grand pollueur

La culture engendre aussi beaucoup de transports. La plus grande pollution vient des déplacements des visiteurs pour les grands festivals, les grandes expositions, les représentations théatrales, les musées. Une étude avait révélé que 99 % des visiteurs du Louvre venaient en avion… C’est à la culture de se déplacer davantage, les œuvres comme les artistes. «Comment dire à un musée ou à un festival que le public est un problème alors qu’il est sa raison d’être, son combat et le socle de son modèle économique?», interrogeait la curatrice Béatrice Josse lors de ce séminaire.

C’est une bonne chose de réfléchir à la question à l’heure où le nouveau gouvernement annonce vouloir mettre en place des mécanismes pour soutenir le mécénat culturel avec la création d’une plateforme reliant le secteur culturel aux milieux économiques. «La culture étant elle-même considérée aussi comme un vecteur économique, le gouvernement va initier une étude pour mesurer sa contribution à l’économie nationale», précise l’accord de coalition.

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