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Pesticides au Luxembourg : «Personne n’est protégé»


Blanche Weber a ouvert les portes de sa maison aux scientifiques qui y ont trouvé des traces de polluants chimiques. 

Après des analyses accablantes dans onze foyers luxembourgeois, le Mouvement écologique ne décolère pas et pointe «l’inaction du gouvernement» en matière de pollution aux pesticides.

Le Mouvement écologique tape, une nouvelle fois, du poing sur la table, alors que de nouvelles analyses menées au sein de onze foyers luxembourgeois volontaires révèlent la présence de pesticides dans la poussière de ces maisons, à la ville comme à la campagne.

Pour les représentants de l’association, engagée en faveur du développement durable et d’un environnement sain depuis de nombreuses années, «il est incompréhensible que rien ne se passe au niveau politique, alors que les données scientifiques sont là».

Et de rappeler les études successives réalisées par plusieurs acteurs, mettant en évidence la présence de pesticides dans l’air, l’eau, les sols, mais aussi dans l’alimentation et dans les cheveux des citoyens. «Les résultats sont effrayants», dénonce la présidente, Blanche Weber, ulcérée face à «l’inaction des responsables politiques, et en particulier des ministères de l’Agriculture et de la Santé».

Si ce test commandé par le Méco ne peut être considéré comme une véritable enquête scientifique, il livre néanmoins des enseignements intéressants, quelques mois à peine après la publication des travaux du Luxembourg Institute of Health (LIH) prouvant la contamination de 256 enfants résidents aux polluants chimiques.

Ainsi, les résultats montrent que toutes les maisons examinées abritent des résidus de pesticides – 6 substances différentes en moyenne – et que 17 fongicides et herbicides, tous utilisés dans l’agriculture, ont été relevés.

«Le polluant qui revient le plus fréquemment est un fongicide utilisé pour le traitement des vignes et des pommes de terre, deux cultures très présentes au Luxembourg», souligne Roger Dammé, membre du Méco, précisant que si les résidus en eux-mêmes ne sont pas forcément dangereux, le fait d’être exposé en permanence à ce cocktail de nombreux polluants, l’est.

Lui-même a participé à l’expérience, sans se faire trop d’illusion : «Je sais qu’il est impossible d’éviter ça. Je n’achète que des fruits et légumes bios, je n’utilise aucun produit chimique à la maison et j’habite loin des champs. Malgré tout, 6 ou 7 pesticides ont été détectés chez moi», déplore-t-il, loin d’être étonné.

La présidente, volontaire elle aussi, ne décolère pas : «Je me pensais plus protégée, parce que je prends des précautions, mais ces substances ont aussi été relevées dans ma maison», s’agace-t-elle, pointant la responsabilité directe de l’État et le silence assourdissant du ministère de la Santé dans ce dossier.

«Ils circulent sur des kilomètres»

«Cette analyse nous rappelle que chaque individu est exposé à la pollution par les pesticides via l’air, car ils circulent sur des kilomètres. Or c’est à la politique de protéger les citoyens. Zéro pesticide, voilà l’objectif», tranche Blanche Weber.

Pour le Mouvement écologique, il est urgent de développer l’agriculture bio «de manière conséquente» et de «poursuivre sérieusement» le plan d’action PAN-Bio 2025, dont l’objectif est d’atteindre les 20 % de surfaces cultivées en bio au Luxembourg d’ici 2025, alors que ce chiffre plafonne actuellement à 5 %.

Quant à la nouvelle loi agricole, qui sera votée au début de l’année prochaine, «elle doit davantage intégrer l’agriculture bio et durable, car cela fait cruellement défaut aujourd’hui», estime l’association. Et s’il existe bien un plan d’action sur les pesticides depuis 2017, la présidente regrette qu’il soit «impossible de savoir où en est sa mise en œuvre», tandis qu’aucune mesure de contrôle n’est prévue.

Le Méco revendique également l’interdiction d’utiliser des pesticides dans une zone de 100 mètres autour des habitations, en particulier les écoles, maisons relais et crèches, tout comme la publication des chiffres des ventes de pesticides dans le pays, le Luxembourg étant le seul État membre de l’UE à refuser la transparence sur ce terrain.

Contamination dans les ruches

Depuis 2011, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) analyse le pollen récolté par les abeilles au Luxembourg pour mesurer la présence de pesticides. Les données récoltées ces dernières années montrent une contamination constante et généralisée : plus de 75 % des échantillons contenaient des résidus d’une cinquantaine de substances toxiques provenant de pesticides et de biocides entre 2018 et 2021, dont plus d’un tiers de polluants interdits dans l’UE.

Et contrairement aux idées reçues, les colonies d’abeilles installées à Luxembourg sont plus souvent en contact avec des pesticides qu’à la campagne, et présentent un pourcentage de produits non autorisés plus élevé – environ 50 % en 2020 et 2021.

Un commentaire

  1. Je vis à quelques dizaines de mètres des cultures voisines et je suis préoccupé par la question des pesticides agricoles dans mon logement. Comment puis-je commander le test des pesticides de l’enquête du Mouvement Ecologique ?

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