Le gouvernement a fait preuve d’une grande responsabilité depuis le début de la crise de la pandémie, selon Xavier Bettel. L’opposition s’attend à plus de courage, surtout.
Beaucoup de choses, dans la politique que mène la coalition tricolore, sont jugées «inacceptables» par l’opposition. L’immobilisme l’est tout autant et, hier, au lendemain de la déclaration du Premier ministre sur l’état de la nation, aucun membre de l’opposition n’a été marqué par ses maigres annonces. Aucune ne répond aux véritables problèmes de la population et ce ne sont pas les décisions issues de l’accord tripartite qui vont sauver la situation.
Les chrétiens-sociaux, qui composent le premier parti de l’opposition, continuent d’accuser Xavier Bettel et sa majorité d’être «à côté de la plaque» et de faire plus de marketing que de politique. C’est vrai pour le logement, pour le climat, pour la mobilité ou encore pour l’éducation, mais la liste détaillée par Martine Hansen a fait le tour de tous les sujets qui sont d’ordinaire débattus à la Chambre depuis des lustres, et qui ne mettent pas tout le monde d’accord.
Les gens attendent de pouvoir se loger à un prix abordable, mais les prix continuent leur effrayante progression. Ils veulent un système de santé efficace, mais doivent attendre des mois avant d’être pris en charge par des spécialistes. Ils veulent profiter des transports gratuits, mais le réseau est déficient, donc ils paient leur essence très chère pour venir travailler.
Mentalité «Club Med»
Ils veulent que leurs enfants soient bien encadrés à la maison relais, mais l’aide aux devoirs promise par le gouvernement n’est que de la poudre aux yeux. Tout cela et bien plus encore sont les soucis des gens, tels que les perçoit la cheffe de file du CSV.
«La coalition a raté neuf années pour résoudre les problèmes très concrets des gens», estime Martine Hansen, qui a reformulé les propositions de son parti, parce qu’une occasion de dérouler le programme électoral, ça ne se manque pas.
Cela ne réjouit pas les orateurs qui lui succèdent et qui sont traditionnellement les partis de la majorité. Le président de la fraction DP, Gilles Baum, n’admet pas que l’on puisse qualifier de «bling-bling» la politique du gouvernement et encore moins lui reprocher une mentalité «Club Med». Surtout pas quand il distribue plus de 5 milliards d’euros d’aides aux particuliers et aux entreprises depuis le début de la pandémie, rappelle le député qui, lui, déroule le bilan du gouvernement, forcément bon.
Toujours les mêmes thèmes
Il n’y aura pas beaucoup d’originalité dans les débats, qui se répètent et qui tournent toujours autour des mêmes thèmes. La cheffe de file des verts, Josée Lorsché, est désespérée de voir les crises successives occulter le combat contre la crise climatique «qui ne fait pas toujours la une des médias» alors qu’il s’opère beaucoup de changements dans ce domaine. Les Verts ont défendu leur bilan, eux aussi, même en ce qui concerne le logement, car l’État n’a jamais autant construit, mais n’arrive pas à suivre la cadence.
Le socialiste Yves Cruchten, qui s’efforce de sauver le système de santé des griffes de l’opposition, promet aussi un débat sur la réduction du temps de travail et revient à la charge pour faire avancer le projet de loi sur le harcèlement moral. Des sujets qui touchent les gens également, mais où la politique traîne les pieds.
De nombreuses inégalités
Le vrai meeting électoral avant l’heure est venu de Fernand Kartheiser qui déroule la liste des valeurs que défend son parti, l’ADR. Le député de l’opposition commence par la sacro-sainte liberté d’expression qu’il dit être menacée par la «pensée unique».
Le discours de Xavier Bettel, la veille, qui prônait l’unité nationale, lui a déplu. Son parti se bat pour les traditions, pour le Luxembourg avant tout, et tant pis si ses idées sont aussitôt jugées «politiquement incorrectes».
Il s’en prend aux socialistes et leur «cancel culture», aux verts et leur «politique du genre» et aux libéraux en général. À la vitesse d’un TGV, le député de l’opposition ultraconservatrice donne lecture de son programme qui positionne son parti très à droite sur l’échiquier politique.
Le député Sven Clement se demande quand vont se réaliser les projets que le gouvernement promet vu le peu de temps qu’il reste. Il s’est attardé sur la précarité qui touche toujours plus de ménages et en particulier les familles monoparentales. Les allégements prévus par le gouvernement ne suffisent pas, d’autant que les crédits d’impôts ne sont pas toujours réclamés.
«Il faut l’inscrire sur la carte d’impôt», suggère-t-il. Il recense de nombreuses inégalités dans toutes les politiques menées par le gouvernement. Il voit aussi des choses compliquées, comme la réforme de l’impôt foncier, difficile à comprendre pour le commun des mortels.
26 fois «responsable»
Pour Déi Lénk, Myriam Cecchetti résume le problème ainsi : le gouvernement voit très bien les difficultés des gens, en discute beaucoup, mais fait le minimum. Ce qui n’est pas «surprenant avec trois partis qui cuisinent leur soupe chacun de son côté».
Se vanter de prendre ses responsabilités est une chose, mais c’est surtout d’avoir le courage d’agir qui importe pour la Gauche. Le capitalisme tue le climat et tue le travail, c’est ce que veut démontrer le parti qui qualifie la Chambre des députés de «machine à voter».
L’opposition attend de la créativité, du courage et des réponses, mais pas d’entendre 26 fois le mot «responsabilité» dans le discours d’un Premier ministre en campagne.
photo affreuse de Hansen, très agressive