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Pensions : vers une «stratégie de désinvestissement» du nucléaire


Les députés ont été accueillis par des militants de plusieurs ONG et du parti déi Lénk. La Chambre semble avoir entendu leurs revendications pour un FDC plus durable.

DP, LSAP, déi gréng, déi Lénk et le Parti pirate ont invité hier le Fonds de compensation à enfin mettre fin aux investissements dans l’énergie nucléaire. L’ADR y est opposé, le CSV tergiverse.

Les militants venus manifester hier devant la Chambre des députés pour réclamer que le Fonds de compensation (FDC), un fonds de pension souverain, adopte enfin une stratégie d’investissement plus durable ont-ils obtenu gain de cause ? La réponse à cette question n’est pas claire. Si une majorité d’élus a bien voté une motion allant dans ce sens, pas mal de doutes persistent encore sur les directives à adopter pour encadrer les investissements pour la période 2023-2027.

Le texte finalement adopté, soutenu par 35 députés (DP, LSAP, déi gréng, déi Lénk et Parti pirate), invite le gouvernement à «adopter une stratégie de désinvestissement dans des entreprises productrices d’énergie nucléaire et des entreprises ne pouvant pas se prévaloir d’une trajectoire de décarbonation en ligne avec les objectifs (climatiques) de I’Accord de Paris». La question posée par le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen, semble donc tranchée : «Veut-on accompagner les grandes entreprises dans leur transition écologique et énergétique ?»

Pour déi gréng, la réponse est clairement non. En dépit d’une «dynamique positive» engagée par le FDC pour devenir plus durable, «nous avons perdu assez de temps. Il nous faut enfin agir de manière conséquente dans l’intérêt des gens et du pays», clame Charles Margue. De la pure «idéologie verte», rétorque Jeff Engelen pour le compte de l’ADR : «On politise le fonds de pension au lieu de penser au bien des futurs retraités.»

Déi Gréng ont néanmoins trouvé dans l’opposition le soutien de déi Lénk et des pirates. «Il est illusoire de penser qu’en les soutenant financièrement, des géants comme Total ou Shell vont changer d’un iota leur politique», fustige Myriam Cecchetti pour les premiers. L’argument est semblable chez Sven Clement : «Il faut arrêter de croire que les géants du pétrole vont ainsi contribuer à la transition verte.»

Un appel à investir dans le logement

Dans la majorité, les positions sont un brin plus partagées, surtout dans le camp du DP. André Bauler met ainsi en garde contre tout «dogmatisme» pouvant mettre en danger la rentabilité du FDC et, par ricochet, la sécurité des pensions. «Il ne faut rien précipiter. Les investissements doivent rester pragmatiques et réfléchis.» Pour le LSAP, Dan Kersch évoque bien le «signal» envoyé, mais souligne aussi «l’importance de soutenir le processus» visant à sortir du nucléaire et des énergies fossiles.

Le CSV n’a pas voté la motion, renvoyant notamment vers la nécessité de continuer à miser sur le nucléaire comme énergie de transition en cette période de crise. «Je ne suis pas un grand ami du nucléaire, mais il est plus simple de prolonger l’activité des réacteurs au lieu de relancer le charbon. Même Greta Thunberg l’affirme», argumente Marc Spautz.

Le camp chrétien-social est aussi resté dubitatif quant à l’appel lancé au FDC à soutenir davantage la création de logements à coût modéré. Les cinq partis ayant voté la motion sont par contre d’avis que ces investissements répondent bien aux missions attribuées au fonds devant assurer la pérennité des pensions.

Les chiffres-clés du Fonds de compensation

RÉSERVES Selon les derniers chiffres disponibles, datant du 31 décembre 2021, les réserves du FDC se situent entre 26 et 27 milliards d’euros. Cette manne est suffisante pour verser pendant cinq ans l’ensemble des pensions du secteur privé, sans qu’un seul euro de cotisation supplémentaire ne soit généré.

DIVERSITÉ Le Fonds de compensation investit dans 6 000 sociétés différentes.

ÉCHÉANCIER Les dernières projections identifient deux dates critiques pour l’assurance pension au Luxembourg : un déséquilibre financier dès 2041 et l’épuisement des réserves en 2047. «Des défis se posent sur le long et surtout sur le très long terme. En fonction de l’évolution des réserves, il faudra trouver des solutions après 2032. En même temps, on veut disposer de projections à l’horizon de 2070», avait avancé en avril 2022 le ministre de la Sécurité sociale.

Un commentaire

  1. Deavant l’échec total de l’Energie Wende allemande qui a conduit ce pays a réouvrir des centrales à charbon, qui, elles, sont réellement polluantes, on se demande comment des gens ayant encore un ou deux neurones opérationnels peuvent-ils prôner de faire la même chose?
    Leur bostilité au nucléaire sidère également: c’est la meilleure façon de produire beaucoup d’électricité sans émettre les moindre gramme de CO2. Or ce CO2 est leur bête noire (à tort, mais là n’est pas la question).
    Sont-ils schyzophréniques?