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Plus de fumeurs quotidiens au Luxembourg


(De g. à d.) Pedro Marques, Jean-Claude Schmit, Paulette Lenert et Lucienne Thommes ont présenté l’étude annuelle sur le tabac et ses chiffres qui ne reculent pas. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le tableau reste noir à la suite de la présentation, ce mercredi 24 mai, de l’étude annuelle sur la prévalence tabagique au Luxembourg en 2022. Si le nombre de fumeurs stagne, certains usages ont dangereusement augmenté.

Il faut dénormaliser le fait de fumer». Tel est le souhait de Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer, au vu des résultats de l’étude annuelle sur la prévalence tabagique au Luxembourg pour 2022. Dévoilés hier en conférence de presse, en présence de Paulette Lenert, ministre de la Santé, les chiffres ne montrent pas d’améliorations. Au contraire. Comme en 2021, 28 % des Luxembourgeois sont des fumeurs. Une proportion qui stagne, certes, mais qui a augmenté de 7 points par rapport à 2018. Plus inquiétant, la fréquence a, elle, augmenté. Avec 20 % de fumeurs quotidiens, il s’agit de «la troisième hausse successive depuis 2020». Le Grand-Duché a largement «passé la barre des 100 000 fumeurs quotidiens».

Menée par le ministère de la Santé et la Fondation Cancer, en collaboration avec ILRES, l’étude basée sur des entretiens en ligne offre un large panorama sur ce problème de santé public. Pour 2022, plus d’un tiers des 25-34 ans (36 %) et des 16-24 ans (34 %) sondés déclarent fumer et, depuis trois ans, une augmentation a été observée sur les classes d’âges supérieures. «En 2022, au Luxembourg, il y a eu environ 700 décès liés au tabagisme, soit 2 à 3 personnes par jour»  estime Pedro Marques, coordinateur du Plan national de lutte contre le tabagisme. Un chiffre préoccupant, mais qui n’illustre pas complètement les dangers du tabac. «Il ne s’agit que de la mortalité, prévient le directeur de la Santé, le Dr Jean-Claude Schmit, il faut aussi prendre en compte la morbidité et toutes les complications que cela provoque, sans faire de décès direct.»

Alors, Paulette Lenert espère relancer une campagne afin de réduire ces chiffres. Une campagne dont le but serait aussi de promouvoir le programme d’aide au sevrage de la direction de la Santé. Alors que la moitié des fumeurs compte «certainement» ou «probablement» arrêter et que 44 % d’entre eux ont déjà essayé durant l’année, seuls 26 % des interrogés connaissent ce programme qui fournit de nombreuses informations. Un soutien primordial, car une faible majorité seulement commence un sevrage en étant accompagné et qu’il faut, en moyenne, «trois à quatre tentatives avant un sevrage durable».

«Très inquiets avec les puffs»

L’étude démontre aussi que 13 % des non-fumeurs sont exposés à un tabagisme passif au moins une fois par jour, en intérieur et extérieur. Parmi les produits fumés, la cigarette classique reste la plus courante (24 %). Majoritairement consommée par les jeunes, la chicha représente 11 % et a diminué de deux points depuis les derniers chiffres. En parallèle, les cigarettes électroniques ont considérablement augmenté : de 9 à 13 % en un an. Une hausse notamment provoquée par la popularité des e-cigarettes jetables, selon les organismes de santé. Aussi appelées puffs, ces dernières sont prisées par les jeunes, dont le nombre de vapoteurs a dangereusement doublé, de 11 % en 2021 à 21 % en 2022. «Nous sommes très inquiets avec les puffs, il faut que nous soyons plus agressifs dans nos informations parce qu’il y a de l’insouciance avec ce produit», n’a pas caché la ministre de la Santé.

Avec un prix abordable et des arômes attractifs, ces vapoteuses jetables répondent aux envies des 53 % de consommateurs qui disent vapoter pour le goût et des 36 % qui fument pour leur prix inférieur à celui des cigarettes classiques. Elles sont nouvelles sur le marché et donc pas encore réglementées : «le taux de nicotine marqué dessus peut ne pas être pareil que celui qu’il y a dedans», alerte Lucienne Thommes, inquiète pour «les répercussions sur le développement cérébral» des plus jeunes.

Si les différents acteurs de la santé espèrent qu’une meilleure communication puisse réduire la consommation de puff et de cigarette, l’impact financier reste le plus efficace. «Agir sur les prix, c’est le meilleur moyen», reconnaît la ministre qui admet que le prix au Grand-Duché reste faible par rapport à ses voisins. «On est pointés du doigt, et à raison, parce que l’on contrecarre les plans autour de nous.» L’augmentation du prix et les paquets neutres sont deux points d’attaque préconisés par la Fondation Cancer, dont la stratégie «Génération sans tabac» souhaite avoir une première génération à vivre dans un environnement sans fumée en 2040.

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